La Prière du Christ au mont des Oliviers et la Déploration

Volet de retable constitué d’une planche de bois présentant deux scènes de la Passion superposées, sculptées en bas-relief sur une face (autre face : peinte). Le volet est encadré d’une bordure sculptée d’une ligne de petits motifs circulaires entourée de deux cordons torsadés. Une bordure médiane de même type sépare les deux scènes qui sont chacune surmontée d’un arc en plein-cintre sculpté de motifs semblables. Aux angles supérieurs des deux registres, les écoinçons sont ornés de motifs végétaux (chardons ?). Un élément est assemblé au milieu de la face peinte du volet : une baguette horizontale sculptée (H. 35,4 cm ; L. 33 cm ; P. 2 cm environ) fixée par deux chevilles (diamètre : 1 cm environ).

- Détails sculptés à la surface du bois : décor des bordures, végétaux aux bords dentelés dans les écoinçons et surface du sol des scènes de la Passion.

- Quelques fentes en partie centrale.

- Traces de charnières (d’origine ?) : sur le côté latéral senestre, deux cavités en partie supérieure et deux en partie inférieure.

- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).

- Principaux manques : au registre supérieur, extrémité du nez de saint Pierre ; au registre inférieur, bâton du personnage masculin à senestre ; nombreux éclats sur les scènes sculptées, les motifs floraux et sur les bords du relief.

- Intervention postérieure : percement au centre dans le haut du relief.

Traces de polychromie (d’origine ?) et polychromie postérieure (probablement 19e siècle). Description de la polychromie actuellement visible :

- Certains vêtements et parties de vêtements (notamment la tunique du Christ et le manteau de saint Jean), toits des édifices de la ville : rouge.

- Certains vêtements, fond du relief, paysage : gris sombre.

- Pan de la robe de saint Pierre : blanc.

- Fond du relief dans les écoinçons : bleu (probablement azurite) ; gris sombre.

- Cheveux de saint Jean, feuilles et cœurs des motifs végétaux des écoinçons : brun clair.

- Carnations : brun clair (rose sous-jacent).

Les représentations sculptées de la Prière du Christ au mont des Oliviers et de la Déploration prennent pour modèles deux gravures de Hans Schäufelein illustrant le Speculum passionis domini nostri Ihesu Christi, ouvrage d’Ulrich Pinder imprimé à Nuremberg en 1507.

Le relief de la Prière du Christ au mont des Oliviers, comme l’œuvre gravée, réunit des éléments traditionnels de l’iconographie de la scène, inspirée des évangiles (Matthieu 26, 36-46 ; Marc 14, 32-42 ; Luc 22, 39-46). Dans un paysage montagneux évoquant le mont des Oliviers, Pierre, Jacques le Majeur et Jean, les trois apôtres venus avec le Christ, se sont endormis pendant que leur maître priait seul, en détresse à l’approche du supplice. L’attitude du Christ, agenouillé, les yeux levés vers le calice posé sur un rocher, illustre le texte évangélique : « […] fléchissant les genoux, il priait : « Père, disait-il, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ! » Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait. » (Luc 22, 41-43). L’ange est absent de la sculpture comme de la gravure de Schäufelein. Les deux apôtres allongés au premier plan sont reconnaissables à leurs types traditionnels : à senestre Pierre, chauve et barbu, à dextre, Jean imberbe et bouclé. L’apôtre assis vu de dos est Jacques le Majeur. Au loin s’avancent les soldats venus arrêter le Christ sous la conduite de Judas. L’un d’eux tient une lanterne indiquant que la scène se passe de nuit. La troupe s’apprête à franchir la barrière de branches entrelacées (plesse ou plessis) qui évoque la clôture du domaine de Gethsémani (cité par Matthieu 26, 36), au mont des Oliviers. Cette clôture, la ville de Jérusalem à l’arrière-plan, les reptiles et les batraciens sur le sol sont des éléments ajoutés par le sculpteur.

La scène de la Déploration, dite aussi Lamentation sur le corps du Christ mort, qui ne correspond pas à un épisode des évangiles, s'intercale entre la Descente de croix et la Mise au tombeau dans le cycle de la Passion. Le thème, d'origine byzantine, est largement répandu à la fin du Moyen Âge. Comme dans la gravure de Schäufelein, la scène se déroule au pied de la croix à laquelle est adossée une échelle maintenue par un homme (Nicodème ?) près duquel se tient un personnage masculin. Le tombeau ouvert et la ville de Jérusalem apparaissent au loin dans le paysage montagneux. La Vierge, saint Jean et deux saintes femmes pleurent le Christ mort, à demi étendu à terre sur le linceul, le buste soutenu par Joseph d’Arimathie.

Origine inconnue. Collection Pierre Marie (Paris, 1853 - Cannes, 1940). Don sous réserve d'usufruit de M. et Mme Pierre Marie, 1929. Usufruit levé en 1940.

Volet dextre d’un retable de la Passion dont provient également le volet senestre, La Flagellation, Le Couronnement d’épines (PPS 2062). La caisse du retable abritait probablement la scène de la Crucifixion.

Œuvre inédite

œuvre d'inspiration