Leclère, André
64 rue du Cherche-Midi
Lieu de naissance
44, rue de la Fuie-Prolongée
Domicile - Mentionné en 1887
1, rue des Fontaines
Domicile
Ingénieur en chef (1889)
Ministère des travaux publics
André Leclère naît le 21 janvier 1858 à Paris, au 64, rue du Cherche-Midi. Il est le fils d’un imprimeur-libraire, Henri Louis Emmanuel Leclère, et de Céline Marie Hélène Gerard, sans profession. Il suit une formation d’ingénieur et se spécialise dans la géologie. Pierre Termier (1859-1930), qui a étudié la tectonique des plaques dans le massif alpin, évoque le souvenir d’un homme « simple », modeste, aimable et droit, mais aussi « sage », intelligent, « travailleur acharné qui ne savait pas se reposer », « qui avait l’air de savoir tout », et dont la « grande qualité était de savoir à fond ce qu’il savait ». D’un naturel curieux, André Leclère était « tour à tour chimiste, agronome, géologue, pétrographe, micrographe, toujours fonctionnaire zélé, prêt à prodiguer son temps et ses conseils, avec un absolu désintéressement », toujours selon Pierre Termier (Dougados J. et Termier P., 1916, p. 33).
L’opportunité du rail
André Leclère reçoit le titre d’élève ingénieur des Mines après deux ans d’études à l’École polytechnique. Il continue sa formation à l’école supérieure des Mines, le 1er octobre 1880. D’ingénieur ordinaire des Mines de 3e classe, le 1er novembre 1883, il franchit les échelons, passant le 1er juillet 1886 à la 2e classe, et le 1er novembre 1894 à la 1re, pour être finalement promu le 16 septembre 1899 ingénieur en chef de 2e classe. Tout d’abord à Rennes, il prend du service au Mans.
Après son professorat à l’École des Mines de Saint-Étienne, où il prodigue la chimie et la métallurgie, André Leclère profite de sa prise de fonction à Chalon-sur-Saône pour « se familiariser avec la pratique des mines de houille » (Dougados J. et Termier P., 1916, p. 31). Après avoir été rattaché au service du contrôle du Chemin de fer de l’Ouest dans ses postes précédents, il exerce à Marseille, où le PLM entre dans ses attributions. Comme le souligne l’inspecteur général Jules Dougados (1855-?), dans le discours qu’il fit à ses funérailles, André Leclère comprend assez vite l’aubaine que représente pour sa carrière le développement des chemins de fer. Aussi, à sa demande, il est mis « au service de la Compagnie des chemins de fer économiques du Sud-Est comme ingénieur attaché à la construction et à l’exploitation » (Dougados J., 1916, p. 31). Pour autant, l’ingénieur délaisse vite le mercantilisme industriel, « pour revenir à la science, vers laquelle le portaient ses goûts », comme le souligne l’inspecteur (Dougados J. et Termier P., 1916, p. 31). Il retourne ainsi au Mans, où il œuvre au service de la Carte géologique de France.
La mission en Chine : études préparatoires pour la construction du chemin de fer du Yunnan (雲南)
En 1897, il est mis à disposition du ministère des Colonies, pressenti par le ministère des Affaires étrangères, Gabriel Hanotaux (1853-1944), pour une mission spéciale au Tonkin et en Chine. Chargé de mission, il rejoint sur le tard la mission technique Guillemoto pour la construction du chemin de fer du Yunnan, déjà sur place.
L’ingénieur des ponts et chaussées Charles Marie Guillemoto (1857-1907) est le chef d’une mission chargée de déterminer le tracé de la future voie de chemin de fer du Yunnan, qui doit relier le Tonkin à la Chine centrale. Une mission de prospection préalable, sur le terrain depuis février 1897, avait permis de déterminer les différentes routes à envisager ; ses résultats étaient condensés dans une « Note très succincte sur les lignes de pénétration dans la Chine méridionale » adressée au ministre des Colonies, André Lebon (1859-1938), le 1er juin 1897. À la suite, l’administration coloniale décrète le 27 septembre 1897 la création de la mission, comme relevant de l’intérêt général.
André Leclère représente la dimension scientifique de cette mission ; il est chargé plus spécifiquement de sonder le terrain et de dresser une carte géologique de la zone envisagée. Il s’agit d’étudier les ressources minérales de la Chine méridionale, en particulier du Yunnan et de ses régions frontalières, le Guangxi (廣西) et le Guangdong (廣東), mais aussi de déterminer les conditions d’exploitabilité des différents gisements. Une étude des populations de ce bassin minier, dont on suppose d’ores et déjà les nombreuses richesses, est également envisagée, avec une évaluation de la valeur travail des potentiels ouvriers de la région. Leclère a l’ordre de rester discret dans ses enquêtes de terrain. Sa mission est confidentielle, que ce soit vis-à-vis du gouvernement chinois, ou auprès de ses compatriotes. Leclère évoque ainsi dans ses écrits une marche lente et sans escorte, pour éviter d’éveiller les soupçons des mandarins.
