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Grangier, Sophie

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nvoleon
Dernière modification
13/01/2025 17:45 (il y a 2 jours)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Grangier
Prénom : 
Sophie
Qualificatif : 
Sexe : 
Nationalité : 
Nom : 
Villeneuve
Prénom : 
Claudine-Marie-Sophie
Naissance et mort
Date de naissance : 
22 août 1851
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
28 décembre 1905
Lieu de mort : 
Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1871 - 1905
Adresse : 

20 rue Chabot-Charny

Code postal : 
21000
Ville : 
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1871 - 1905
Adresse : 

Château des Gaillots

Code postal : 
21716
Ville : 
Professions / activités
Type de profession / activité : 
Biographie
Commentaire biographique : 

Grands bienfaiteurs de la Ville de Dijon à l’aube du XXe siècle, Henri Grangier (1842-1902) et son épouse Sophie (1851-1905), née Villeneuve, sont des figures incontournables du collectionnisme local et des cercles d’amateurs éclairés qui présidèrent à la destinée du musée dijonnais.

La filiation des cercles érudits et artistiques dijonnais

Né à Dijon le 8 février 1842 (AD Côte-d’Or, FRAD021EC 239/300), Henri Grangier est le fils unique d’Augustin Grangier (1802-1869), natif de Besançon et maître de forges dans le Jura (Gaitet, L., 1917, p. XI). Il descend par sa mère, Pauline Corbabon (1815-1867), du parlementaire dijonnais François Vivant Corbabon (1756-1822), cet arrière-grand-père étant lui-même lié par son mariage à l’un des plus éminents antiquaires et érudits dijonnais, le magistrat Louis Bénigne Baudot (1764-1844). Au décès de ses parents à la fin des années 1860, Henri Grangier hérite de maisons et d’un hôtel à Dijon, et surtout d’une immense fortune formée des propriétés et des rentes de nombreux domaines, notamment à Vichy, Gilly-les-Citeaux, et à Vougeot (Gras, C., 2000, p. 273).

Sophie Grangier, née Villeneuve, a vu le jour le 22 août 1851 (AD 21, FRAD021EC 239/319), à l’hôtel Saint-Louis, 18 rue Bossuet à Dijon. Elle est la fille unique de Marie-Rosalie Moret et du fouriériste Paul-Emile Villeneuve (1813-1897), médecin aliéniste dijonnais, qui fut le directeur de l’asile départemental de Côte d’Or de 1846 à 1847, avant de cesser son activité en 1854 pour se retirer dans le château de ses beaux-parents à Villecomte, près d’Is-sur-Tille (Côte d’Or). Une notice biographique consacrée, en 1917, aux donateurs Grangier ne manque pas d’évoquer combien le père de Sophie, Paul-Emile Villeneuve, « aimait s’entourer de penseurs, de littérateurs et d’artistes» (Gaitet, L., 1917, p. X), à commencer par le sculpteur François Rude (1784-1855) et son épouse la peintre Sophie Fremiet (1797-1867), cette dernière livrant en 1838 un portrait du jeune étudiant en médecine, un temps accueilli à Paris par le couple d’artistes (tableau conservé au musée des Beaux-Arts de Dijon, inv. 2481).

