DOUCET Maison (FR)
La maison Doucet est spécialisée dans la vente d’objets d’art et de curiosités. Sous l’Occupation, la galerie dirigée par Robert Doucet réalise quelques ventes à des marchands et directeurs de musées allemands, dont Maria Almas-Dietrich, Felix Kuetgens, Hans Lange, Werner Grote ou Hans Möbius.
La maison Doucet est une entreprise familiale spécialisée dans le commerce d’objets d’art et de curiosités, installée à partir de 1903 au 94 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré sur la place Beauvau1. Elle fut fondée par Sulpice Agénor Anacharsis Doucet, né le 15 juin 1846 à Godenvillers, et établie d’abord aux 5 et 8 rue Drouot. Après sa mort le 2 janvier 1911, la maison est reprise par sa veuve Sophie Léontine Guillemine Debaise et son fils aîné Alexandre Henri (9 décembre 1876 – 6 mai 1959). Ils forment une société en nom collectif sous la raison sociale « Veuve A. Doucet et Fils aîné2 ».
Sous l’Occupation, la galerie est dirigée par le fils de ce dernier, Robert Doucet, né le 29 octobre 1905 dans le VIIIe arrondissement3. Au cours de cette période, la maison Doucet réalise quelques ventes avec des marchands et directeurs de musées allemands4. Parmi ses clients, on peut ainsi compter Maria Almas-Dietrich, Felix Kuetgens, directeur des musées de la ville d’Aix-la-Chapelle, Hans Lange, Werner Grote-Hasenbalg ou Hans Möbius5. À la première, la maison Doucet vend ainsi quatre peintures de Jacques de Lajoüe6 et une commode en marqueterie signée Riesener pour la somme de 120 000 F le 9 avril 1941. En février 1942, la même cliente acquiert auprès de cet antiquaire un paysage avec pyramide d’Hubert Robert7 pour la somme de 240 000 F8.
La maison Doucet est également en contact avec Nicolas Matzneff9. Entre octobre 1942 et octobre 1944, l’antiquaire Robert Doucet lui vend ainsi du mobilier, des objets d’art et des tableaux pour la somme de 2 362 580 F10. La plus importante de ces ventes est celle de deux tableaux, un portrait de femme en robe blanche d’Élisabeth Vigée Le Brun et Petite fille tenant un chien sur ses genoux de Jean-Baptiste Greuze, réalisée le 27 mai 1944 pour un million de francs. Nicolas Matzneff fait également appel à lui pour la restauration d’objets. D’autre part, au début de l’année 1944, le client fait entreposer dans les coffres de l’antiquaire une tapisserie de Beauvais acquise auprès de la veuve Gordon Ferry et destinée à la revente.
La maison Doucet est convoquée devant la Commission nationale interprofessionnelle d’épuration en même temps que la maison Buvelot dirigée par André Camoin. Ces deux entreprises sont toutefois rapidement mises hors de cause. Selon Michel Martin, « la réputation ancienne d’honnêteté » de la maison Doucet est alors incontestable11. Celui-ci affirme en outre que ces deux maisons n’ont réalisé que des « affaires insignifiantes eu égard à l’importance de leur marchandise ».