Relief appliqué contre la face interne d’un volet de retable.
- Observation, Juliette Levy-Hinstin, Sophie Guillot de Suduiraut, 2007.
- Identification du bois, Élisabeth Ravaud, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2011.
- Analyse de la polychromie, Yannick Vandenberghe, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2011.
Relief taillé dans une planche de pin cembro, dit aussi pin arolle (bois fibreux et très noueux), avec éléments secondaires assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : une cavité ovale sur la tête ; une cavité ovale sous la base.
- Revers plat grossièrement dressé ; sur la tête, intérieur de la couronne travaillé à coups de gouge parallèles.
- Éléments assemblés : main gauche (disparue) ; les fleurons de la couronne ; petites boules en bois (disparues), pour imiter des perles ou des pierres précieuses, rapportées sur la couronne et à l’encolure de la robe.
- Traces de fixation du relief sur le volet du retable : trous pour des chevilles sur la robe et le manteau.
- Principaux manques : petites boules en bois ; partie centrale du bord du pied du calice ; main gauche ; moitié inférieure dextre du relief ; éclats sur les cheveux, le calice, les vêtements et la base.
Polychromie d’origine lacunaire avec restes de polychromies postérieures.
1. Polychromie d’origine :
Toile encollée localement. Préparation blanche (sulfate de calcium et colle protéinique, type colle animale).
- Manteau, bordure de la robe, calice : bol, or.
- Cheveux : couche ocrée (probablement mixtion), or (?).
- Revers du manteau : sous-couche bleu foncé (mélange de terre et de blanc de plomb ; colorant : indigo), bleu (azurite, faible quantité de blanc de plomb, rares grains de vermillon).
- Robe : rouge (sulfate de calcium coloré par des oxydes de fer, terre, grains de roches dolomitiques - carbonate double de calcium et de magnésium), rouge (vermillon) ; ligne rouge (terre, pigment au plomb, sulfate de calcium, carbonate de calcium) soulignant la bordure dorée du bas de la robe.
- Chaussures : noir.
- Sol : vert.
- Carnations : rose (blanc de plomb, grains de vermillon) ; sourcils, yeux (iris) : brun clair.
2. Polychromies postérieures :
- Revers du manteau : bleu clair.
- Robe : gris bleuté (blanc de plomb, quelques grains d’azurite), couche rouge orangé (minium) supprimée.
- Chaussures : rouge.
- Carnations : blanc (blanc de plomb), rose (blanc de plomb, rares grains de vermillon).
Le calice permet de reconnaitre l’image de sainte Barbe, dont les cheveux dénoués et la couronne désignent comme jeune vierge et martyre. Ce type iconographique se fonde sur les récits légendaires de la vie de sainte Barbe au 3e siècle, enfermée dans une tour en raison de sa beauté et de son refus de renoncer à sa foi chrétienne, suppliciée, puis décapitée par son père Dioscure. Au moment de mourir, Barbe adressa à Dieu une prière en faveur de tous ceux qui l'invoqueraient pour avoir l'assurance de recevoir les sacrements avant d’expirer : ainsi la sainte protège-t-elle de la mort subite. Le calice de sainte Barbe évoque la dernière communion reçue par les agonisants et son rôle de protectrice des mourants. À ce titre, la sainte compte parmi les Intercesseurs (en allemand, Vierzehn Nothelfer ; en latin, auxiliatores), un ensemble de quatorze saintes et saints ayant le pouvoir d’intercéder auprès de Dieu pour l’humanité en péril de mort, de maladies ou d’épidémies. Développée en Allemagne du Sud à la fin du 14e siècle, la dévotion envers ce groupe de saints s’est amplifiée après le milieu du 15e siècle, en particulier à la suite de la vision d’un jeune berger à Langheim en Franconie.
Attribution à un sculpteur tyrolien (Sophie Guillot de Suduiraut, communication écrite, 2007). Les matériaux utilisés et le style de la sculpture indiquent une origine tyrolienne. L’emploi de pin cembro, de sulfate de calcium (préparation, couche colorée) et de roches dolomitiques (couche colorée) est caractéristique des ateliers du Tyrol du Sud. La Sainte Barbe s’apparente stylistiquement aux sculptures de l’entourage de Narziss von Bozen (cité à Bozen à partir de 1475-Bozen, 1517).
Autriche, Tyrol du Sud (Südtirol, actuellement Italie, Haut Adige).
Origine inconnue. Collection d'Auguste-François Alfred Béthouart (1839-1907) et de son épouse née Augustine Marie Pauline Chauveau. Legs de cette dernière, 1933.
Les parentés stylistiques et techniques qui unissent la Sainte Barbe et le Christ de douleur du musée de Chartres incitent à proposer l’hypothèse d’une origine commune : les deux sculptures pourraient provenir du même retable (communication orale, Sophie Guillot de Suduiraut, 2020).
p. 34 (« Sainte Odile. Calice dans la main droite […] »).