Sculpture provenant de la caisse du retable de la chapelle du mont des Oliviers, dans l’église collégiale Saint-Nicolas à Fribourg (Suisse). Le Christ en prière et Trois apôtres endormis (Cl. 23418) faisaient à l’origine partie du même ensemble représentant la Prière du Christ au mont des Oliviers.
- Étude et restauration, Agnès Cascio,, 1990.
- Intervention de conservation, Knecht, 2002-2007 ; Maylis de Gorostarzu, 2011.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (probablement tilleul) avec éléments secondaires assemblés.
- Revers : traces de gouge et de ciseau.
- Éléments assemblés à l’origine : les deux mains (main gauche restituée) assemblées dans les cavités ménagées dans les manches.
- Détails sculptés à la surface du bois : sol travaillé au tremblé.
- Traces de fixation (?) : sur la tête, deux cavités circulaires ; sous la base, deux cavités circulaires et plusieurs cavités triangulaires groupées deux à deux.
- Fentes : au revers, dans la partie supérieure.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Principaux manques : extrémités de trois doigts de la main droite ; éclats sur les cheveux, la barbe, les saillies des plis et la base.
- Interventions postérieures : restitution de la main gauche ; partie senestre de la base complétée par une pièce de bois d’origine, mais qui n’occupe pas son emplacement primitif (la base s’insérait à l’origine à la partie supérieure du relief des Trois apôtres, dans une zone aujourd’hui reconstituée à l’aide d’éléments d’origine retaillés et assemblés représentant le sol rocheux).
Polychromie d’origine et polychromie postérieure sur la main gauche restituée.
Polychromie d’origine :
Préparation blanche (carbonate de calcium).
- Robe : bol rouge, or ; or parti dans le creux des plis et sur les côtés.
- Revers de la robe : argent, glacis jaune.
- Sol : vert mat (résinate de cuivre ?, blanc) ; l’élément ajouté à dextre n’a reçu qu’une couche de couleur.
- Coulures de sang sur le front, les genoux et le pied : rouge sombre.
- Cheveux : brun clair.
- Carnations : rose pâle.
Fragment d’une représentation de la Prière du Christ au mont des Oliviers, la figure du Christ en prière fait partie du même ensemble que le relief des Trois apôtres endormis au mont des Oliviers (Cl. 23418), acquis par le musée de Cluny en 1993. L’étude technique et iconographique a permis de proposer une reconstitution de la composition originelle qui illustre le récit de l’Évangile. L’épisode se situe après la Cène : Pierre, Jacques le Majeur et Jean, les trois apôtres venus avec le Christ dans le jardin de Gethsemani (« pressoir des huiles ») au mont des Oliviers, se sont endormis pendant que leur maître priait seul, en détresse à l’approche du supplice (Matthieu 26, 36-46 ; Marc 14, 32-42 ; Luc, 39-46). La scène sculptée était complétée à l’origine par d’autres éléments, tel Judas entrant au jardin des Oliviers, (New York, The Metropolitan Museum of Art, n° inv. : 16.32.257a). On peut ainsi imaginer la composition primitive dans son intégralité, regroupant dans un paysage montagneux le Christ, les trois apôtres, l’ange (disparu) présentant un calice au Christ et Judas figuré au loin à la tête de la petite troupe armée venue arrêter son maître. L’attitude du Christ, agenouillé, les yeux levés, illustre le texte évangélique : « […] fléchissant les genoux, il priait : " Père, disait-il, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ! ". Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait. » (Luc 22, 41-43). Le sculpteur prend en partie pour modèle une gravure de Martin Schongauer (La Prière du Christ au mont des Oliviers, vers 1480), en modifiant la position des mains et l’agencement du drapé du Christ.
Suisse, Fribourg (Freiburg im Uechtland)
Le Christ au mont des Oliviers, vers 1480. Gravure sur cuivre (Bartsch 9)
L’attitude du Christ agenouillé et l’agencement de son drapé évoquent la gravure de Schongauer.