L’ingénieur embarque le 5 décembre 1897, à bord du paquebot Armand Béhic, du nom d’un des fondateurs de la Compagnie des messageries maritimes. Il arrive à Hanoï le 6 janvier 1898, fiévreux, et rejoint Guillemoto. Ils embarquent tous deux sur le fleuve Rouge à bord d’un petit bateau de la Compagnie des correspondances fluviales, qui les conduit jusqu’à Lào Cai, où ils arrivent le 20 janvier. Leclère commence ses prospections par une exploration dans la région du Tonkin, dans les environs de Lào Cai, avec Théophile Pennequin (1849-1916), commandant du territoire militaire concerné. Une deuxième étape, menée avec le concours du lieutenant-colonel d’artillerie de la Marine Charles Gosselin (1852-1929), l’amène à franchir la frontière sino-annamite, au niveau de Wenlan (文瀾). Ils ont à subir une attaque de mineurs de Tse-men-tong [lieu non identifié], qui ne cause pas de dommages sérieux. Le 1er février, pour visiter Wenlan, André Leclère, s’associe avec les membres de la mission – Kerler, conducteur des ponts et chaussées, Surcouf, sous-lieutenant de cavalerie, et le capitaine d’artillerie Bourguignon, qui s’occupe de prendre des vues photographiques, en plus des observations astronomiques et météorologiques. À la fin du mois, l’ingénieur rejoint Guillemoto. Le mois suivant, la mission travaille à l’élaboration du tronçon Wenlan-Lào Cai. Le 11 mars 1898, un premier rapport fait état du degré d’avancement de la mission technique en Chine. Le 12 mars, Guillemoto informe d’incidents engendrés par des rébellions locales, excitées par les autorités chinoises du Yunnan, dont le but est d’arrêter les travaux de la mission. Le 13, Leclère se prononce sur la situation géologique de la zone traversée jusque-là. Finalement, le traité franco-chinois du 10 avril octroie à la France les terrains du chemin de fer entre le Tonkin et Kunming (昆明). Le mois suivant, la mission pousse ainsi jusqu’à la capitale du Yunnan, atteinte le 6 juin.
André Leclère entreprend de sonder la région environnante et prend congé de Guillemoto le 10 août 1898. Le 24, il adresse un nouveau rapport au ministère. La mission part de Dongchuan (東川), après une visite des mines de cuivre, et atteint l’embouchure du Yalong (雅礱), par Huili (會理), dans le district des Liang shan (凉山), au sud du Sichuan (四川). Le 12 octobre, la traversée du fleuve Bleu s’effectue à Mongkou [ville non identifiée]. La mission suit la route mandarine, qui passe à l’extrémité sud des Liang shan. Elle atteint le 10 novembre la ville de Dali (大理), où Leclère fait la rencontre fortuite du capitaine de cavalerie de réserve Bruno de Corbel Corbeau de Vaulserre (1853-19 ?), cousin et beau-frère d’un de Wendel, industriel de la métallurgie de l’est de la France, associé avec la Compagnie du Creusot. Bruno de Vaulserre a quitté la mission Bonin dans des circonstances obscures. L’explorateur et diplomate Charles-Eudes Bonin (1865-1929) est en effet suspecté de profiter de sa position et de maltraiter les indigènes. Leclère défend de Vaulserre de toute implication et constate avec lui que la région est en proie à la révolte, des suites du passage du fonctionnaire. La mission continue ainsi en sa compagnie. L’officier s’occupera des questions de diffusion des connaissances acquises auprès du grand public. La mission entreprend l’étude du bassin du fleuve Bleu, dont De Vaulserre fait le relevé topographique. Elle rejoint Kunming le 29 novembre, rectifiant au passage la position de la saline de Heijing (黑井). Le 19 janvier 1899, l’ingénieur et son compagnon arrivent à Xingyi (興義) et poursuivent leur route en passant par Guiyang (貴陽), Guilin (桂林) et Nanning (南寧). De là, ils rentrent à Hanoï, où s’achève leur mission.
Cette dernière étape est l’occasion pour André Leclère d’explorer les régions visées par les Anglais dans leur projet de pénétration en Chine depuis la Birmanie. Il faut noter en effet le climat de tension dans lequel évolue la mission. La course aux concessions est rude entre l’Angleterre et la France, qui voit la mission Davis parcourir le territoire frontalier en novembre 1898.
Soulignant la valeur des provinces de la Chine méridionale, les observations de l’ingénieur suscitent, avant même leur publication, la controverse. Leclère étant tenu au secret, il s’agit certainement de positions empiriques énoncées avant le départ, qu’il confirmera plus avant sur le terrain. Il subit les attaques acerbes de ses collègues. Il se voit déclassé dans le tableau d’avancement, recalé dans le Corps des Mines. Découragé, attendant de reprendre du service en tant qu’ingénieur ordinaire, il s’en ouvre à Guillemoto, dont nous n’avons pas trace de la réponse dans les archives (ANOM, GGI 6632).