Une passion de la collection

Le 17 octobre 1871, Sophie Villeneuve, alors âgée de 20 ans, et Henri Grangier, propriétaire, âgé de 29 ans, domicilié à Vougeot (Côte d’Or), s’unissent à Villecomte (AD 21, FRAD021EC 692/006). Sans enfants, les époux Grangier dédièrent leur fortune à la philanthropie et à la constitution d’une éclectique collection d’objets d’art. C’est à Vougeot principalement (où Henri Grangier exerça plusieurs mandats de maire entre 1870 et 1884) que cette collection fut réunie par le couple, dans une grande galerie qu’ils firent aménager spécifiquement au premier étage du château des Gaillots, la grande demeure de style néo-classique que le père d’Henri avait fait construire en 1862 (détruite en 1938, voir Bezault, F., 2021). Dans son Portrait de Mme Sophie Grangier (1910, musée des Beaux-Arts de Dijon, inv. 2248), le peintre et conservateur Louis Gaitet (1836-1919) restitue le décor néo-gothique de cette galerie de Vougeot, où (ainsi que le tableau le montre) se répondent pêle-mêle un cabinet d’ébène des Flandres du XVIIe siècle, des grès allemands, une sculpture de l’école bourguignonne et des pièces d’orfèvrerie liturgique disposées non loin d’une défense sculptée d’Afrique. Une part moindre de la collection des Grangier (mobilier et céramiques) agrémente l’hôtel dijonnais du 20 rue Chabot-Charny où le couple séjourne à la mauvaise saison.

Cette passion pour les arts conduit les époux Grangier à nouer des relations fortes et régulières avec le musée dijonnais et son conservateur Albert Joliet (1839-1928). Henri Grangier est ainsi membre de la commission du musée de Dijon de 1900 à 1902 (Archives du musée des Beaux-Arts de Dijon, C1) et siège aux séances autant que le lui permet sa santé fragile. Favorisant les liens de l’institution muséale avec le monde des artistes, des érudits et des notabilités locales, la commission du musée de Dijon avait aussi sans doute pour mission, en y attirant des personnalités comme Henri Grangier, de susciter les libéralités de collectionneurs, particulièrement quand ils étaient sans héritiers directs... Mais les Grangier n’attendirent pas leur projet de legs pour contribuer à l’enrichissement des collections dijonnaises : en 1902, l’année de la disparition soudaine d’Henri Grangier lors d’un séjour thermal à Saint-Gervais-les-Bains (le 5 août 1902, AD 74, 4 E 4311), le couple avait ainsi financé l’acquisition de la statue d’Antoinette de Fontette (inv. 1635), permettant alors à la Ville de Dijon de l’emporter sur le musée du Louvre, qui convoitait aussi la remarquable sculpture bourguignonne du XVIsiècle (Archives du musée des Beaux-Arts de Dijon, Aa 15).

Les philanthropes de la ville de Dijon

Par des dispositions testamentaires rédigées l’année suivant le décès de son époux, Sophie Grangier entérine avec force l’attachement du couple au musée de leur ville natale : son testament du 15 juillet 1903 (suivi des codicilles de la même année, puis de 1904 et 1905) fait de l’Hôpital général de Dijon son légataire universel, le chargeant de la délivrance de legs à plusieurs communes et hôpitaux de Côte d’Or, à de nombreuses sociétés d’assistance et associations culturelles, ainsi qu’à l’Université de Dijon et au musée de Dijon. Ce dernier doit recevoir « en toute propriété les tableaux, objets d’art, meubles qui seront dans la galerie de [son] habitation de Vougeot, ainsi que les tableaux qui se trouveront dans le fumoir et le salon de cette habitation », don que complètent du mobilier et des objets d’art précisément décrits et localisés dans l’hôtel de la rue Chabot-Charny, ainsi que « les vitraux anciens qui se trouveront dans [ses] diverses habitations » (AM Dijon, 4 R1/146). Ce legs de la collection s’accompagne d’une somme de 30 000 francs destinée aux frais d’entretien de l’ensemble et surtout à son installation dans le parcours de visite du musée.

