Portrait de Jacques Ernault, maire d’Angers
L’identité du maire angevin Jacques Ernault, seigneur de la Daumerie, est confirmée par ses armoiries (parti, au 1 coupé d'or, à l'aigle éployée de gueules, et d'argent, à une tête de loup de sable; au 2 d'argent, au lion de gueules) et l’inscription au bas de la toile. Né en 1536 et décédé en 1622, il occupe plusieurs charges municipales d’importance. Il est notamment juge-magistrat en la sénéchaussée, conseiller au présidial d’Angers en 1569, échevin en 1589 et enfin maire en 1600 et 1607. Cette copie du XIXe siècle fut offerte par un de ses descendants directs, Henri Ernault de Moulins (1833-1910), d’après l’original peut-être encore conservé en mains privées. Cette version était autrefois exposée dans la Salon d’honneur de l’Hôtel de ville d’Angers, avant d’intégrer les collections du musée des Beaux-Arts. D’après des témoignages d’Aimé de Soland et Célestin Port, des portraits réalisés par la dynastie des Lagouz se trouvaient précisément à l’Hôtel de ville (A . de Soland, “Histoire des rues d’Angers”, Bulletin historique et monumental de l’Anjou, 1868, p. 74 ; C. Port, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, II, Paris-Angers, 1876, p. 437). Ils se basent notamment sur un témoignage contemporain du greffier Jean Louvet : “les Lagouz père et fils, peintres grandement estimez pour peindre, comme il se peut voir tant dans les églises qu’à l’hostel et maison de la ville, où il y a des portraictz au naturel de grand nombre d’habitants de la ville d’Angers, de qualité, tant de justice, maires, échevins, que ecclésiastiques et aultres habitans d’honneur et de qualité, juges et consuls”. Jean Lagouz le Jeune semble avoir été particulièrement reconnu pour son talent de portraitiste, si l’on en croit une anecdote rapportée par Célestin Port et un témoignage de Claude Ménard (Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, II, Paris/Angers, 1876, p. 437).
Ces éléments de vraisemblance historique pourraient donc nous inciter à y voir prudemment une œuvre d’un des Lagouz, peut-être Jean le Jeune. Cette hypothèse est renforcée par l’autoportrait présumé de Jean Lagouz qui est gravé pour les Pandectes angevines de Claude Ménard, car il partage les mêmes caractéristiques morphologiques avec le portrait de Jacques Ernault. Quoiqu’il en soit, le visage du maire n’est pas sans évoquer des portraits angevins gravés à la fin du XVIe siècle, notamment ceux du jurisconsulte Pierre Ayrault (1536-1601) et du maire François Lasnier, qui présentent également des traits assez sommaires et comme géométrisés. On peut aussi le comparer au présumé autoportrait gravé de Jean Lagouz le Jeune, qui partage les mêmes caractéristiques morphologiques. Ces estampes pourraient se baser elle aussi sur des portraits peints de Jean Lagouz le Jeune aujourd’hui perdus.
Jacques Ernault Ecuryer Sr de la Daumerie et de Charost- / doyen du présidial d'Angers-Maire en 1600 et 1607 / décédé le 10 novembre 1622 agé de 85 ans- / offert à la ville d'Angers par son descendant henry Ernault de Moulins- / d'après [un portrait du XVII]ème Siècle.
d'après un original de 1600-1610
don de Henri Ernault de Moulins, d'après l'original conservé dans sa famille ; Angers, Hôtel de ville, Salon d’honneur ; Angers, musée des Beaux-Arts, inv. 0000.53.1