Statue au revers sculpté et polychromé, conçue pour être vue sur toutes ses faces et à l'origine posée sur une console placée sur l'un des côtés de la caisse d’un retable : la sculpture représente un saint protecteur, « gardien de la caisse du retable » (en allemand Schreinwächter). La statue change de fonction au 19e siècle, elle est modifiée et présentée de face dans une caisse de retable remployée à cet effet pour créer facticement un retable de saint Georges.
Étude et restauration, Anne Gérard-Bendelé, 1991.
Sculpture en ronde-bosse taillée dans une pièce principale de bois (tilleul) avec éléments assemblés.
- Éléments assemblés : plumes et pans du turban (recollés) ; main droite ; tassettes (d’origine ?) de l’armure sur le haut des jambes (clous forgés) ; langue du dragon et dents (manquantes, une restituée) ; lance (restituée) dont l’extrémité repose dans une cavité creusée dans la gorge du dragon ; base de la statue insérée (à l’origine ?) dans un socle mouluré polygonal.
- Manques : deux dents supérieures du dragon ; plusieurs parties au revers suite au changement de fonction de la statue : à l’origine sculpture en ronde-bosse, placée à l’extérieur de la caisse d’un retable et visible sur toutes ses faces, elle est retaillée au revers au 19e siècle (traces de scie et de gouge) ; les parties saillantes de l’armure, des pans du turban, du dragon, de la base et du socle sont arasées pour adapter la sculpture à la profondeur de la caisse du retable dans laquelle elle est présentée de face, son revers n’étant plus visible.
- Autres interventions postérieures : lance restituée ; pans du turban refixés successivement par des chevilles, des clous et des vis ; patte métallique à l’extrémité du pan dextre du turban ; comblement au centre du turban ; plumes du turban recollées et fixées par des clous et des vis ; tassettes de l’armure refixées par des clous ; queue du dragon complétée à l’arrière de la cuisse droite du saint ; une dent du dragon restituée.
Restes de la polychromie d’origine et polychromie postérieure (19e siècle).
1. Polychromie d’origine :
Bois encollé, fibres végétales encollées localement, préparation blanche.
- Armure : bol brun-rouge, argent (altéré), et or sur certaines pièces de l’armure ; épargne de l’or sur le buste derrière la lance.
- Dragon : vert et jaune.
- Langue du dragon : rouge vif.
- Cheveux du saint : couche brune (mixtion ?), feuilles métalliques (or?).
- Sol : vert.
- Carnations : rose.
2. Polychromie postérieure (19e siècle) appliquée principalement sur la lance restituée, les plumes du turban, le dragon et les carnations du saint :
- Armure : reprises de l’argenture et de la dorure ?
- Lance : rouge.
- Plumes du turban : blanc et rouge.
- Dragon : vert sombre et rouge.
- Langue du dragon : glacis rouge sombre.
- Carnations : rose, avec rehauts rose plus soutenu.
L’épisode le plus populaire de l’histoire de saint Georges, diffusée en Occident par la Légende dorée de Jacques de Voragine, est le combat du saint contre le dragon. Les habitants d’une ville étaient menacés par un dragon auquel ils devaient offrir chaque jour deux brebis, puis, quand il en manqua, une brebis et un jeune homme ou une jeune fille tirés au sort. Lorsque la fille du roi fut désignée, elle fut sauvée par saint Georges, un officier de l’armée romaine qui, montant sur son cheval et faisant un signe de croix, attaqua le dragon et le transperça de sa lance. Le saint légendaire est ici représenté selon une formule iconographique traditionnelle à la fin du Moyen Âge. Debout, le jeune guerrier imberbe aux cheveux bouclés porte une armure médiévale et enfonce sa lance dans la gueule grande ouverte du dragon à ses pieds. Les pièces de son armure ont des formes aigües caractéristiques de la fin du 15e siècle. Modèle du chevalier chrétien défenseur de la foi contre le paganisme, saint Georges était très vénéré et rangé parmi les Quatorze Intercesseurs (en allemand, Vierzehn Nothelfer ; en latin, auxiliatores), quatorze saints et saintes ayant le pouvoir d’intercéder auprès de Dieu pour l’humanité en péril.
Tyrol du Sud, (Brixen ?), actuellement Italie, Haut Adige.
Origine inconnue. Ancienne collection Georges Spetz (Issenheim, 1844-Issenheim, 1914), Issenheim (Haut-Rhin). Don des héritiers de Georges Spetz, après 1918.
La statue de Saint Georges a été présentée, à la place de la sculpture d’origine, dans une caisse de retable remployée et remaniée au 19e siècle.
p. 13 (« Grande statue de St Georges dans sa niche […]. Travail de la seconde moitié du XVe siècle. »).
p. 11 (Art allemand, 15e siècle).