Sophie Grangier s’éteint à Dijon le 28 décembre 1905 (AD 21, FRAD021EC 239/471). Par délibération du conseil municipal du 1er juin 1906, la Ville de Dijon accepte sans tarder son legs exceptionnel. Mais il faut toutefois attendre l’arrêté du Conseil d’État en date du 29 janvier 1908 (AM Dijon, 4 R1/146), autorisant la municipalité à recevoir définitivement les libéralités de la veuve Grangier, pour que la reconnaissance de la Ville de Dijon trouve à s’exprimer dans deux projets d’importance : l’ouverture au public d’une « Salle Grangier » au musée de Dijon et le lancement en 1912 d’un concours pour un monument en hommage aux bienfaiteurs, projet de fontaine-bassin qui sera confié au sculpteur dijonnais Paul Gasq (1860-1944) et inauguré en 1916 sur la place de l’Hôtel des postes, baptisée du nom des Grangier dès 1911.

Article rédigé par Catherine Tran-Bourdonneau

Commentaire biographique : 

Major benefactors of the city of Dijon at the dawn of the 20th century, Henri Grangier (1842-1902) and his wife Sophie (1851-1905), née Villeneuve, were key figures in the circles of local collectors and enlightened amateurs who determined the destiny of the Musée de Dijon.

The Affiliation of Academic and Artistic Circles in Dijon

Born in Dijon on February 8, 1842 (AD Côte-d'Or, FRAD021EC 239/300), Henri Grangier was the only son of Augustin Grangier (1802-1869), a native of Besançon and forge master in the Jura (Gaitet, L., 1917, p. XI). Through his mother, Pauline Corbabon (1815-1867), he was a descendant of the Dijon parliamentarian François Vivant Corbabon (1756-1822), his great-grandfather, who was himself linked by his marriage to one of the most eminent antique dealers and scholars of Dijon, the magistrate Louis Bénigne Baudot (1764-1844). When his parents died at the end of the 1860s, Henri Grangier inherited houses and a hotel in Dijon, and above all an immense fortune made up of properties and income from numerous estates, notably in Vichy, Gilly-les- Citeaux, and Vougeot (Gras, C., 2000, p. 273).

Sophie Grangier, née Villeneuve, was born on August 22, 1851 (AD 21, FRAD021EC 239/319), at the Hôtel Saint-Louis, 18 rue Bossuet in Dijon. She was the only daughter of Marie-Rosalie Moret and the Fourierist Paul-Emile Villeneuve (1813-1897), an alienist doctor from Dijon, who was the director of the asylum of the departmental of Côte d'Or from 1846 to 1847, before ceasing his activity in 1854 to retire to the château of his parents-in-law in Villecomte, near Is-sur-Tille (Côte d'Or). A biographical notice devoted to the Grangier benefactors in 1917 points out how much Sophie's father, Paul-Emile Villeneuve, "liked to surround himself with thinkers, writers, and artists" (Gaitet, L., 1917, p. X), starting with the sculptor François Rude (1784-1855) and his wife the painter Sophie Fremiet (1797-1867), who in 1838 made a portrait of the young medical student, whom the artist couple hosted in Paris (painting conserved at the  Musée des Beaux-Arts de Dijon, inv. 2481).

A Passion for Collecting

On October 17, 1871, Sophie Villeneuve, then 20 years old, and Henri Grangier, landlord, 29 years old, living in Vougeot (Côte d'Or), married in Villecomte (AD 21, FRAD021EC 692/006). Childless, the Grangier couple dedicated their fortune to philanthropy and to building up an eclectic collection of art works. It was mainly in Vougeot (where Henri Grangier served several terms as mayor between 1870 and 1884) that this collection was brought together by the couple in a large gallery that they had specifically fitted out on the first floor of the Château des Gaillots, the large neo-classical style residence that Henri's father had built in 1862 (destroyed in 1938, see Bezault, F., 2021). In his Portrait de Mme Sophie Grangier (1910, Musée des Beaux-Arts de Dijon, inv. 2248), the painter and curator Louis Gaitet (1836-1919) restored the neo-Gothic decor of this Vougeot gallery, in which (as well as can be shown in the painting) an ebony cabinet from Flanders from the 17th century, German stoneware, a sculpture from the Burgundian school, and pieces of liturgical goldsmithery are arranged pell-mell not far from a carved tusk from Africa. A smaller part of the Grangier collection (furniture and ceramics) decorated the Dijon property at 20 rue Chabot-Charny where the couple stayed during the unfavourable season.

