La Flagellation et le Couronnement d'épines
Face interne du volet dextre d’un retable : au registre supérieur, La Flagellation et au registre inférieur, Le Couronnement d’épines (sur la face externe peinte : L’Entrée du Christ à Jérusalem et La Cène).
- Observation, Sophie Guillot de Suduiraut, Isabelle Dubois-Brinkmann, 2021.
- Observation, Sophie Guillot de Suduiraut, Laurence Brosse, 2024.
Volet de retable constitué d’une planche de bois présentant deux scènes de la Passion superposées, sculptées en bas-relief sur une face (autre face : peinte). Le volet est encadré d’une bordure sculptée d’une ligne de petits motifs circulaires entourée de deux cordons torsadés. Une bordure médiane de même type sépare les deux scènes qui sont chacune surmontée d’un arc en plein-cintre sculpté de motifs semblables. Aux angles supérieurs des deux registres, les écoinçons sont ornés de motifs végétaux (chardons ?). Un élément est assemblé au milieu de la face peinte du volet : une baguette horizontale sculptée (H. 35,4 cm ; L. 33 cm ; P. 2 cm environ) fixée par deux chevilles (diamètre : 1 cm environ).
- Détails sculptés à la surface du bois : décor des bordures, végétaux aux bords dentelés dans les écoinçons et surface du sol des scènes de la Passion.
- Nombreuses fentes, notamment deux grandes fentes verticales ouvertes comblées par des flipots, l’une dans le registre supérieur, l’autre en partie centrale.
- Charnières sur le côté latéral dextre (d’origine ?) : en partie haute, trois cavités ; en partie basse, une charnière (H. 6,5 cm ; L. 2 cm environ).
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Principaux manques : au registre supérieur (La Flagellation), mains et fouets de deux bourreaux à dextre, extrémité de la main et du lien tenu par le bourreau agenouillé au sol à dextre, nez de Pilate et des bourreaux, extrémité du pouce et de l’auriculaire de Pilate ; au registre inférieur (Le Couronnement d’épines), main et bâton du bourreau derrière le Christ, partie du bâton enfonçant la couronne d’épines sur la tête du Christ, extrémité des doigts du personnage agenouillé et roseau simulant un sceptre, nez des bourreaux et de Ponce Pilate ; nombreux éclats sur les deux scènes sculptées, les motifs floraux et sur les bords du volet.
-Intervention postérieure : percement au centre dans le haut du relief.
Traces de polychromie (d’origine ?) et polychromie postérieure (probablement 19e siècle). Description de la polychromie actuellement visible :
- Certains vêtements et parties de vêtements, colonne, poutres du plafond : rouge.
- Certains vêtements, fond du relief, paysage : gris sombre.
- Fond du relief dans les écoinçons : bleu (probablement azurite) ; gris sombre.
- Corps du Christ, feuilles et cœurs des motifs végétaux : brun clair.
Les représentations sculptées de la Flagellation et du Couronnement d’épines prennent pour modèles deux gravures de Hans Schäufelein illustrant le Speculum passionis domini nostri Ihesu Christi, ouvrage d’Ulrich Pinder imprimé à Nuremberg en 1507.
Le récit de la Flagellation indique succinctement que Pilate relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, le livra pour être crucifié (Matthieu 27, 26 ; Marc 15, 15 ; Jean 19,1). Les éléments iconographiques traditionnels de la scène, le Christ attaché à une colonne, en général en place centrale, et les bourreaux le flagellant, donnent lieu à de multiples variations. La composition réunit ici huit personnages autour du Christ. À dextre, un bourreau tire une mèche de cheveux du Christ et un autre brandit un fouet (mains et parties du fouet manquantes) ; au second plan apparaît un spectateur, au premier plan un homme à genoux prépare un fouet en liant des verges (lien manquant). À senestre, derrière le bourreau qui brandit un fouet à deux mains, se tiennent Pilate et, au second plan, un spectateur et un autre bourreau. Le Couronnement d’épines illustre le récit évangélique(Matthieu 27, 16-29 ; Marc 15, 16-19 ; Jean 19,1-3) selon une formule iconographique usuelle à la fin du Moyen Âge. Le Christ dénudé est vêtu d’un manteau de pourpre, couronné d’épines et muni d’un roseau en signe d’une royauté de dérision. A l’aide d’un bâton (en partie manquant), deux bourreaux enfoncent sur sa tête la couronne d’épines. Derrière le Christ, un troisième bourreau le menace avec un bâton (main droite et bâton manquants). Au premier plan, un homme place un roseau (en partie manquant) dans la main du Christ et s’agenouille, évoquant le texte de l’évangile : « Et ployant le genou devant lui, ils se moquèrent de lui en disant " Salut, roi des Juifs " » (Matthieu 27, 29). À l’arrière-plan se tiennent Pilate et cinq spectateurs. Une colonne sur laquelle s’enroule une corde rappelle l’épisode précédent, la Flagellation.
Attribution à l’Allemagne du Sud et identification des modèles gravés par Sophie Guillot de Suduiraut (communication orale, 1987 et 2007).
Allemagne du Sud
Les scènes sculptées prennent pour modèles deux gravures de Hans Schäufelein (vers 1482-1483 - Nördlingen, vers 1539 -1540), la Flagellation et le Couronnement d’épines, illustrant le Speculum passionis domini nostri Ihesu Christi, ouvrage d’Ulrich Pinder imprimé à Nuremberg en 1507.
Origine inconnue. Collection Pierre Marie (Paris, 1853 - Cannes, 1940). Don sous réserve d'usufruit de M. et Mme Pierre Marie, 1929. Usufruit levé en 1940.
Volet senestre d’un retable de la Passion dont provient également le volet dextre, La Prière du Christ au mont des Oliviers et la Déploration (PPS 2062). La caisse du retable abritait probablement la scène de la Crucifixion.
Œuvre inédite