Dobrée, Thomas
Fils de l’armateur Pierre-Frédéric Dobrée (1757-1801) et de Marie-Rose Schweighauser (1757-1781), Thomas (I) Dobrée (1781-1828) est élevé par ses grands-parents de Guernesey après le décès de sa mère peu après sa naissance. Il fait son apprentissage entre Guernesey, Southampton et Hambourg où il est initié aux affaires commerciales. En 1801, alors âgé de 20 ans, il rejoint Nantes pour reprendre les activités florissantes de son père. Il est introduit auprès de la riche bourgeoisie nantaise d’armateurs, négociants et directeurs des chantiers de construction navale. Dès 1812, il fonde la société Thomas Dobrée et Cie, largement financée par des fonds anglais et spécialisée dans l’armement de navires. La société joue un rôle d’importance dans la relance des activités portuaires de Nantes à la Restauration.
Le 2 avril 1808, il épouse à Hambourg Frédérique Möller, née à Nantes en 1786. Ils ont un fils Jean Frédéric Thomas (1810-1895), couramment surnommé Thomas (II) Dobrée, qui sera à l’origine du musée Dobrée. Thomas (I) Dobrée diversifie ses activités en se lançant dans l’aventure de la pêche à la baleine, en soutenant le développement de la métallurgie, en créant un procédé de doublage en feutre pour la protection des carènes de navire. Il est conseiller municipal et juge élu au tribunal de commerce de Nantes à partir de 1813. Il faut souligner qu’il ne pratique pas la traite négrière, et sa position abolitionniste est une exception dans le monde des négociants nantais de la Restauration.
À partir de 1818, Thomas (I) Dobrée relance aussi les relations commerciales avec la Chine, en armant son navire le Fils-De-France à destination de Canton. C’est le premier navire français à pénétrer dans le port de Canton après 25 ans d’interruption. Le navire revient à Saint-Nazaire en 1819 avec un chargement d’une richesse extraordinaire. La cargaison de Chine comprend 380 tonnes de thés verts et bruns, 45 000 pièces de nankin, 14,5 tonnes de cannelle de Chine, 6 caisses de soie écrue de Nankin, 9 caisses d’encre de Chine, 2 200 éventails en ivoire, os, bois de santal ou écaille, ainsi que de la rhubarbe, des produits de teinture, des fleurs, des plumes d’autruche, six caisses de cheveux de femme, ainsi que des tableaux « tout à fait chinois » (AM Nantes, 2-A-115).
En 1824, Dobrée et son associé Dubois-Viollette affrètent pour la Chine l’Aimable Créole dont le périple dure deux ans (1824-1826). Les instructions sont précises quant à la cargaison de retour.
En 1826, le Fils-de-France repart pour Canton avec un subrécargue américain, Potts. Il est de retour en France en 1827 avec 9 805 caisses de thé, de la cannelle, 470 caisses de papier de Chine, sans compter orpiment, rotin, bambous et cannes, et divers articles de Chine... Après dix ans d’existence, six voyages dont deux vers la Chine (1818 et 1826), le Fils-de-France est vendu le 1er août 1829 puis dépecé. Il fut longtemps considéré comme le type le plus parfait des long-courriers destinés au commerce de Chine.
Thomas (I) Dobrée décède à Nantes le 15 décembre 1828. Les voyages vers la Chine qu’il a initiés sont à la fois l’image d’une continuité avec les voyages de l’Ancien Régime, et celle d’une métamorphose de la société nantaise, avec un nouveau regard porté sur l’Orient.
Article rédigé par Chrystelle Quebriac et Claire de Lalande
Son of shipowner Pierre-Frédéric Dobrée (1757-1801) and Marie-Rose Schweighhauser (1757-1781), Thomas (I) Dobrée (1781-1828) was brought up by his grandparents in Guernsey, after the death of his mother shortly after his birth. He was introduced into the business of commerce with an apprenticeship between Guernsey, Southampton and Hamburg. In 1801, then aged 20, he moved to Nantes to take over the flourishing activities of his father. He was introduced to the wealthy Nantes bourgeoisie of shipowners, merchants and directors of shipyards. In 1812, he founded the company Thomas Dobrée et Cie, largely financed by English funds and specializing in the retrofitting of ships. The company played an important role in the revival of port activities in Nantes during the Restoration.