Résultats scientifiques de la mission et sollicitation pour expertises commerciales
André Leclère débarque à Marseille à bord du paquebot Ville de la Ciotat, le 16 juillet 1899. Ayant dépassé les termes de son contrat, il obtient du ministère des Colonies une prorogation pour l’examen des échantillons (ANOM, INDO AF 42). Le 10 décembre 1899, il termine un nouveau rapport, portant sur la « Législation des Mines en Chine au point de vue de la pénétration industrielle ». Il est également chargé de plusieurs négociations auprès d’organismes miniers. Paul Doumer (1857-1932), gouverneur général de l’Indochine de 1897 à 1902, lui demande d’aider le Syndicat minier du Yunnan, alors sous la présidence du comte de Bondy, en vue de l’exploitation des gisements de la province. Le 15 mars 1899, le Syndicat adresse au Zongli yamen (總理衙) [organisme gouvernemental alors chargé de la politique étrangère de la Chine] une demande de concession de « tous les gisements d’étain et de charbon actuellement inexploités de la région de Ko-tiou [Gejiu (個舊)] », contre l’avis d’André Leclère. Les négociations échouent, ce qui aboutit à la dissolution du Syndicat, le 9 novembre. À la suite, demande est faite à Leclère d’entrer en contact avec la Compagnie générale des tractions, dirigée par l’ingénieur en chef des Mines Albert Olry (1847-1913), qui bénéficie du soutien des ministères des Affaires étrangères et des Colonies. Leclère attire son attention sur des gisements de valeur différente.
Une fin de carrière au Mans
Sa mission achevée, un congé de convalescence de trois mois lui est accordé. Le 3 mai 1900, il retrouve ses fonctions au sein du ministère des Travaux publics, et le 1er juin, il est affecté au Service de l’arrondissement minéralogique du Mans, où il termine sa carrière. Il s’intègre dans la société de cette ville. Ainsi, le 3 mars 1886, il est reçu à la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe comme membre titulaire ; il en devient le vice-président en 1903.
Pendant les premiers mois qui suivent sa prise de fonction, il persévère dans le travail de vulgarisation des données scientifiques recueillies au cours de sa mission en Chine. Il intervient dans le cadre du 2e Congrès des Sociétés françaises de géographie, à la séance du 22 août 1900. Il gagne ainsi l’estime de son ministre de tutelle, qui appuie ses observations. S’il a droit à sa solde, prélevée sur le budget du ministère des Travaux publics, auquel il est rattaché en tant qu’ingénieur, André Leclère avait dû financer lui-même une partie de sa mission. En reconnaissance de ses travaux, il est fait chevalier de la Légion d’honneur, par décret du 23 janvier 1901, sur proposition du ministre des Colonies Albert Decrais (1838-1915). Leclère présente ses résultats devant l’Académie des sciences et d’autres sociétés savantes, comme la Société de géographie de Paris. Bruno de Vaulserre, lui, communique auprès des lecteurs du Tour du Monde. Des conférences avec projections d’images présentent de façon vivante ses observations, qu’il est désormais autorisé à divulguer. Il avait ainsi pris soin de demander cette autorisation aux autorités en recevant l’invitation du prince Roland Bonaparte (1858-1924), président de la Société de géographie de Paris, à donner une conférence sur la géographie hydrique du Haut Tonkin et de la Chine au Congrès pour l’avancement des sciences (ANOM, INDO AF 42). Le sujet évolue entre-temps. Ainsi, lors de la 26e session du Congrès organisée en 1900, André Leclère évoque son exploration dans la Chine méridionale et présente ses constats sur la constitution géologique et géographique de la région (1900b et 1900c).
Notons que l’Imprimerie nationale avait été réquisitionnée le 26 juin 1901 pour travail de nuit par Paul Doumer, pour l’impression du « Rapport sur les ressources minières du Yunnan », contrevenant de fait à la loi de réglementation du travail. Au directeur de l’Imprimerie, interloqué, le ministre de la Justice, Ernest Monis (1846-1929), représentait l’urgence de la situation, s’agissant d’une « impression intéressant la sécurité de l’État ». C’est dire la sensibilité des données exposées dans cet ouvrage. Le 4 juillet 1901, le directeur déclarait être toujours en attente d’une justification formelle lui permettant de « [mettre] à couvert la responsabilité de l’Imprimerie nationale » (ANOM, INDO AF 42).
André Leclère publie enfin son « Étude géologique et minière des provinces chinoises voisines du Tonkin » dans les Annales des Mines en deux livraisons, en octobre et novembre 1901, rééditées l’année suivante chez Dunod.
Au Mans, il se livre à un travail plus tranquille, consistant en l’analyse d’échantillons dans le laboratoire de la ville. Il s’intéresse à de nouveaux terrains. La découverte d’algues fossiles dans de nombreux sédiments modifie « un grand nombre de déterminations géologiques » (Leclère A., août 1913). Selon ses pairs, ces dernières recherches ont un grand retentissement auprès de l’Académie des sciences et relèvent de plus d’une « interprétation nouvelle, qui lui est propre » (Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 1915, p. 231). Il s’intéresse aussi à la genèse du granite. On le dit auteur de « savantes communications », la « grande autorité » leur attribuant « une valeur appréciable » (Bulletin de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 1915, p. 231). La mission géologique effectuée en Chine a certainement contribué à faire accroître cette aura scientifique. Il s’exprime aussi sur d’autres sujets, délivrant « un aperçu des transformations économiques qui peuvent résulter des événements actuels à l’est de la Méditerranée » (Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 1915, p. 229).
En 1913, avec l’appui de Pierre Termier, André Leclère rejoint l’Association amicale des élèves de l’école des Mines. La guerre suspend ses études en cours. Si son âge l’empêche de combattre sur le front, il est mobilisé à l’arrière, chargé par le ministère de la Guerre de préparer « les travaux d’adduction d’eau potable et d’évacuation des eaux usées pour l’aménagement du camp d’Auveurs » (Dougados J., 1916, p. 32). Le l5 octobre 1915, il meurt subitement à l’âge de cinquante-huit ans, « victime indirecte de la guerre », selon l’inspecteur général (Dougados J., 1916, p. 33).
