Sculptures du retable des Quatorze Intercesseurs

Une importante intervention a été réalisée à Munich vers 1866. Les reliefs ont été refixés par collage sur le fond de la caisse et des volets, avec adjonction de plâtre, parfois chargé de textile ou de papier journal, dont un fragment portant la mention « Munich 1866 » a permis de dater cette intervention. À cette occasion, des réseaux ajourés à motifs végétaux ont été ajoutés (restitués ?) au-dessus des reliefs, en partie supérieure de la caisse et des faces internes des deux volets. Des fleurons de même facture que les réseaux ont été placés sur le turban et les couronnes des saintes du volet senestre. La polychromie a été renouvelée, en particulier de nombreux éléments imitant des cabochons et des perles ont été ajoutés sur les couvre-chefs et les couronnes.

1. Relief du volet dextre constitué de deux planches de bois (tilleul) assemblées à plat-joint, avec éléments assemblés.

- Éléments assemblés à l’origine : main droite de saint Cyriaque ; élément supérieur (manquant) du chaudron dans la main de saint Guy ; éléments décoratifs (manquants) fixés dans six cavités contenant des vestiges de tiges en bois sur le chapeau de saint Guy ; élément fixé par une cheville sur la tête de saint Gilles ; hampe de la flèche (manquante) dans la main gauche de saint Gilles (évidement dans la paume) ; cavité à dextre sur le cou de la biche (hampe de la flèche ?) ; pointe de la flèche sur le cou de la biche à senestre.

- Détails sculptés à la surface du bois : travail au tremblé sur le sol, et sur la bordure du col du vêtement de saint Guy pour évoquer l’aspect de la fourrure.

- Traces de fixation du relief sur le volet du retable : une cheville sur l’épaule de saint Cyriaque ; en partie inférieure, une cheville et une cavité comblée par un clou.

- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).

- Principaux manques : éléments assemblés cités ci-dessus ; éclats et usures sur l’ensemble du relief.

- Interventions postérieures (vers 1866) : restitution de l’auriculaire de la main droite de saint Cyriaque et des dernières phalanges de l’annulaire et de l’auriculaire de la main gauche de saint Gilles ; ajout d’un cabochon sur le chapeau de saint Guy.

2. Relief de la caisse constitué de trois planches de bois (tilleul) collées, avec éléments assemblés.

- Éléments assemblés à l’origine : main droite (restituée) du saint à dextre (Acace ou Eustache ?) ; main de l’Enfant ; treuil dans la main gauche de saint Érasme ; main droite et partie supérieure de la lance (restituées) de saint Georges ; clou sur les mains de saint Pantaléon ; main gauche (recollée) du saint à senestre (Acace ou Eustache ?) ; traces d’éléments décoratifs (manquants) fixés dans des cavités contenant des vestiges de tiges en bois, sur le chapeau du saint à senestre (Acace ou Eustache ?), et sur les mitres des évêques et la chape de saint Nicolas.

- Détails sculptés : motifs en quadrillage sur le cercle de tête de saint Georges.

- Plusieurs fentes, notamment sur le buste et le visage de saint Christophe et de saint Georges.

- Traces de fixation du relief dans la caisse du retable : de chaque côté du relief, une cavité pour cheville (chevilles manquantes, deux clous postérieurs).

- Principaux manques : pouce, majeur, dernière phalange de l’index et de la main droite du saint à dextre (Acace ou Eustache ?) ; manivelle du treuil tenu par saint Érasme ; plusieurs éléments décoratifs fixés sur chapeau de saint Acace et les mitres ; éclats et usures sur l’ensemble du relief.

- Interventions postérieures (vers 1866) : restitution de la main droite et de l’index de la main gauche du saint à dextre (Acace ou Eustache ?) ; restitution de la lance de saint Georges, de sa main droite et des doigts de sa main gauche ; douze cabochons sur les mitres et les chapeaux ; nombreuses boules en bois et en verre coloré entourant les cabochons et placés sur certains vêtements.

3. Relief du volet senestre constitué de deux planches de bois (tilleul) assemblées à plat-joint, avec éléments assemblés.

- Éléments assemblés à l’origine : main gauche (restituée) de sainte Catherine ; main gauche de sainte Marguerite ; éléments décoratifs (manquants) fixés, dans des cavités contenant des vestiges de tiges en bois, au bord de l’encolure de la robe de sainte Marguerite ; deux rayons brisés de la roue (restitués ?) de sainte Catherine.

- Fentes, notamment sur le visage de sainte Marguerite.

- Traces de fixation du relief sur le volet du retable : de chaque côté du relief, une cheville et en partie inférieure une cheville à senestre.

Vestiges de la polychromie d’origine et restes de la polychromie postérieure (vers 1866). Bois en grande partie décapé (vers 1900 ?) : suppression de la polychromie, presque entière sur les reliefs de la caisse et du volet senestre, quasi-totale sur le relief du volet dextre. Intervention postérieure locale sur les restes de polychromie.

1. Polychromie d’origine :

Relief du volet dextre : préparation blanche (carbonate de calcium) ; fibres végétales encollées pour renforcer les joints d’assemblage ou des parties du bois avec nœuds.

- Pelage de la biche : brun.

- Sol : vert.

Relief de la caisse : préparation blanche (carbonate de calcium) ; fibres végétales encollées pour renforcer les joints d’assemblage ou des parties du bois avec nœuds.

