Le Martyre de saint Sébastien du retable de saint Sébastien

La scène du Martyre de saint Sébastien est composée de deux parties juxtaposées représentant à dextre, deux soldats armés d’arbalètes (arbalétriers), et à senestre, saint Sébastien, le gouverneur de Rome et l’empereur Dioclétien. La jonction des deux parties est située à la base, au centre de la scène. Chaque partie est constituée d’une pièce principale de bois (probablement tilleul) avec éléments secondaires assemblés.

1.Partie dextre :

- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : non discernées sur les têtes ; sous la base, deux cavités rectangulaires.

- Revers partiellement travaillé, revers plat au dos du soldat debout.

- Éléments assemblés : la partie avant de la base ; les plumes du chapeau du soldat debout, son carquois (cheville arasée), les boutons des manches de son vêtement et plusieurs parties (manquantes) de son arbalète (sur le fût, deux chevilles arasées, sur chaque main, une cheville) ; plusieurs parties de l’arbalète du soldat agenouillé.

- Traces d’outils : travail au tremblé sur le sol.

- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).

- Principaux manques : plusieurs parties de l’arbalète du soldat debout et un bouton sur sa manche droite ; éclats sur les visages et les mains, les vêtements, l’extrémité brisée du fût de l’arbalète et le bord dextre de la base.

- Interventions postérieures : clou forgé sur la tête du soldat agenouillé pour maintenir la partie (manquante) de l’arbalète du soldat debout ; deux clous pour fixer le carquois du soldat debout ; nombreux comblements en surface.

2.Partie senestre :

- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : non discernées sur les têtes ; sous la base, deux cavités rectangulaires.

- Revers partiellement travaillé ; revers évidé au dos du gouverneur et de l’empereur : traces de gouge et de hache.

- Éléments assemblés : certaines branches et parties des feuilles de l’arbre ; l’extrémité des seins de saint Sébastien ; certains doigts du saint et du gouverneur (ou éléments restitués ?) ; six carreaux d’arbalète (manquants) qui étaient insérés dans des cavités ou des percements (plusieurs avec restes de pointes) : un sous l’aisselle gauche de saint Sébastien, un sous chaque poignet droit et trois sur sa jambe gauche ; la main gauche et le haut (disparu) de son sceptre (une cavité).

- Traces d’outils : travail au tremblé sur le sol ; évocation de l’aspect d’une fourrure sur le col et au revers du manteau de l’empereur : travail en surface du bois ou dans la préparation ?

- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).

- Principaux manques : extrémité d’une branche de l’arbre à dextre et de la branche sous l’aisselle droite du saint Sébastien ; les six carreaux d’arbalète ; l’auriculaire de la main droite du gouverneur et l’annulaire de sa main gauche ; le haut du sceptre ; une partie de la base à senestre ; éclats, notamment sur les cheveux, la barbe, la couronne, les vêtements, l’arbre et les bords de la base.

Rares vestiges de la polychromie d’origine et polychromie postérieure.

Description de la polychromie actuellement visible :

- Vêtements, chapeaux, carquois, arbalètes des deux soldats : restes de glacis rouge d’origine sur les vêtements du soldat debout ; or, rouge, vert, blanc, brun ocré, noir, bleu.

- Périzonium et cheveux de saint Sébastien, couronne et sceptre de l’empereur : or.

- Manteau de l’empereur : à l’origine décors moulés et appliqués ? ; motifs végétaux blancs, rouges et verts sur fond doré.

- Col et revers du manteau de l’empereur : blanc et motifs noirs, évocation de l’aspect d’une fourrure d’hermine (travail en surface du bois ou dans la préparation ?)

- Vêtement et chapeau du gouverneur : rouge, or.

- Arbre : tronc brun et feuilles vertes.

- Sol : vert et brun.

- Cheveux du soldat debout et du gouverneur : brun.

- Cheveux et barbe de l’empereur : gris.

- Carnations : rose, rose soutenu sur les joues et le visage du gouverneur ; coulures de rouge pour évoquer le sang sur le corps de saint Sébastien.

La scène du Martyre de saint Sébastien réunit cinq personnages : deux soldats armés d’arbalètes, saint Sébastien, le gouverneur de Rome et l’empereur Dioclétien, qui ordonna de faire percer de flèches le martyr chrétien, centurion dans l’armée romaine à la fin du 3e siècle. La représentation reprend plusieurs éléments de formules iconographiques traditionnelles aux 15^e et 16^e siècles. Les archers sont ainsi souvent remplacés par des arbalétriers. Saint Sébastien est attaché à un arbre, le corps dénudé ceint d’un périzonium, criblé des traits décochés par les bourreaux. Selon une variante fréquente, ses bras sont liés aux branches l’un levé, l’autre abaissé. Saint Sébastien est l’un des saints les plus populaires à la fin du Moyen Âge, invoqué contre les épidémies de peste et patron de nombreuses confréries. Il compte parmi les Quatorze Intercesseurs (en allemand, Vierzehn Nothelfer ; en latin, auxiliatores), un ensemble de quatorze saintes et saints ayant le pouvoir d’intercéder auprès de Dieu pour l’humanité en péril de mort, de maladies ou d’épidémies. Développée en Allemagne du Sud à la fin du 14e siècle, la dévotion envers ce groupe de saints s’est amplifiée après le milieu du 15e siècle, en particulier à la suite de la vision d’un jeune berger à Langheim en Franconie.

Provient de l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Neuwiller-lès-Saverne (Bas-Rhin). Acquis par la Société pour la conservation des Monuments historiques d'Alsace, 1902 (n° 1013). Dépôt au Musée de l’Œuvre Notre-Dame, Strasbourg (MOND 508).

p. 214-216 (Alsace, fin du 15e siècle ou du début du 16e siècle).

p. 174-175 (Basse-Alsace, fin du 15e ou du début du 16e siècle).

p. 101, n° 1040 (« Autel de Saint-Sébastien, placé jadis dans la chapelle supérieure de l’église collégiale de S^.-Pierre-et Paul de Neuwiller […]. Les peintures et les sculptures d’environ 1500. École du Haut-Rhin. Société pour la conservation des Monuments historiques d'Alsace, Strasbourg. »).