Article rédigé par Florence Adrover
André Leclère was born on January 21, 1858 in Paris, at 64, rue du Cherche-Midi. He was the son of a printer-bookseller, Henri Louis Emmanuel Leclère, and Céline Marie Hélène Gerard, without profession. He trained as an engineer and specialised in geology. Pierre Termier (1859-1930), who studied plate tectonics in the Alps, evokes the memory of a "simple", modest, kind and upright man, but also "wise", intelligent, "a hard worker who never knew how to rest", "who seemed to know everything", and whose "great quality was to know thoroughly what he knew". Of a curious nature, André Leclère was "in turn a chemist, agronomist, geologist, petrographer, micrographer, always a zealous civil servant, ready to lavish his time and his advice, with absolute disinterestedness", again according to Pierre Termier (Dougados J. and Termier P., 1916, p. 33).
Railway Opportunities
André Leclère received the title of Student Engineer of Mines after two years of studies at the École polytechnique. He continued his training at the École Supérieure des Mines starting October 1, 1880. From Ordinary Engineer of Mines 3rd class, on November 1, 1883, he rose through the ranks, moving on July 1, 1886 to 2nd class, and 1st November 1894 to the 1st, to be finally promoted on September 16, 1899 chief engineer 2nd class. First in Rennes, he entered service in Le Mans.
After his professorship at the École des Mines de Saint-Étienne, where he taught chemistry and metallurgy, André Leclère took advantage of his post in Chalon-sur-Saône to "become familiar with the practice of coal mining" (Dougados J. and Termier P., 1916, p. 31). Having becoming affiliated with the service du contrôle du Chemin de fer de l’Ouest in previous positions, he began working in Marseilles, where the PLM was within his remit. As Inspector General Jules Dougados (1855-?) points out in his speech at his funeral, André Leclère quickly understood the boon to his career represented by the development of the railways. Also, at his request, he was put "in the service of the Compagnie des chemins de fer économiques du Sud-Est as an engineer responsible for construction and operation" (Dougados J., 1916, p. 31). However, the engineer quickly abandoned industrial mercantilism "to return to science, towards which his tastes led him", as pointed out by the inspector (Dougados J. and Termier P., 1916, p. 31). He thus returned to Le Mans, where he worked in the service of the geological map of France.
The Mission to China: Preparatory Studies for the Construction of the Yunnan Railway (雲南)
In 1897, he became involved with the Ministry of the Colonies, having been approached by the Ministry of Foreign Affairs, Gabriel Hanotaux (1853-1944), for a special mission in Tonkin and China. In charge of the mission, he joined the Guillemoto technical mission for the construction of the Yunnan railway, already established.
The bridge and road engineer Charles Marie Guillemoto (1857-1907) was the leader of a mission responsible for determining the route of the future Yunnan railway line, which was to link Tonkin to central China. A preliminary prospecting mission, on the ground since February 1897, had made it possible to determine the various routes to be considered; its results were condensed in a "Very Succinct Note on the Lines of Penetration into southern China" addressed to the Minister of the Colonies, André Lebon (1859-1938), on June 1, 1897. Subsequently, the colonial administration decreed the 27 September 1897 the creation of the mission, as being of general interest.
André Leclère represented the scientific dimension of this mission; he was more specifically responsible for sounding the ground and drawing up a geological map of the area under consideration. The aim was to study the mineral resources of southern China, in particular Yunnan and its border regions, Guangxi (廣西) and Guangdong (廣東), but also to determine the exploitability conditions of the various deposits. A study of the populations of this mining basin, whose many riches were already assumed, was also planned, with an evaluation of the work value of potential workers in the region. Leclère was ordered to remain discreet in his field investigations. His mission was confidential, to the Chinese government as well as his compatriots. Leclère’s writings thus evoke a slow and unescorted march, to avoid arousing the suspicions of the mandarins.
The engineer embarked on December 5, 1897, aboard the liner Armand Béhic, named after one of the founders of the Compagnie des Couriers Maritimes. Feverish, he arrived in Hanoi on January 6, 1898, and joined Guillemoto. They both embarked on the Red River aboard a small boat belonging to the Compagnie des Correspondences Fluviales, which took them to Lao Cai, where they arrived on January 20. Leclère began his prospecting with an exploration in the Tonkin region, around Lào Cai, with Théophile Pennequin (1849-1916), commander of the military territory concerned. A second stage, carried out with the help of Lieutenant-Colonel of Marine Artillery Charles Gosselin (1852-1929), led him to cross the Sino-Annamite border at Wenlan (文瀾). They had to undergo an attack of miners of Tse-men-tong [unidentified place], which does not cause serious damage. On February 1, to visit Wenlan, André Leclère joined forces with the members of the mission - Kerler, conductor of the bridges and roads, Surcouf, second lieutenant of cavalry, and artillery captain Bourguignon, who took care of photographic views, in addition to astronomical and meteorological observations. At the end of the month, they were joined by the engineer Guillemoto. The following month, the mission worked on the development of the Wenlan-Lào Cai section. On March 11, 1898, a first report reported on the progress of the technical mission to China. On March 12, Guillemoto reported incidents caused by local rebellions, stirred up by the Chinese authorities in Yunnan, whose aim was to stop the work of the mission. On the 13th, Leclère gave his opinion on the geological situation of the area crossed so far. Finally, the Franco-Chinese treaty of April 10 granted France the land for the railway between Tonkin and Kunming (昆明). The following month, the mission thus pushed on to the capital of Yunnan, reached on June 6.