On April 2, 1808 in Hamburg, he married Frédérique Möller who was born in Nantes in 1786. They had a son, Jean Frédéric Thomas (1810-1895), commonly nicknamed Thomas (II) Dobrée, who would be the founder of the Musée Dobrée. Thomas (I) Dobrée diversified his commercial activities by embarking on the adventure of whaling, supporting the development of metallurgy as well as creating a felt lining process for the protection of ship hulls. He was a Conseiller Municipal and elected judge to the Tribunal de Commerce de Nantes as of 1813. It should be noted that he did not participate in the slave trade, and his abolitionist position was an exception in the world of Nantes merchants during the Restoration.
From 1818, Thomas (I) Dobrée also relaunched commercial relations with China, retrofitting his ship the Fils-De-France for a voyage to Canton. It was the first French ship to enter the port of Canton after a 25 year interruption. The ship returned to Saint-Nazaire in 1819 with an extraordinarily rich cargo. The shipment from China included 380 tons of green and brown teas, 45,000 pieces of nankeen cotton, 14.5 tons of Chinese cinnamon, 6 cases of unbleached nankeen silk, 9 cases of Indian ink, 2,200 fans made of ivory, bone, sandalwood or tortoiseshell, as well as rhubarb, dyes, flowers, ostrich feathers, six boxes of women's hair, as well as paintings cited as "tout à fait chinois” (AM Nantes, 2 -A-115).
In 1824, Dobrée and his partner Dubois-Viollette chartered the Aimable Créole for China for a two-year journey (1824-1826). The instructions were specific concerning the return cargo.
In 1826, the Fils-de-France left for Canton with an American supercargo named Potts. The latter returned to France in 1827 with 9,805 cases of tea, cinnamon, 470 cases of Chinese paper, not to mention orpiment, rattan, bamboo and cane as well as various Chinese articles ... After ten years with six trips including two to China (1818 and 1826), the Fils-de-France was sold on August 1, 1829 and then dismantled. It was long considered the most perfect type of long-haul ships destined for trade with China.
Thomas (I) Dobrée died in Nantes on December 15, 1828. The trips he initiated to China are both epitomic with the voyages undertook during the Ancien Régime, and that of a metamorphosis of Nantes society, with its new focus on the Orient.
Article by Chrystelle Quebriac and Claire de Lalande (Translated by Benjamin West)
[Objets collectionnés] porcelaines, laques, éventails, gouaches sur papier et huiles sur toile.
Si ces échanges avec la Chine sont avant tout commerciaux, Thomas (I) Dobrée profite également des traversées pour commander des objets d’art chinois, destinés à être vendus mais aussi pour satisfaire son goût personnel, dont la grande partie rejoindra les collections du musée fondé par son fils. Porcelaines, boîtes à thé, éventails sont ainsi parfois réalisés à partir des propres dessins de Thomas (I). Certains de ces objets portent le nom du Fils-De-France ou les armoiries des Dobrée avec leur devise « Fais que tu dois, advienne que pourra ». Ces commandes révèlent le goût de Dobrée pour la civilisation chinoise, bien qu’il n’ait jamais voyagé en Extrême-Orient.
Article rédigé par Chrystelle Quebriac and Claire de Lalande
Even if these exchanges with China were above all commercial, Thomas (I) Dobrée also took advantage of the crossings to order Chinese art objects, intended both for sale and to satisfy his personal taste. Most of these objects later joined the collections of the museum founded by his son. There are even examples of porcelain, tea canisters and fans made from Thomas's (I° own drawings. Some of these objects bear the name of the Fils-de-France or the coat of arms of the Dobrée family with their motto “Fais que tu dois, advienne au pourra” (Do what you must, come what may). These private commissions reveal Dobrée's taste for Chinese civilization, even though he never traveled to the Far East.
Article by Chrystelle Quebriac and Claire de Lalande (Translated by Benjamin West)