Portrait de Charles Harouys, maire de Nantes
Ce portrait représente Charles Harouys, maire de Nantes, identifiable par ses armoiries (d’or, à trois bandes de gueules, chargée chacune de trois têtes de licornes d’or). Harouys est maire à deux reprises : une première fois entre 1588 et 1589, avant d’être emprisonné par la duchesse de Mercoeur en raison de son opposition à la Ligue (il doit payer plusieurs milliers d’écus en rançon pour être libéré deux ans plus tard ; voir Perthuis, Alexandre, La Nicollière-Teijero, Stéphane de, 1873, p. 177-178), et une seconde de 1598 à 1599. A l’occasion de la signature de l’Édit de Nantes, dernière ville ligueuse à reconnaître l’autorité de Henri IV, en avril 1598, une nouvelle procédure est mise en place pour le choix du maire, laissé au roi.
Le tableau, aujourd’hui au musée d’histoire de Nantes, est très tôt assimilé à la production de Charles Errard : en décembre 1686, lors d’une visite du maréchal d’Estrées à Nantes, on lui montre les portraits des maires et devant celui de Harouys, le maire actuel lui « fit remarquer que ce portrait était d’un travail exquis de la main du fameux Errhard » ( Vaurigaud 1870, p. 247). La toile a connu de nombreuses altérations matérielles : les comptes de dépenses de la Ville nous apprennent qu’elle est repeinte au XVIIIe siècle par un certain chevalier de Vollaire (Lisle du Dréneuc 1903, p. 311), et elle est lacérée lors de la Révolution en vertu de l’application de la loi du 24 octobre 1793 (en raison de la présence de symboles aristocratiques). Le costume de Harouys trahit une datation de la toute fin du XVIe siècle, probablement en célébration de son second mandat. L’attribution à Charles Errard peut se justifier non seulement d’un point de vue stylistique - le portrait est compatible avec la Remise des clefs à saint Pierre, seule œuvre documentée de l'artiste (Nantes, cathédrale) -, mais également au regard de la vraisemblance historique, le peintre étant apprécié de la municipalité qui l’engage aussi plus tard pour la préparation portraits destinés à l’entrée de Louis XIII (G. Saupin, « Les entrées de ville à Nantes au XVIIe siècle », Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 71, LXX, 1994, p. 166).
Nantes, musée archéologique (inv. 332) ; Nantes, musée du château des ducs de Bretagne
p. 247
p. 177
p. 311, n° 324