André Leclère undertook to survey the surrounding region and took leave of Guillemoto on August 10, 1898. On the 24th, he sent a new report to the ministry. The mission left Dongchuan (東川), after a visit to the copper mines, and reached the mouth of the Yalong (雅礱), via Huili (會理), in the Liang shan district (凉山), in southern Sichuan. (四川). On October 12, the mission crossed the Blue River at Mongkou [unidentified town]. It then followed the Mandarin Road, passing the southern end of the Liang Shan and reaching the town of Dali (大理) on November 10, where Leclère had a chance encounter with reserve cavalry captain Bruno de Vaulserre (18?-19?), cousin and brother-in-law of one de Wendel, industrialist of the metallurgy in eastern France, associated with the Compagnie du Creusot. Bruno de Vaulserre left the Bonin mission under obscure circumstances. The explorer and diplomat Charles-Eudes Bonin (1865-1929) had been suspected of taking advantage of his position and mistreating the natives. Leclère defended de Vaulserre from any involvement and seconded his insistence that the region was in the grip of revolt. The mission thus continued in his company. The officer would deal with issues of dissemination of the knowledge acquired to the general public. The mission undertook the study of the Blue River basin, of which de Vaulserre made the topographical survey. It reached Kunming on November 29, rectifying the position of the Heijing Saltworks (黑井) along the way. On January 19, 1899, the engineer and his companion arrived in Xingyi (興義) and continued their journey through Guiyang (貴陽), Guilin (桂林), and Nanning (南寧). From there, they returned to Hanoi, where their mission ended.
This last step was an opportunity for André Leclère to explore the regions targeted by the English in their plan to penetrate China from Burma. It is important to note the climate of tension in which the mission evolved. The race for concessions between England and France, which saw the Davis mission travel through the border territory in November 1898, was tough.
Highlighting the value of the provinces of southern China, the engineer's observations aroused controversy even before their publication. Leclère being bound to secrecy, these were certainly empirical positions stated before the start, which he would confirm further on the ground. He suffered harsh attacks from his colleagues, since he was downgraded on the promotions list. Discouraged, contemplating resignation, he opened up to Guillemoto, of whose response the archives contain no trace (ANOM, GGI 6632).
Scientific Results of the Mission and Solicitation for Commercial Expertise
André Leclère disembarked in Marseille aboard the liner Ville de la Ciotat on July 16, 1899. Having exceeded the terms of his contract, he obtained from the Ministry of the Colonies an extension for the examination of the samples (ANOM, INDO AF 42). On December 10, 1899, he completed a new report entitled "Législation des Mines en Chine au point de vue de la pénétration industrielle". He was also put in charge of several negotiations with mining organisations. Paul Doumer (1857-1932), Governor General of Indochina from 1897 to 1902, asked him to help the Yunnan Mining Syndicate, then under the chairmanship of the Count of Bondy, with a view to exploiting the deposits of the province. On March 15, 1899, the Syndicate applied to the Zongli yamen (總理衙) [a government agency then responsible for China's foreign policy] for the concession of "all the deposits of tin and coal now unexploited in the region of Ko -tiou [Gejiu (個舊)]", against the advice of André Leclère. Negotiations failed, leading to the dissolution of the syndicate on November 9. Subsequently, a request was made to Leclère to get in touch with the General Traction Company, directed by the chief engineer of the Mines Albert Olry (1847-1913), which benefited from the support of the Ministries of Foreign Affairs and Colonies. Leclère drew his attention to deposits of varying values.
End of Career at Le Mans
His mission completed, he was granted three months' convalescent leave. On May 3, 1900, he returned to his duties within the Ministry of Public Works, and on June 1, he was assigned to the Mineralogical District Service of Le Mans, where he ended his career. He became integrated into the society of this city. On March 3, 1886, he was received into the Society of Agriculture, Sciences and Arts of Sarthe as a full member, and became its vice-president in 1903.
During the first months after taking office, he persevered in the work of popularising the scientific data collected during his mission in China. He intervened within the framework of the 2nd Congress of French Geographical Societies, at the session of August 22, 1900. He thus won the esteem of his supervising minister, who supported his observations. While he had drawn a salary from the budget of the Ministry of Public Works, with which he was affiliated as an engineer, André Leclère had had to finance part of his mission himself. In recognition of his work, he was made a chevalier de la Légion d’honneur, by decree of January 23, 1901, on the proposal of the Minister of the Colonies Albert Decrais (1838-1915). Leclère presented his results to the Académie des Sciences and other learned societies, such as the Société de géographie de Paris. Bruno de Vaulserre communicated with readers of Le Tour du Monde. Conferences with image projections vividly presented his observations, which he was now authorised to disclose. He had taken care to request this authorisation from the authorities when he received an invitation from Prince Roland Bonaparte (1858-1924), president of the Paris Geographical Society, to give a lecture on the water geography of Upper Tonkin and China at the Congress for the Advancement of Science (ANOM, INDO AF 42). The subject had evolved in the meantime. Thus, during the 26th session of the Congress organized in 1900, André Leclère evoked his exploration in southern China and presented his observations on the region’s geological and geographical constitution (1900b and 1900c).
