Trois apôtres endormis au mont des Oliviers
Sculpture provenant de la caisse du retable de la chapelle du mont des Oliviers, dans l’église collégiale Saint-Nicolas à Fribourg (Suisse). Les Trois apôtres endormis et le Christ en prière (Cl. 15395) faisaient à l’origine partie du même ensemble représentant la Prière du Christ au mont des Oliviers.
Étude et restauration, Dominique Biesel, 1994.
Relief constitué de deux pièces de bois (probablement tilleul) avec éléments secondaires assemblés.
- Revers : traces de fendage, de gouge et d'herminette.
- Traces de fixation (dans le retable ?) : côté senestre, quatre cavités pour des chevilles ; côté dextre, trois cavités pour des clous.
- Élément assemblé à l’origine : main gauche de saint Pierre.
- Fentes : notamment fentes ouvertes à la partie supérieure du relief, côté senestre, et sur le bord inférieur, où l’une des fentes est comblée par un flipot.
- Attaque d'insectes xylophages (actuellement inactive).
- Principaux manques : l’extrémité de l’épée de saint Pierre ; une petite partie du bord supérieur du relief, à dextre ; nombreux éclats, notamment sur les plis des vêtements, les feuilles de l'arbre et le bord inférieur du relief.
- Interventions postérieures : la moitié dextre de la partie supérieure du relief, représentant des rochers, est composée de pièces de bois d’origine, retaillées et assemblées au 19e ou au 20e siècle ; restitution de l’index de la main droite de saint Pierre.
Polychromie d’origine lacunaire et restes de polychromies postérieures (vers 1990, suppression d’une part importante des polychromies).
1.Polychromie d’origine :
Préparation blanche (liant protéinique).
- Manteau de saint Pierre : bol, or, glacis vert (?).
- Revers du manteau de saint Pierre : bol, or et argent, glacis rouge.
- Manteau de saint Jean : bol, or.
- Revers du manteau de saint Jean : bol, argent, glacis vert.
- Couverture du livre, feuillage de l’arbre : vert translucide, vert sombre.
- Tranche du livre : rouge orangé, brun rouge.
- Sol : vert clair, vert sombre foncé.
- Tronc de l’arbre : brun sombre foncé.
- Rochers : brun orangé.
- Carnations : rose pâle rehaussé de rose plus soutenu sur les joues.
2. Polychromie postérieure :
Préparation.
- Manteau de saint Jean : bol, or.
- Revers du manteau de saint Pierre : bleu mat.
- Tranche du livre : brun sombre.
Élément d’une représentation de la Prière du Christ au mont des Oliviers, le relief des Trois apôtres endormis au mont des Oliviers fait partie du même ensemble que la figure du Christ en prière (Cl. 15395) conservée au musée de Cluny. L’étude technique et iconographique a permis de proposer une reconstitution de la composition originelle qui illustre le récit de l’Évangile. L’épisode se situe après la Cène : Pierre, Jacques le Majeur et Jean, les trois apôtres venus avec le Christ dans le jardin de Gethsemani (« pressoir des huiles ») au mont des Oliviers, se sont endormis pendant que leur maître priait seul, en détresse à l’approche du supplice (Matthieu 26, 36-46 ; Marc 14, 32-42 ; Luc, 39-46). La scène sculptée était complétée à l’origine par d’autres éléments, tel Judas entrant au jardin des Oliviers, (New York, The Metropolitan Museum of Art, n° inv. : 16.32.257a). On peut ainsi imaginer la composition primitive dans son intégralité, regroupant le Christ, les trois apôtres, l’ange (disparu) présentant un calice au Christ et Judas figuré au loin à la tête de la petite troupe armée venue arrêter son maître. L’arbre et le sol accidenté évoquent le cadre de la scène. Pour représenter les trois apôtres, le sculpteur a combiné deux modèles gravés. À la gravure de Schongauer, le sculpteur emprunte la posture de saint Pierre allongé au premier plan, tenant l’épée avec laquelle il tranchera l’oreille de Malchus, le serviteur du grand-prêtre lors de l’arrestation du Christ (Jean 18,10). La gravure de Albrecht Dürer a servi de référence pour les deux apôtres, Jean et Jacques le Majeur. Appuyé sur le livre de l’évangile, saint Jean est selon l’usage représenté imberbe avec d’abondants cheveux bouclés, et saint Jacques le Majeur dort le buste ployé, la tête posée sur ses mains jointes.
Suisse, Fribourg (Freiburg im Uechtland)
La Prière du Christ au mont des Oliviers, vers 1496-1497, gravure sur bois (Bartsch 10) : emprunt, avec quelques variantes mineures, de la position des apôtres Jean, accoudé sur le livre saint, et de Jacques dormant la tête posée sur ses mains jointes.
