La scène de l’Adoration des Mages est composée de deux bas-reliefs : la Vierge, l’Enfant, Joseph, le premier Mage agenouillé et son serviteur sont représentés sur le relief senestre, les deux autres Mages, sur le relief dextre. Le relief senestre a peut-être été appliqué sur la face interne du volet senestre d’un retable, le relief dextre sur la face interne de l’autre volet.
Une autre hypothèse peut être envisagée : à l’origine, l’Adoration des Mages aurait formé un seul bas-relief, appliqué sur la face interne d’un volet de retable. Dans ce cas, la sculpture aurait été postérieurement scindée en deux, et à cette occasion, des parties complémentaires auraient été supprimées, notamment un élément central entre les deux reliefs.
- Intervention, Renato Vassalo, 1992.
- Étude et restauration, Aubert Gérard, Anne Gérard-Bendelé, 2007.
- Observation, Pantxika Béguerie-De Paepe, Sophie Guillot de Suduiraut, 2022.
Deux bas-reliefs, chacun constitué de planches de bois (tilleul ?) assemblées verticalement : trois planches pour le relief senestre (planche senestre : L. 4 cm ; planche centrale : L. 36, 5 cm ; planche dextre : L. 23,5 cm) ; deux (?) planches pour le relief dextre (planche senestre : L. 29 cm ; planche dextre : 31 cm).
- Éléments assemblés à l'origine : sept boules en bois rapportées sur le chapeau du Mage agenouillé ; trois fleurons sur la couronne du deuxième Mage ; deux fleurons et deux boules sur la couronne du Mage noir ; environ soixante-sept petites boules (dont six manquantes) sur le pourpoint de ce Mage.
- Sous la base du relief senestre : cinq cavités (diamètre 0,5 cm environ ; traces de fixation ?) ; aucune cavité observée sous la base du relief dextre.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Principaux manques : éclats sur les bords des reliefs et des vêtements, sur les barbes et les chevelures.
- Interventions postérieures : les deux reliefs ont été cloués sur des fonds en planches de bois résineux (P. 1 cm ; relief senestre : cinq planches ; relief dextre : quatre planches) ; endommagés et fragmentés en plusieurs éléments, ils ont été recomposés et fixés sur ces fonds avec de nombreux clous (19e-20e siècle) ; ces fonds rapportés postérieurement apparaissent dans l’ouverture du mur de l’étable, sur le relief senestre, et dans le haut du paysage, au-dessus de la limite ondulante du sol, sur le volet dextre ; plusieurs pièces de bois restituent le mur de l’étable, dans le haut du relief senestre et sur son bord senestre ; sur le relief dextre, comblement près du présent du deuxième Mage et pièce assemblée près de la jambe droite du Mage noir.
Rares vestiges de la polychromie d’origine ; polychromies postérieures.
1.Polychromie d’origine (restes observés) :
Préparation blanche.
- Robe et ceinture du deuxième Mage (relief dextre) : bol, or.
- Carnations des Mages (relief dextre) : traces de rose (deuxième Mage), brun (Mage noir).
2.Polychromie postérieure :
Préparation blanche.
Dorure sur l’ensemble de la surface : mixtion brun sombre (en majeure partie, ou bol localement), or ; la dorure a été appliquée après la fixation des reliefs sur les fonds en planches de bois résineux et elle recouvre leurs chants latéraux.
3.Polychromies postérieures actuellement visibles :
- Dorure : plusieurs parties des vêtements, couronnes et présents des Mages.
- Couches colorées : principalement noir, brun, vert sombre, bleu sombre.
- Carnations : rose (Mage noir excepté : noir).
- Couche générale, noire ou brune, pour assombrir et vieillir artificiellement la polychromie.
Relief dextre (y compris le fond rapporté postérieurement).
Profondeur du fond en bois résineux rapporté postérieurement : 1 cm
Relief senestre (y compris le fonds rapporté postérieurement).
Profondeur du fond en bois résineux rapporté postérieurement : 1 cm
Restauré en 1992 par / Atelier de restauration de tableaux / Renato Vassalo / 125 Bd Montparnasse PARIS / (01) 43 20 86 77
L’évangéliste Matthieu relate la visite des Mages à Bethléem, guidés par l’étoile : « Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les devançait, jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était l’enfant, elle s’arrêta. Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent l’enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent, puis ils ouvrirent leurs trésors et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe (2, 9-11). L’épisode s’enrichit ultérieurement de nombreux éléments qui renouvellent l’iconographie au cours des siècles. La scène reprend ici plusieurs traits iconographiques devenus traditionnels aux 15e et 16e siècles. Elle se situe dans l’étable de la Nativité évoquée par un mur délabré et s’ouvre sur un fond de paysage.
Les Mages se présentent devant la Vierge assise avec l’Enfant, derrière laquelle se tient Joseph qui soulève son chapeau. Leur nombre a été déterminé en référence aux trois offrandes différentes. Les trois Mages s’individualisent peu à peu dans les représentations médiévales. Ils deviennent les représentants des trois âges de la vie et des trois parties du monde jusqu’alors connues, Europe, Asie, Afrique, et ils reçoivent les noms de Melchior, Gaspard et Balthazar. Au Moyen Âge, les noms des mages ne sont pas entièrement fixés. Lorsqu’une inscription le précise, le premier mage, traditionnellement figuré âgé et agenouillé devant l’Enfant, s’appelle en général Melchior, mais le troisième mage, le plus jeune, roi « maure » dont les traits et la peau sombre évoquent l’Afrique à partir des 14e-15e siècles, peut être nommé soit Balthazar, dans le cas le plus fréquent, soit Gaspard ou même Melchior.
L’absence d’inscription ne permet pas ainsi d’identifier précisément les mages ici représentés. Ils suivent des types iconographiques usuels à la fin du Moyen Âge. Le plus âgé, tête nue, chauve et barbu, s’agenouille et offre une cassette remplie de pièces d’or, dans laquelle l’Enfant Jésus plonge la main. Derrière lui, un serviteur, ou un membre de sa suite, tient le chapeau que le Mage a retiré en signe de respect. D’âge mûr, en vêtement long, le deuxième Mage porte un vase inspiré d’un précieux objet d’orfèvrerie et se retourne pour montrer l’étoile (absente de la composition). Imberbe et juvénile, le troisième Mage, en vêtement court, aux cheveux bouclés et aux traits négroïdes, s’avance en soulevant son chapeau. Son présent est inspiré d’une corne à boire. Les Mages de l’Évangile, des sages ou astrologues « venus d’Orient » (Matthieu (2, 1), sont qualifiés de rois dès le 3e siècle. Leurs couvre-chefs de formes variées sont ici ceints d’une couronne ou de fleurons pour indiquer leur statut royal.
Allemagne du Sud, Franconie (Franken) ?
Origine inconnue. Collection des princes de Liechtenstein. Walter Bornheim Galerie der Alten Kunst, Munich, années 1940. Commerce de l’art, Paris, 1950-1955. Collection Roger Kaltenbach (1906-1977), Paris. Don de son fils Jérôme Kaltenbach (né en 1946), 2005.
p. 83, 217 (Allemagne du Sud, début du 16e siècle).