It should be noted that the national printing office had been requisitioned on June 26, 1901 for night work by Paul Doumer, for the printing of the "Rapport sur les ressources minières du Yunnan", in fact contravening the labor regulation law. To the Director of the Printing Office, taken aback, the Minister of Justice, Ernest Monis (1846-1929), represented the urgency of the situation, being a "printing of interest to the security of the State". This shows the sensitivity of the data presented in this book. On July 4, 1901, the director declared that he was still awaiting a formal justification allowing him to "cover the responsibility of the national printing office" (ANOM, INDO AF 42).
André Leclère finally published his "Étude géologique et minière des provinces chinoises voisines du Tonkin" in the Annales des Mines in two installments, in October and November 1901, republished the following year by Dunod.
In Le Mans, he devoted himself to a quieter job, consisting of the analysis of samples in the city laboratory. He became interested in new areas. The discovery of fossil algae in many sediments modified "a large number of geological determinations" (Leclère A., August 1913). According to his peers, this latest research had a great impact on the Académie des sciences and was moreover a "new interpretation, unique to him" (Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 1915, p. 231). He also became interested in the genesis of granite. He is said to be the author of "scholarly communications", the "great authority" attributing to them "appreciable value" (Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 1915, p. 231). The geological mission carried out in China certainly contributed to increasing this scientific aura. He also spoke on other subjects, delivering "an overview of the economic transformations that may result from current events east of the Mediterranean" (Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 1915, p.229).
In 1913, with the support of Pierre Termier, André Leclère joined the Association Amicale des élèves de l’école des Mines. The war suspended his ongoing studies. Although his age prevented him from fighting on the front, he was mobilised to the rear, charged by the Ministry of War with preparing "the works for the supply of drinking water and the evacuation of waste water for the development of the Auveurs camp” (Dougados J., 1916, p. 32). On October 15, 1915, he died suddenly at the age of fifty-eight, an "indirect victim of the war", according to the Inspector General (Dougados J., 1916, p. 33).
Article by Florence Adrover (translated by Jennifer Donnelly)
André Leclère est rattaché à la mission Guillemoto, pour la construction du chemin de fer au Yunnan 雲南(Chine).
[Objets collectionnés]
L’explorateur aura parcouru plus de 6 000 km, du Tonkin jusqu’en Chine. Son enquête de terrain repose ainsi sur plusieurs matériaux de travail, qui seront analysés par la suite, à son retour en métropole.
La collecte des matériaux bruts de la recherche
Le prélèvement d’échantillons minéralogiques représente une part importante des sources considérées par le géologue, qui s’appuie également sur les témoignages oraux, recueillis auprès des mandarins locaux, et aussi sur la photographie. Cette dernière s’inscrit dans le processus de recherche et de collecte de l’information. Si l’on connaît la chaîne de traitement des spécimens de terres et de roches, il est difficile de retracer la genèse de la pratique photographique.
Le processus de traitement des matériaux bruts
Ainsi, au cours de la mission, les échantillons sont envoyés régulièrement à Guillemoto, qui les conserve dans sa résidence à Hanoï. Les caisses sont ensuite remises au ministère des Colonies, par l’intermédiaire du gouverneur général d’Indochine. Six caisses sont ouvertes le 23 août 1899, sous la supervision des membres de la mission – André Leclère, Bruno de Vaulserre et Guillaume-Henri Monod (1875-1946), chef adjoint du Service géologique de l’Indochine, qui participe un temps à l’expédition (fin 1898 – début 1899) – accompagnés d’une délégation scientifique, constituée de Tannière, délégué du Magasin central et d’Antony, délégué du Service géographique des missions. Dix-sept autres caisses sont mises à part et transportées au pavillon de Flore, au Louvre, pour examen et catalogage, en vue d’une exposition à la Société de géographie de Paris (ANOM, INDO AF 42).
Les correspondances demeurent elliptiques sur les modalités de conservation et de conditionnement des photographies. Pour autant, à la lecture des articles publiés, et notamment du rapport publié dans les Annales des Mines, la photographie tient une grande place dans l’argumentation, considérée comme démonstrative des faits énoncés. Une centaine d’images vient ainsi illustrer les articles.
La pratique photographique au sein de la mission Guillemoto
La fonction de photographe fait certes partie intégrante de la mission technique Guillemoto, avec le rôle tenu par Bourguignon et Roques, nommé soldat-photographe (ANOM, GGI 24722). En revanche, la pratique s’avère éludée dans les archives. Nous ignorons le nombre d’appareils photographiques emporté par la mission. Sans doute plusieurs, ne serait-ce que pour en équiper les deux branches constitutives de celle-ci.
L’appareil appartient au Service géographique du ministère des Colonies, tandis que les plaques sont fournies par la mission (ANOM, GGI 6632). La prise de vue est collective, Bruno de Vaulserre y contribuant, surtout dans son expédition solitaire sur les bords du fleuve Bleu. André Leclère s’occupe de développer les clichés, mais ne peut supporter seul le coût du tirage des épreuves positives sur papier. Pour toutes ces manipulations, il demande un crédit de 250 francs au chef du Service géographique du ministère ; ce qui lui est accordé le 7 octobre 1899 (ANOM, INDO AF 42).