La Prière du Christ au mont des Oliviers, vers 1480, gravure sur cuivre (Bartsch 9) : emprunt, avec quelques différences, de la posture de Pierre, allongé au premier plan, tenant l’épée.
Provient de la caisse d’un retable vraisemblablement commandé en 1517-1518 par le diplomate et humaniste Peter Falck (Fribourg, vers 1468 - mort près de Rhodes, 1519) pour la chapelle funéraire dédiée au mont des Oliviers qu’il avait fondée en 1515 dans l’église collégiale Saint-Nicolas à Fribourg (Suisse). Retable démonté au cours du 19e siècle, probablement entre 1820 environ (description par le chanoine Charles-Aloyse Fontaine ; voir Andrey, 2001) et 1834, date de l’envoi du relief de la prédelle, la Cène, à Parcieux (Ain) dans l’église Saint-Roch par Claude Frangin, curé de Parcieux (auparavant curé de la paroisse Saint-Jean à Lyon ; voir Gasser, 2011). À la suite du démontage du retable, divers éléments ont été sciés, dissociés de l’ensemble et sont passés dans le marché de l'art. Le Christ en prière aboutit entre au musée de Cluny (Cl. 15395, Legs Wasset, 1903). Le relief des Trois apôtres au mont des Oliviers a été recomposé en partie haute avec des éléments d’origine ou du 19e siècle, pour restituer le sol autour de la figure du Christ en prière qui avait été enlevée. Le relief de Judas entrant au jardin des Oliviers (collection Georges Hoentschel, don J. Pierpont Morgan au Metropolitan Museum, New York, 1916) surmontait la représentation qui était complétée par d’autres éléments, aujourd’hui disparus comme l’ange présentant le calice. Il manque également le couronnement du retable et les volets montrant peut-être d'autres scènes de la Passion du Christ. Paris, commerce de l’art. Acquisition auprès de la Galerie Gabrielle Laroche, janvier 1993.
La Cène, Parcieux, Ain, église Saint-Roch
Judas entrant au jardin des Oliviers, New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. : 16.32.257a
Le Christ en prière et les Trois apôtres endormis au mont des Oliviers (H. : 90 ; L. : 99 ; P. : 15 cm) sont deux éléments d’un même ensemble représentant la Prière du Christ au mont des Oliviers, qui provient de la caisse du retable de la chapelle du mont des Oliviers dans l’église Saint-Nicolas à Fribourg (Suisse). La composition était complétée à l’origine par d’autres éléments comme Judas entrant au jardin des Oliviers, (New York, The Metropolitan Museum of Art, n° inv. : 16.32.257a ; H. : 50 ; L. : 46.7 ; P. : 5 cm). À la prédelle du retable était placé un relief représentant la Cène (Parcieux, Ain, église Saint-Roch ; H. : 51 ; L. : 100 ; P. : 13 cm).
p. 380 (« Le huitième autel, dans le dernier angle de la nef latérale, est celui du Christ agonisant au mont des Olives : il est aux nobles de Praroman qui le tiennent de Pierre Falk, dont l’un d’eux épousa la fille et devint héritier »).
p. 396 (« Autel du Sacré-Cœur de N-S. C’était l’autel du Mont-des-Oliviers, fondé par l’avoyer Pierre Falk ; sa fille Ursule avait épousé Pierre de Praroman, à qui passa le patronage et il est resté dans cette famille. L’autel, en bois sculpté, représentait N.-S. au jardin des Oliviers ; Falk l’avait fait élever à son retour du pèlerinage de Jérusalem. Cet autel était à côté de celui de St-Jacques, dit l’arrêté du Conseil qui en permet la construction »).
p. 91 (« Falk in der St. Nikolauskirche eine Familienkapelle mit einem geschnitzten Altarbilde, das Christus am Ölberg darstellte […] note 2 : Die Kapelle ist die heutige Herz-Jesu Kapelle, die vorderste Seitenkapelle neben dem rechten Seitenschiff ; das geschnitzte Altarbild ist durch ein Gemälde ersetzt. Noch heute sieht man auf dem Schlußstein […] das Wappen Falks mit dem Kreuz des hl. Grabes und dem Datum 1515. Auf der Altarwand ist auch das Wappen der Familie von Praroman, an welche die Kapelle durch Erbschaft überging, angebracht ». Falk construisit ensuite dans l'église Saint-Nicolas une chapelle familiale avec un retable sculpté représentant le Christ au mont des Oliviers […] La chapelle est l'actuelle chapelle du Sacré-Cœur, la première chapelle latérale à côté de la nef latérale droite ; le retable sculpté a été remplacé par un tableau. Aujourd'hui encore, on peut voir sur la clé de voûte […] les armoiries de Falk avec la croix du Saint-Sépulcre et la date 1515. Sur le mur de l'autel figurent également les armoiries de la famille de Praroman, à laquelle la chapelle a été transmise par héritage).