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20/10/2021 Répertoire des acteurs du marché de l'art en France sous l'Occupation, 1940-1945, RAMA (FR)

Ernst Buchner occupait depuis 1933 le poste de directeur général des Bayerische Staatsgemäldesammlungen [Collections de peintures de l’État de Bavière]. Pendant la guerre, il acquit des œuvres auprès d’intermédiaires présents sur le marché de l’art français.

Le directeur général des Bayerische Staatsgemäldesammlungen

Ernst Buchner fut le directeur général des Bayerische Staatsgemäldesammlungen [Collections de peintures de l’État de Bavière] à Munich de 1933 à 1945 puis, de nouveau, de 1953 jusqu’en 1957. À ce titre, il fut responsable des Bayerische Staatsgemäldesammlungen exposées au sein de l’Ancienne et de la Nouvelle Pinacothèque, au sein de la Neue Staatsgalerie [Nouveau musée des Beaux-Arts] de Munich ainsi que dans les autres antennes régionales de ces musées. Historien de l’art et directeur de musée de renom, Buchner, qui, au plus tard à partir de 1936, conseillait personnellement Hitler sur toutes les questions concernant l’art, travailla en étroite collaboration avec chacun de ses Sonderbeauftragte [« chargés de la mission spéciale Linz »], Hans Posse et Hermann Voss, à l’époque du projet d’un Führermuseum [musée du Führer] à Linz1.

Acquisitions auprès d’intermédiaires en France

Au moins dix de ses acquisitions proviennent des territoires français occupés par le Reich allemand à partir de 19401. Les œuvres d’art qu’il acquit pour les Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Buchner ne les acheta pas personnellement sur le marché de l’art français, mais il procéda par le truchement de marchandes ou marchands d’art tels que Maria Almas-Dietrich, Hildebrand Gurlitt, Eugen Bruschwiller et Karl Haberstock.

Par l’intermédiaire d’Almas-Dietrich, Buchner acquit par exemple le panneau Dame et Cavalier de Willem Cornelisz Duyster (1599-1635), qui provenait de la collection Schloss, saisie en 19432. Buchner était en outre en contact avec des agents actifs en France à l’instar de Gerhard Freiherr von Pölnitz. Celui-ci œuvra par exemple à l’acquisition de deux tableaux en servant d’intermédiaire entre Buchner et la galerie Gurlitt : Jeunes filles au bord de la mer de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) et Le Sacrifice d’Iphigénie de François Le Moyne (1688-1737), lequel passait, à l’époque, pour un travail de Jean-Honoré Fragonard3.

En raison des personnes impliquées dans les acquisitions de Buchner provenant de France, dont on peut prouver qu’elles étaient impliquées dans le trafic d’art spolié, il n’est pas exclu que, parmi toutes ces œuvres, il ne s’en trouve pas une qui ait fait l’objet d’une spoliation dans le cadre des persécutions nazies. Tous ces objets d’art, à l’exception d’un seul, furent restitués à la France après la fin de la guerre4.

Après la guerre

Ernst Buchner fut démis de ses fonctions de directeur général des Bayerische Staatsgemäldesammlungen le 11 juillet 1945 par le gouvernement militaire américain en raison de son appartenance au NSDAP1. L’Art Looting Investigation Unit (ALIU) des services secrets américains l’interrogea sur son implication dans les spoliations d’œuvres d’art perpétrées par les nationaux-socialistes et fit aussi parvenir à la Commission française sur le rapatriement des œuvres d’art spoliées le Detailed Interrogation Report établi sur la base de ses interrogatoires2.

Celle-ci se tourna vers Buchner pour obtenir de lui de plus amples informations sur les conditions de ses acquisitions, les prix, les numéros d’inventaire, les provenances et sur ce qui restait des objets d’art provenant de France. Buchner livra avec empressement ces informations et contribua ainsi à la rédhibition de sa propre politique d’achats3.

En 1953, il fut rétabli par le ministre de la Culture de Bavière à son poste de directeur général des Bayerische Staatsgemäldesammlungen et occupa ce poste jusqu’en 1957. Buchner meurt en 1962 à Munich.