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Spécialiste des tapisseries anciennes, Renée Gérard reprend le fonds de commerce de son défunt mari, antiquaire à Nogent-le-Roi, et poursuit son activité à Paris. Sous l’Occupation, figurent parmi ses clients Bruno Lohse et Walter Bornheim


À la suite du décès de son époux en 1936, Renée Dreyfuss, née Gérard, reprend le fonds de commerce de son défunt mari, antiquaire à Nogent-le-Roi, et poursuit son activité à Paris. Elle est spécialiste des tapisseries. Les informations la concernant sont très limitées : elle demeure introuvable à l’issue de la guerre, laissant derrière elle de nombreuses dettes. D’après certaines sources, elle serait partie dans les colonies1.

Selon la Direction générale des douanes, Renée Gérard vend, depuis son lieu de résidence au 45, rue de Bellechasse, des objets de collection à des ressortissants allemands, objets qui sont ensuite exportés sans autorisation, pour une valeur estimée à 3 770 000 F tout au long de la période de l’Occupation2. Elle fournit notamment à Bruno Lohse une tapisserie (Scipion l’Africain). Elle est en contact presque quotidien avec Walter Bornheim3. D’après les douanes, elle lui vend une tapisserie d’après Carle van Loo4, un tableau attribué à Padoue [sic] (?) et un autre attribué à Cesare da Sarto [sic]5. Il est probable qu’elle serve d’intermédiaire pour la vente par Marthe Dufet d’une Vierge du XIIe siècle à Bornheim6, œuvre dont le déplacement est assuré par la société Schenker. Une note de la Direction générale de l’enregistrement, des domaines et du timbre stipule qu’« elle recevait chez elle pendant l’Occupation des officiers allemands et en particulier un officier autrichien à qui elle aurait vendu du mobilier ancien7 ». Un extrait d’un rapport sur la collection Hermann Göring indique qu’elle « présenta Mademoiselle Bellagamba à Hofer8 ».

Dans ses déclarations, Renée Gérard indique qu’elle a un employé : Patrick MacGrath, qui perçoit lui aussi des commissions sur les ventes réalisées9. Cependant ces transactions ne sont pas déclarées. Comme c’est en espèces qu’elles ont lieu et que Renée Gérard ne remplit jamais aucune déclaration fiscale, son dossier est très difficile à apprécier.

Elle fait l’objet de poursuites par le Comité de confiscation des profits illicites, qui la condamne à 754 000 F de confiscation et 1 500 000 F d’amende malgré son absence10, mais la Commission nationale interprofessionnelle d’épuration ne semble pas avoir rendu de décision, n’ayant pas réussi à joindre Renée Gérard. En effet, dans son dossier figure un bulletin de décès, mais il s’agit de toute évidence d’une confusion sur la personne11.

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