Une analyse différentielle des matériaux
Il s’agit de fixer l’âge des dépôts observés et de dresser une nouvelle carte géologique de la région du Yunnan et de ses régions limitrophes. Or, André Leclère revendique une expertise indépendante, souhaitant « fournir à l’Administration française des bases d’appréciation indépendante des compétitions industrielles » (ANOM, INDO AF 43 / 116). Aussi, pour garantir l’authenticité et la viabilité de ses résultats, et pour parer à toutes critiques, dont il a eu à subir les conséquences malgré tout, il confie l’expertise des échantillons à deux laboratoires distincts : le Bureau d’essais de l’école supérieure des Mines, le laboratoire de la Compagnie des Mines de Nœux, agissant à l’aveugle, sans connaissance des provenances. Les résultats sont ensuite discutés par un groupe de scientifiques, et présentés sous forme de quatre notes à l’Académie des sciences par le premier.
Les photographies sont étrangères à ce processus. Si elles respectent une logique de prélèvement, elles ne se conforment pas à cette éthique de travail. Celles-ci sont prises en charge par le géologue lui-même.
Les apports de la photographie pour la géologie
Dans les sciences naturelles, la photographie a une utilité. Le botaniste et photographe Eugène Trutat (1840-1910), auteur d’un manuel sur La Photographie appliquée à l’histoire naturelle, en est convaincu. La photographie y est jugée comme une « autorité indiscutable », dotée d’une « précision mathématique » (Trutat E., 1884, p. VI). La géologie est une science de terrain. Elle vise à reconstituer, par l’étude des roches, la formation du paysage. En cela, la stratigraphie en constitue une composante majeure. La photographie répond logiquement à cet intérêt accordé au visible. La photographie constitue ainsi un outil d’analyse supplémentaire, s’ajoutant aux cartes, plans et profils paysagers.
Une systématisation du regard
André Leclère décortique le paysage qui se déploie sous ses yeux et met en place différentes approches : paysages, gros plans, vues frontales, vues plongeantes. Les photographies se présentent comme des relevés géologiques, proches des coupes géologiques schématiques. De même, le regard semble se conformer à un certain nombre de codes. Il est possible ainsi de relever une systématisation de l’observation, mettant en valeur l’horizontalité du paysage, composé de ses différentes strates, le photographe cherchant à prendre de la distance, et donc de la hauteur, tout en s’évertuant à varier les points de vue. La construction demeure rigoureuse et répond aux besoins de la géologie.
Un paysage déshumanisé
André Leclère observe minutieusement l’érection de ces pitons rencontrés sur la route de Xinyi (信宜), dans le Guangdong, et traverse la région du karst, dont il retient l’image de ces roches brutes, sculptées naturellement, dans les environs de Lufu (鹿阜), dans la province du Yunnan, district de Kunming, phénomène géologique remarquable aussi dans le Guizhou (貴州), le Guangxi, et la région de Chongqing (重慶). Il relève la topographie de la saline de Heijing, dans le Yunnan, située sur les bords de la Longchuan jiang (龍川江). Il s’intéresse également aux gisements de houille et à ses dépôts, marquant le paysage, aux lieux de production – les forges, les hauts-fourneaux et les fours. Les photographies de ces bassins miniers s’avèrent étrangement vides, en l’absence des ouvriers qui les font vivre. Le caractère confidentiel de la mission et les précautions qui doivent en résulter expliquent certainement cet aspect désertique. Si bien que l’accent est mis sur le paysage, sa configuration et son modelé. Les photographies nous en donnent un aperçu, par fragments. L’étude de cet ensemble iconographique doit prendre en compte le cadrage donné dans les publications, cautionné par un éditeur, qui diffère sans doute du cadrage originel, choisi par le photographe.
La question des photographies originales
Si les documents rapportés de la mission sont la propriété du ministère qui en a fait la commande, les photographies devraient en principe être versées aux archives. Or, c’est rarement le cas. Elles demeurent en possession de leur auteur. Après les avoir montrées au pavillon de l’Indochine, lors de l’Exposition universelle de 1900, à Paris, avec les levés topographiques et les échantillons minéralogiques, classés par erreur dans la catégorie « Échantillons du bois du Tonkin », André Leclère s’interroge. « Que faire des photographies ? Il n’est sans doute plus question d’aucune exposition publique. À qui devrais-je les remettre ? » (ANOM, INDO AF 42).
Article rédigé par Florence Adrover
The explorer traveled more than 6,000 km from Tonkin to China. His field investigation was thus based on several working materials, to be analysed later, upon his return to mainland France.
Collecting Raw Research Materials
The collection of mineralogical samples represents an important part of the sources considered by the geologist, who also relied on oral testimonies, collected from local mandarins, as well as on photography. The latter was part of the process of research and information gathering. While we understand the method of processing soil and rock specimens, it is more difficult to trace the genesis of the photographic practice.
Processing Raw Materials
During the mission, samples were regularly sent to Guillemoto, who kept them in his residence in Hanoi. The boxes were then handed over to the Ministry of the Colonies, through the Governor General of Indochina. Six boxes were opened on August 23, 1899, under supervision of members of the mission - André Leclère, Bruno de Vaulserre, and Guillaume-Henri Monod (1875-1946), deputy head of the Geological Service of Indochina, who for a time participated in the expedition (late 1898 – early 1899) – accompanied by a scientific delegation, made up of Tannière, delegate of the Magasin central and Antony, delegate of the Service géographique des missions. Seventeen other crates were set aside and transported to the Pavillon de Flore, at the Louvre, for examination and cataloguing, with a view to an exhibition at the Société de géographie de Paris y (ANOM, INDO AF 42).
