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L’antiquaire Charles Michel est actif sous l’Occupation. On compte parmi ses clients Karl Haberstock et Maria Almas-Dietrich et parmi ses intermédiaires Ali Loebl.


Charles Michel résidait au 25 quai Voltaire à Paris (VIIe arrondissement) et possédait un commerce situé au 12 avenue de Tourville jusqu’au 1er octobre 1942, date à partir de laquelle il déplaça son fonds de commerce d’antiquités au 11 boulevard de La Tour-Maubourg1. Ce commerce ne disposait pas d’enseigne : Michel ne travaillait que par relations et vendait des objets de très grande valeur.

De juin 1940 à novembre 1941, Michel fit un séjour à Vichy, où il mena un train de vie qui attira l’attention de la Sûreté nationale, qui ouvrit un fichier le concernant2. Concernant son activité pendant l’Occupation, il avait proposé de vendre des bibliothèques et des tableaux anciens à des marchands allemands3.

Il fut notamment responsable de la vente de trois tableaux d’Hubert Robert à Maria Almas-Dietrich le 1er février 1941, trois tableaux à Karl Haberstock en janvier 1942, et deux portraits de Bronzino4 en février 1943, toujours à Haberstock, dont le paiement fut effectué par Ernest Garin5, pour une valeur totale de 3 147 500 F6. Un rapport de la Roberts Commission désigna Michel comme l’un des soutiens financiers du groupe formé par Hans Wendland, comprenant Yves Perdoux, Achille Boitel et Ali Loebl7. Cette commission cite également un intermédiaire du nom de Marchand, auquel il eut recours8.

Probablement pour exprimer son patriotisme vers la fin de la guerre, il effectua des versements importants au profit du French Welcome Committee, 6 place de la Madeleine (un don de 700 000 F, en plusieurs versements en avril et mai 19439), ainsi qu’au Service social de la clandestinité (un don de 500 000 F au 2 août 194410), et enfin au Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (il obtint un reçu de 100 000 F en date du 19 juillet 194411, un second de 300 000 F en date du 1er avril 194312).

Il décéda le 29 avril 1948, avant que le Comité de confiscation des profits illicites ne décide à son encontre d’une confiscation de 2 743 617 F, assortie d’une amende de 2 700 000 F. Ces montants furent évalués par rapport à l’enrichissement de Michel sur la période de l’Occupation : sa comptabilité n’étant que très partielle, elle n’a pu être utilisée pour estimer « la valeur réelle des ventes effectuées aux Allemands à cette époque13 ». Ces ventes ne laissèrent donc presque pas de traces. Il fut d’ailleurs acquitté par le tribunal de la Cour de justice de la Seine14.