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01/12/2021 Répertoire des acteurs du marché de l'art en France sous l'Occupation, 1940-1945, RAMA (FR)

Souvent confondu avec des personnes portant le même nom de famille, Hellmuth Rademacher était, en tant que chef de la division administrative de guerre auprès du deutsches Militärbefehlshaber für das besetzte Frankreich (MBF) [Commandement militaire allemand en France occupée], responsable des affaires administratives liées à l’art. Par la suite, il servit d’agent de liaison entre le MBF et le Devisenschutzkommando [Commando pour la « mise en sûreté » des devises], transmettant les listes d’œuvres d’art confisquées à Hermann Bunjes.

Des homonymes

Dans la « Red Flag Names List » de l’Art Looting Intelligence Unit (ALIU), est fait mention d’un certain « Dr Bernhard Rademacher » ; un « conseiller ministériel Rademacher » apparaît également ici ou là dans des actes administratifs concernés datés des années 1940-1941. Il est clair qu’il ne s’agit cependant ici ni du botaniste (!) Dr Bernhard Rademacher (1901-1973), présenté de manière erronée comme assistant au Rheinischen Landesmuseum [musée régional de Rhénanie] à Bonn1, ni de l’historien de l’art Dr Franz Rademacher (1899-1987), directeur de la galerie de peintures dudit musée qui, entre 1940 et 1944 et en collaboration avec Hans-Joachim Apffelstaedt ainsi qu’avec le marchand d’art Hans Bammann, réalisa de nombreuses acquisitions de bien culturels confisqués dans le cadre des persécutions nazies dans les pays occupés de l’Ouest, notamment à Paris2. Quant au le diplomate nazi et coorganisateur de la « solution finale », Franz Rademacher (1906-1973), il ne saurait être concerné ici.

Il y a, en revanche, de fortes probabilités que ce « Rademacher », dont l’identité n’a jusqu’ici pas encore clairement été établie, soit le juriste et fonctionnaire du ministère des Finances de Prusse, Hellmuth Rademacher (1900-##).

Postes et responsabilités militaires

Après une carrière de fonctionnaire administratif dans différentes sous-préfectures, essentiellement rhénanes1, Rademacher fut nommé à partir de 1936 au ministère des Finances du Reich (RFM) et, pour finir, entre 1940 et 1941, chef de la Kriegsverwaltungsabteilung (KVACh) [section de l’administration de guerre] au sein du Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF) [Commandement militaire en France] en France, dans le secteur de l’administration militaire de Paris, auprès du commandant du Grand-Paris. On ne peut établir précisément quelle section il dirigea, mais on peut tout de même partir de l’hypothèse qu’il s’agissait de la section économique ou financière2. En tant qu’agent du corps des hauts-fonctionnaires et membre du NSDAP depuis 1937, il faisait partie de la direction du ministère des Finances du Reich et ses compétences spéciales furent mises à contribution dans l’exploitation des territoires occupés3. À compter du mois de juin 1940, Rademacher s’occupa en non-spécialiste des affaires concernant l’administration de l’art, jusqu'à la nomination d'Hermann Bunjes le 12 juillet 1940, en tant que chargé de mission au Kunstschutz [Service de la Protection des objets et œuvres d’art] et sa prise de fonction le 19 août 1940 auprès du commandant de Paris (intitulé à partir du mois de mars 1941 Verwaltungsstab [état-major administratif] du commandant du Grand Paris). Ainsi Jacques Jaujard, directeur des Musées nationaux français, écrit-il au début du mois de juillet 1940 que « M. le Conseiller RADEMACHER, chef du Service de protection des œuvres d’art » l’aurait convoqué au Palais Bourbon, pour faire en sorte que les opérations de défense aérienne fussent éloignées des édifices historiques et que fût procédé au rapatriement à Paris des collections des musées placées en lieu sûr4. À la demande de l’administration française des musées, Rademacher accepta, le 28 juin 1940, que les surveillants des musées soient armés d’un pistolet5. Après la délégation de ces missions à la section Arts du MBF ainsi qu’à Hermann Bunjes en particulier6, Rademacher assuma la fonction d’agent de liaison entre le Devisenschutzkommando[Commando pour la mise en sûreté des devises7] et le MBF, autrement dit Bunjes8, en ce qui concernait les Sicherstellung [«mise en sécurité » ou saisies] de biens culturels. Le Devisenschutzkommando informait Rademacher des confiscations de collections d’art privées le plus souvent juives et lui transmettait des listes qu’il faisait suivre à Hermann Bunjes9. Celui-ci l’informait ensuite des possibilités d’acquisition en des endroits du Reich10. Entre 1941 et 1942, Rademacher fut promu en succédant temporairement au conseiller d’État Dr Harald Turner (1891-1947) et en accédant même à la fonction de chef de l’état-major de l’administration auprès du commandant du Grand Paris, devenant ainsi le supérieur de Bunjes11, avant qu’il ne changeât encore de fonction cette même année et intégrât le bureau des Finances au sein du commissariat du Reich pour les Pays-Bas occupés, où resta jusqu’à la fin de la guerre. On ne connaît aucune autre date de sa vie, pas même celle de son décès12