The correspondence remains elusive on the methods of conservation and packaging of the photographs. However, on reading the published articles, and in particular the report published in the Annales des Mines, photography played an important role in the argument, considered as demonstrative of the facts stated. A hundred images illustrate the articles.
Photographic Practice within the Guillemoto Mission
The function of photographer was certainly an integral part of Guillemoto's technical mission, with the role played by Bourguignon and Roques, named soldier-photographer (ANOM, GGI 24722). On the other hand, the practice is avoided in the archives. We do not know the number of cameras carried by the mission. No doubt there were several, if only to equip the two constituent branches.
The device belongs to the Service géographique of the ministère des Colonies, while the plates were provided by the mission (ANOM, GGI 6632). The shooting was a collective process, Bruno de Vaulserre contributing, especially in his solitary expedition on the banks of the Blue River. André Leclère took care of developing the negatives, but could not shoulder the cost of printing the positive prints on paper alone. For these manipulations, he asked for a credit of 250 francs from the head of the geographical service of the ministry, which was granted on October 7, 1899 (ANOM, INDO AF 42).
Differential Analysis of Materials
The aim was to fix the age of the deposits observed and to draw up a new geological map of the Yunnan region and its bordering regions. However, André Leclère claimed independent expertise, wishing to "provide the French Administration with bases for independent assessment of industrial competitions" (ANOM, INDO AF 43 / 116). Also, to guarantee the authenticity and viability of the results, and to ward off any criticism, the consequences of which it had to suffer in spite of everything, he entrusted the samples to two separate laboratories: the testing office of the Ecole Supérieure des Mines and the laboratory of the Compagnie des Mines de Nœux, acting blindly, without knowledge of the origins. The results were then discussed by a group of scientists and presented in the form of four notes to the Académie des sciences.
Photographs were foreign to this process. While they respected a logic of deduction, they did not conform to this standard of work ethic. These were taken care of by the geologist himself.
The Contributions of Photography to Geology
In the natural sciences, photography has clear applications. The botanist and photographer Eugène Trutat (1840-1910), author of a manual on La Photographie appliquée à l’histoire naturelle, was convinced of this. Photography is there judged as an "indisputable authority", endowed with "mathematical precision" (Trutat E., 1884, p. VI). Geology is a field science. It aims to reconstruct, through the study of rocks, the formation of the landscape. In this, stratigraphy is a major component. Photography responds logically to this interest granted to the visible. Photography thus constitutes an additional analysis tool, in addition to maps, plans and landscape profiles.
Systematisation of the Gaze
André Leclère dissected the landscape that unfolds before his eyes and set up different approaches: landscapes, close-ups, frontal views, bird's-eye views. The photographs are presented as geological surveys, close to schematic geological cross-sections. Likewise, the gaze seems to conform to a certain number of codes. It is thus possible to identify a systematisation of the observation, highlighting the horizontality of the landscape, composed of its different strata, the photographer seeking to gain distance, and therefore height, while striving to vary the points of view. The construction remains rigorous and meets the needs of the geology.
A Depopulated Landscape
André Leclère meticulously observed the the peaks encountered on the road to Xinyi (信宜), in Guangdong, and crossed the karst region, from which he retained the image of raw rocks, sculpted naturally, in the vicinity of Lufu (鹿阜), the province of Yunnan, district of Kunming, a remarkable geological phenomenon also visible in Guizhou (貴州), Guangxi, and the region of Chongqing (重慶). He noted the topography of the Heijing salt deposits in Yunnan, located on the banks of the Longchuan jiang (龍川江). He was also interested in the coal deposits, marking the landscape in the places of production – the forges, blast furnaces, and ovens. The photographs of these mining basins turn out to be strangely empty, in the absence of the workers who would bring them to life. The confidential nature of the mission and the resulting precautions certainly explain this deserted aspect. The accent is placed rather on the landscape, its configuration, and its modelling. The photographs give us an overview in fragments. The study of this iconographic set must take into account the framing given in the publications, endorsed by a publisher, which undoubtedly differs from the original framing, chosen by the photographer.
The Issue of Original Photographs
While the documents brought back from the mission are the property of the ministry that commissioned them, the photographs should in principle have been placed in the archives. However, this was rarely the case; they remained rather in the possession of their author. After showing them at the Indochina pavilion at the Universal Exhibition of 1900 in Paris, along with the topographical surveys and mineralogical samples, mistakenly classified in the category "Samples of Tonkin wood", André Leclère asked: “What to do with the photographs?" There is probably no longer any question of any public exhibition. To whom should I give them?” (ANOM, INDO AF 42).
Article by Florence Adrover (translated by Jennifer Donnelly)
André Leclère est le fils de Henri-Adrien Leclère. (Source : Notice Agorha "André Leclerc" rédigée par Florence Adrover)
André Leclère est rattaché à la mission Guillemoto, pour la construction du chemin de fer au Yunnan 雲南(Chine) en juin 1897.(Source : Notice Agorha "André Leclerc" rédigée par Florence Adrover)