- Chape des saints Nicolas et Érasme : bol, or, glacis orangé.

- Armure de saint Georges, clou sur les mains de saint Pantaléon, mitre de saint Nicolas : bol, argent.

- Chasuble de saint Blaise : argent, glacis vert.

- Col du saint à dextre (Acace ou Eustache ?) : glacis vert.

- Revers du vêtement du saint à dextre (Acace ou Eustache ?) et des chapes des saints Érasme et Nicolas : bleu (azurite) posé directement sur la préparation.

- Tunique de l’Enfant : rouge, parsemé de petits disques en papier collés dorés (d’origine et postérieurs).

- Chausse du saint à dextre (Acace ou Eustache ?), chapeau du saint à senestre (Acace ou Eustache ?) : rouge mat, glacis rouge.

- Main de saint Pantaléon : glacis rouge figurant le sang de sa blessure.

- Dragon : brun, ventre et cou vert clair tacheté de noir (d’origine ou postérieur ?).

- Sol : vert.

- Lèvres de saint Christophe : glacis rouge.

- Cheveux : brun.

Relief du volet senestre : préparation blanche (carbonate de calcium) ; fibres végétales encollées pour renforcer les joints d’assemblage ou des parties du bois avec nœuds.

- Calice de sainte Barbe : bol, or.

- Turban de sainte Barbe : bol, argent.

- Robe de sainte Barbe : vestiges de décors en relief moulés et appliqués, dits « brocarts appliqués », aux fines stries verticales, glacis vert (?).

- Revers du manteau de sainte Catherine : bleu (azurite) posé directement sur la préparation.

- Revers du manteau de sainte Marguerite : rouge (d’origine ou postérieur ?).

- Robe de sainte Catherine : glacis rouge.

- Intérieur de la manche de la robe de sainte Catherine : glacis vert.

- Tour de sainte Barbe : lignes peintes en noir.

- Cheveux : brun.

2. Polychromie postérieure (vers 1866) ; localement reprise de la dorure (et de l’argenture ?) sur toutes les parties d’origine.

Relief de la caisse et des volets : préparation blanche épaisse.

- Manteaux et chapes, pièces de l’armure de saint Georges, calice de sainte Barbe : bol, or.

- Revers du vêtement du saint à dextre (Acace ou Eustache ?) ; aubes, revers des chapes des saints Érasme et Nicolas ; amict de saint Blaise ; robes des trois saintes : blanc.

- Franges de la chape de saint Nicolas : vert, blanc, rouge en alternance.

- Bordure du vêtement et chausse de la jambe droite du saint à dextre (Acace ou Eustache ?) ; côté du chapeau du saint à senestre (Acace ou Eustache ?) : rouge (postérieur ?).

- Dalmatique de saint Nicolas, revers du manteau de sainte Catherine : bleu.

- Tunique de l’Enfant : rose, parsemé de petits disques en papier collés dorés (d’origine et postérieurs).

- Chaussures et chapeau du saint à dextre (Acace ou Eustache ?), mitre de saint Blaise et devant du chapeau du saint à senestre (Acace ou Eustache ?) : vert.

- Treuil de saint Érasme, lance de saint Georges, roue de sainte Catherine : brun sombre.

- Chaussures des saints Érasme, Nicolas, des saintes Catherine, Marguerite : noir

- Dragon : brun foncé tacheté de noir.

- Sol : vert sombre.

- Cheveux : brun.

3. Intervention postérieure locale : application de bronzine sur les lacunes de la polychromie, notamment sur le cercle de tête et la cotte de maille de saint Georges.

retable fermé

retable ouvert

volet dextre

Les Quatorze Intercesseurs (en allemand, Vierzehn Nothelfer ; en latin, auxiliatores), forment un ensemble de quatorze saintes et saints ayant le pouvoir d’intercéder auprès de Dieu pour l’humanité en péril de mort, de maladies ou d’épidémies. Développée en Allemagne du Sud à la fin du 14e siècle, la dévotion envers ce groupe de saints s’est amplifiée et largement diffusée après le milieu du 15e siècle, en particulier à la suite de la vision d’un jeune berger à Langheim en Franconie. Retable ouvert, les sculptures représentent les quatorze saintes et saints : sur le volet dextre, les saints Cyriaque, Guy et Gilles, dans la caisse, les saints Acace (ou Eustache), Christophe, Érasme, Blaise, Georges, Pantaléon, Nicolas et Eustache (ou Acace), sur le volet senestre, les saintes Catherine, Barbe et Marguerite. Retable fermé, les peintures reprennent le thème des Quatorze Intercesseurs, mais ne représentent que dix d’entre eux : sur le volet dextre, les saints Eustache (?), Christophe, Georges, Blaise et Pantaléon, sur le volet senestre, saint Acace, les saintes Catherine, Barbe et Marguerite, un saint évêque (Érasme ou Nicolas ?). Sur la prédelle sont représentées une troisième fois sainte Catherine et sainte Barbe, peintes de part et d’autre de la Vierge à l'Enfant.

Provient de Kronach (Haute-Franconie). Restauré à Munich vers 1866. Collection Atherton Curtis (Brooklyn, 1863 - Paris, 1943). Don d'Atherton Curtis et de son épouse, née Ingeborg Flinch (morte en 1943), sous réserve d'usufruit, 1939. Délivrance du don en 1949.

p. 363 (Franconie, fin du 15e siècle).

p. 64 (idem).