La Vierge à l'Enfant du retable de la Vierge
La statue de la Vierge à l’Enfant est présentée au centre de la caisse du retable provenant du maître-autel de l’église Saint-Jacques de Morissen (Suisse, Grisons). Elle était à l’origine entourée de deux sculptures, Saint Jean-Baptiste et Saint Jacques, qui sont restées dans l'église de Morissen.
- Identification du bois, Élisabeth Ravaud, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 1996.
- Analyses de la polychromie, Sylvie Colinart, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 1996.
- Radiographie, Jean Marsac, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 1996.
- Étude et restauration, Pascale Klein, Juliette Levy-Hinstin (sculptures), Patrick Mandron (bois), Jan Ortmann (peintures), 1996-1997.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (tilleul) avec éléments secondaires assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête, percement cylindrique (diamètre : 1,5 cm environ), communiquant avec la cavité ronde au revers et partiellement comblé en partie inférieure par une pièce de bois ; deux entailles visibles à dextre sous la base partiellement arasée.
- Revers évidé : traces d’une large gouge creuse dans l’évidement au revers du corps ; cavité ronde (diamètre : 6 cm ; profondeur : 3,5 cm) au revers de la tête ; copeaux de bois encollés pour renforcer une zone trop amincie.
- Traces de gouge sur le dessus de la tête, à l’intérieur de la couronne.
- Éléments assemblés à l’origine : une grande pièce de bois (H. : 69 cm ; L. : 9,5 cm ; P. : 4 cm environ) collée et clouée à senestre au revers, depuis l’épaule jusqu’à la base, a été rapportée après l’évidement de la sculpture (bande de toile collée le long du joint) ; les fleurons de la couronne (en partie restitués au 19e siècle) ; la croix fixée sur le globe terrestre de l’Enfant (disparue ; croix restituée au 19e siècle, déposée en 1998) ; le bras gauche et l’avant-bras droit de l’Enfant ; les rayons (disparus) sur sa tête, logés dans des petites cavités ; traces d’éléments décoratifs rapportés (probablement boules en bois évoquant des perles) : petites cavités sur l’encolure de la robe.
- Interventions postérieures : restitution totale ou partielle des fleurons de la couronne (19e siècle) ; restitution de la croix sur le globe terrestre (19e siècle) ; plusieurs cavités dans le haut du revers (traces de fixation de la sculpture), sur la tête et sous la base.
Polychromie d’origine (conservée sur les carnations et le revers du manteau) et polychromie postérieure (visible sur les autres parties de la sculpture).
Préparation blanche (carbonate de calcium et colle protéinique).
1.Polychromie d’origine :
- Manteau, bordure de la robe et couronne de la Vierge, globe terrestre : bol orangé, or.
- Cheveux de la Vierge et de l’Enfant : mixtion (ocre, vermillon, cuivre), or.
- Robe de la Vierge : décors en relief moulés et appliqués dits « brocarts appliqués » (stratigraphie : 1. matériau de remplissage : carbonate de calcium, ocre, minium ; 2. feuille d’étain ; 3. mixtion ; 4. or parti (?) ; 5. motifs bleus (azurite).
- Revers du manteau de la Vierge : sous-couche grise (carbonate de calcium, noir organique), couche bleue (azurite).
- Carnations de la Vierge et de l’Enfant : rose pâle, rose soutenu sur les joues, le menton et le nez (blanc de plomb, grains de laque rouge, liant huileux) ; bouches rouges, lèvres supérieures plus sombres que les lèvres inférieures ; yeux cernés d’une ligne brune, petites touches de blanc posées sur la pupille noire et sur l’iris marron cerné de brun sombre, rehaut blanc qui souligne un côté de l’iris puis s’effile vers le coin de l’œil nuancé de bleu et ponctué de rose ; fins sourcils ocrés ; ongles roses bordés d’une ligne brune et rehaussés de traits blancs. Traitement similaire des visages sculptés polychromés et des visages peints sur la prédelle et les volets du retable.
1.Polychromie postérieure (19e siècle) :
- Manteau, bordure de la robe et couronne de la Vierge, globe terrestre : or.
