Ex-voto de la famille Dugone
Dans la tradition des portraits collectifs de consuls narbonnais et du Puy-en-Velay, Josué Parier représente dans cet ex-voto la très nombreuse famille Dugone, avec d’un côté François Dugone, consul et apothicaire de la ville, et ses huit fils, et de l’autre son épouse Gabrielle Vallat accompagnée de ses douze filles (Gautheron 1927, p. 31). Ils sont présentés par leurs saints protecteurs ainsi que la Vierge et saint Jean. François Dugone est aussi dépeint dans l’Assomption que les consuls commandent en 1598. Comme dans le cas d’Antoine Talon (cat. X), on reconnaît bien ses traits, indice que nous avons affaire au même peintre. Le blason de François Dugone est cependant différent en 1601 (de gueules au mortier et deux fleurs d’or, au chef de sable à deux étoiles et un soleil d’or en 1598 et d’or au chevron de gueules, accompagné de trois serpents d’azur en 1601). Emile Gautheron fait l’hypothèse que la famille de Françoise de Beaux, épouse du peintre Josué Parier, était en relation avec les Dugone. Les Porral, famille dans laquelle Françoise de Beaux se remarie en 1621, étaient aussi apparentés aux Dugone (Gautheron 1927, p. 32). Un acte des minutes de François Arcis, notaire au Puy, nous informe du sort de la toile : François Dugone l’avait offerte au couvent de Sainte-Claire. Le 9 janvier 1645, elle est cédée par Louise de la Coste, abbesse, et Antoine Padet, confesseur du couvent, à Antoine Dugone, petit-fils de François et avocat (le tableau est dit “qui ne leur sert en rien en leur esglize où sont peints tous les enfants du dict feu sieur Dugone, son ayeul” (Jacotin 1911, p. 159)). Antoine Dugone offre en échange un rideau destiné à protéger un tableau d’un saint-Joseph dont son père François II Dugone, maître apothicaire, avait fourni le cadre.
Hormis les éléments de vraisemblance historiques qui lient Josué Parier à la famille Dugone, on reconnaît parmi les membres de cette « ostentation généalogique » (Le Puy 1985, p. 42) des morphologies qui lui sont propres et qu’on retrouve dans les portraits autonomes d’Antoine Talon et de Clémence Farnier. Les figures féminines forment également un bon parallèle avec le portrait de Marguerite de Montmorency au sein de l’Adoration des bergers de 1600 (Puy-en-Velay, musée Crozatier).La mauvaise qualité de la photographie en noir blanc ne permet cependant pas un examen stylistique très poussé.
Tota progenies Dugonea tibi commendateur / 1601 / Felix Conjugium
écusson de Dugone
Le Puy-en-Velay, couvent de Sainte-Claire de 1601 à 1645 ; depuis 1645 dans la famille ; collection Reynaud, Le Puy-en-Velay (en 1927) ; collection particulière, Le Puy-en-Velay (1985) ; localisation inconnue.
p. 31-32
p. 100