This passion for the arts led the Grangier couple to establish strong and regular relations with the Dijon museum and its curator Albert Joliet (1839-1928). Henri Grangier was thus a member of the commission of the Dijon museum from 1900 to 1902 (Archives du musée des Beaux-Arts de Dijon, C1) and sat at the meetings as much as his fragile health allowed him. Promoting the links of the museum institution with the world of artists, scholars and local notables, the Dijon museum commission also undoubtedly aimed to inspire the generosity of collectors — particularly those without direct heirs — by attracting personalities such as Henri Grangier. The Grangiers, however, did not wait for their bequest project to contribute to the enrichment of the Dijon collections: in 1902, the year of the sudden disappearance of Henri Grangier during a stay spa in Saint-Gervais-les-Bains (August 5, 1902, AD 74, 4 E 4311), the couple had thus financed the acquisition of the statue of Antoinette de Fontette (inv. 1635), thus allowing the city of Dijon to prevail over the Louvre, which also coveted the remarkable Burgundian sculpture of the 16th century (Archives of the Musée des Beaux-Arts de Dijon, Aa 15).

Philanthropists of the City of Dijon

Through testamentary dispositions drawn up the year after her husband's death, Sophie Grangier strongly affirmed the couple's attachment to their hometown museum: her will of July 15, 1903 (followed by the codicils of the same year, then of 1904 and 1905) made the General Hospital of Dijon their universal legatee, giving it the responsibility to deliver legacies to several municipalities and hospitals of the Côte d'Or, to many assistance companies and cultural associations, and also to the university and the museum of Dijon. The latter was to receive "in full ownership the paintings, objets d'art, furniture in the gallery of [his] residence in Vougeot, as well as the paintings in the smoking room and the living room of this residence", a gift that added to the furniture and works of art precisely described and located in the hotel on rue Chabot-Charny, as well as "the old stained glass windows in [his] various residences" (AM Dijon, 4 R1/146). This legacy of the collection was accompanied by a sum of 30,000 francs intended for its maintenance costs and especially for its installation in the visitor’s path through the museum.

Sophie Grangier died in Dijon on December 28, 1905 (AD 21, FRAD021EC 239/471). By deliberation of the municipal council on June 1, 1906, the city of Dijon accepted her exceptional legacy without delay. But it was necessary to wait for the decree of the Council of State dated January 29, 1908 (AM Dijon, 4 R1/146), authorising the municipality to definitively accept the widow’s generosity, for the acceptance by Dijon to become actualised in two important projects: the opening to the public of a "Salle Grangier" at the Dijon museum and the launch in 1912 of a competition for a monument in homage to benefactors, a fountain-basin ultimately entrusted to the Dijon sculptor Paul Gasq (1860-1944), inaugurated in 1916 on the Place de l'Hôtel des Postes and named after the Grangier family in 1911.

Article by Catherine Tran-Bourdonneau (Translated by Jennifer Donnelly)

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Liens entre personnes
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Sophie Grangier est l'épouse d'Henri Grangier

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En 1910, Louis Gaitet peint le Portrait de Mme Sophie Grangier (musée des Beaux-Arts de Dijon, inv. 2248). En 1917, il rédige également un Catalogue de la collection Henri et Sophie Grangier.

(Source : notice Agorha « Henri et Sophie Grangier » rédigée par Catherine Tran-Bourdonneau)

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À Paris, Sophie et Henri Grangier ont acquis des œuvres lors de la vente du marchand Frédéric Spitzer en 1893. (Source : notice Agorha « Henri et Sophie Grangier » rédigée par Catherine Tran-Bourdonneau)

Bibliographies / archives
Source
Institut national d'histoire de l'art (France)
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Catherine Tran-Bourdonneau