- Cheveux de la Vierge et de l’Enfant : jaune.
- Robe de la Vierge : rouge.
- Chaussure : noire.
- Sol : vert sombre.
La Vierge couronnée porte à deux mains l’Enfant Jésus nu, qui se tourne vers les fidèles. Bénissant de la main droite, tenant dans la gauche le globe terrestre (à l’origine surmonté d’une croix), il est présenté comme le Salvador Mundi qui sauve l’humanité par son sacrifice sur la croix.
sculpteur de l’atelier d’Ivo StrIgel (cité à Memmingen de 1459 à sa mort en 1516), peintre et chef d’atelier coordonnant les tâches de ses collaborateurs pour l’exécution de retables d’autel
Souabe (Schwaben), Memmingen.
Le lieu d’origine du retable, l’église de Morissen, a été identifié par Annie Kaufmann-Hagenbach et mentionné dans sa thèse pour la première fois (Kaufmann-Hagenbach, 1938, p. 91, pl. 435-437).
Maître-autel de l’église Saint-Jacques de Morissen (Suisse, Grisons). Retable mentionné en 1643 dans le compte-rendu d’une visite pastorale. Déposé vers le début du 18e siècle lors du renouvellement du mobilier religieux de l’église. Démembré probablement lors de la démolition de l’église et de la construction d’un nouvel édifice en 1867-1868. Caisse vide du retable mentionnée à Morissen au début du 20e siècle. Après le départ du retable dans le commerce de l’art, deux sculptures de la caisse, restées dans l’église de Morissen, Saint Jean-Baptiste et Saint Jacques, sont remplacées par un Saint Florian (MOND 468-2) et un Saint Sébastien (MOND 468-3). En 1906, retable chez Albert Steiger, antiquaire à Saint-Gall (Suisse), puis chez Kitzinger, antiquaire à Lindau (Allemagne) : retable proposé au musée de Coire, qui renonça à l’acquérir par manque de place. Acquisition à Strasbourg auprès de l’antiquaire Jacques Bastian, 1907. Musée des Beaux-Arts, Strasbourg (n° 6561). Musée de l’Œuvre Notre-Dame, Strasbourg (inv. MOND 468-1).
Dans la caisse du retable est présentée, en position centrale, une statue de la Vierge à l’Enfant, qui était à l’origine entourée de deux sculptures, Saint Jacques et Saint Jean-Baptiste, restés dans l’église de Morissen. Ces deux saints ont été remplacés par Saint Florian MOND 468-2) et Saint Sébastien (MOND 468-3).
Saint Jacques et Saint Jean-Baptiste, église Saint-Jacques de Morissen (Suisse, Grisons).
Dans la caisse du retable de Morissen, deux sculptures, Saint Jacques et Saint Jean-Baptiste (chacun H. 82 ; L. 26 ; P. 18 cm, sans les nimbes et les socles postérieurs), entouraient à l’origine la statue de la Vierge à l’Enfant. Restés dans l’église de Morissen, ces deux saints ont été remplacés par Saint Florian (MOND 468-2) et Saint Sébastien (MOND 468-3) peu avant l’acquisition du retable par le Musée de l'Œuvre Notre-Dame en 1907,
Saint Martin, Zürich, Schweizerisches Landesmuseum (inv. LM 9489).
La statuette, Saint Martin, provient du couronnement du retable de Morissen (H. 47,5 ; L. 13 ; P. 9 cm ; Zürich, Schweizerisches Landesmuseum, acquisition en 1907 auprès d’Albert Steiger, antiquaire à Saint-Gall, Suisse ; inv. LM 9489).
p. 96, 125 (visite pastorale mentionnant un retable dans l'église de Morissen en 1643).
p. 36-37, n° 1029 (« Retable à volets avec la Vierge et deux saints […]. Provenance du retable : Alsace. Deuxième moitié du XVe siècle. Musée des Arts décoratifs. Inv. n° 6561. Acheté dans le commerce d’antiquités à Strasbourg, en 1907. »).
p. 289, note 9 (Vierge à l’Enfant du retable rapprochée d’œuvres de l'atelier de Jörg Syrlin).