Provient de la caisse d’un retable vraisemblablement commandé en 1517-1518 par le diplomate et humaniste Peter Falck (Fribourg, vers 1468 – mort près de Rhodes, 1519) pour la chapelle funéraire dédiée au mont des Oliviers qu’il avait fondée en 1515 dans l’église collégiale Saint-Nicolas à Fribourg (Suisse). Retable démonté au cours du 19e siècle, probablement entre 1820 environ (description par le chanoine Charles-Aloyse Fontaine ; voir Andrey, 2001) et 1834, date de l’envoi du relief de la prédelle, la Cène, à Parcieux (Ain) dans l’église Saint-Roch par Claude Frangin, curé de Parcieux (auparavant curé de la paroisse Saint-Jean à Lyon ; voir Gasser, 2011). À la suite du démontage du retable, divers éléments ont été sciés, dissociés de l’ensemble et sont passés dans le marché de l'art. Le relief des Trois apôtres au mont des Oliviers (galerie Laroche, acquisition musée de Cluny, 1993) a été recomposé en partie haute avec des éléments d’origine ou du 19e siècle, pour restituer le sol autour de la figure du Christ en prière qui avait été enlevée. La représentation primitive était surmontée du relief de Judas entrant au jardin des Oliviers (collection Georges Hoentschel, don J. Pierpont Morgan au Metropolitan Museum, New York, 1916) et complétée par d’autres éléments, aujourd’hui disparus comme l’ange présentant le calice. Il manque également le couronnement du retable et les volets montrant peut-être d'autres scènes de la Passion du Christ. Collection François-Achille Wasset (Paris, 1818-1895). Legs Wasset à l'École nationale des Beaux-Arts, 1896, transféré au Musée de Cluny, 1903, inventorié en 1906.
La Cène, Parcieux, Ain, église Saint-Roch
Judas entrant au jardin des Oliviers, New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. : 16.32.257a
Le Christ en prière fait partie du même ensemble que le relief des Trois apôtres endormis au mont des Oliviers (H. : 90 ; L. : 99 ; P. : 15 cm). Les deux reliefs constituent une partie de la représentation du Christ au mont des Oliviers et proviennent de la partie centrale de la caisse du retable du mont des Oliviers qui se trouvait dans l’église Saint-Nicolas à Fribourg (Suisse). La composition était complétée à l’origine par d’autres éléments comme Judas entrant au jardin des Oliviers, (New York, The Metropolitan Museum of Art, n° inv. : 16.32.257a ; H. : 50 ; L. : 46.7 ; P. : 5 cm) et le relief de La Cène (église Saint-Roch, Ain ; H. : 51 ; L. : 100 ; P. : 13 cm) qui occupait la prédelle.
p. 380 (« Le huitième autel, dans le dernier angle de la nef latérale, est celui du Christ agonisant au mont des Olives : il est aux nobles de Praroman qui le tiennent de Pierre Falk, dont l’un d’eux épousa la fille et devint héritier »).
p. 396 (« Autel du Sacré-Cœur de N-S. C’était l’autel du Mont-des-Oliviers, fondé par l’avoyer Pierre Falk ; sa fille Ursule avait épousé Pierre de Praroman, à qui passa le patronage et il est resté dans cette famille. L’autel, en bois sculpté, représentait N.-S. au jardin des Oliviers ; Falk l’avait fait élever à son retour du pèlerinage de Jérusalem. Cet autel était à côté de celui de St-Jacques, dit l’arrêté du Conseil qui en permet la construction »).
p. 91 (« Falk in der St. Nikolauskirche eine Familienkapelle mit einem geschnitzten Altarbilde, das Christus am Ölberg darstellte […] Die Kapelle ist die heutige Herz-Jesu Kapelle, die vorderste Seitenkapelle neben dem rechten Seitenschiff ; das geschnitzte Altarbild ist durch ein Gemälde ersetzt. Noch heute sieht man auf dem Schlußstein […] das Wappen Falks mit dem Kreuz des hl. Grabes und dem Datum 1515. Auf der Altarwand ist auch das Wappen der Familie von Praroman, an welche die Kapelle durch Erbschaft überging, angebracht ». (Falk construisit ensuite dans l'église Saint-Nicolas une chapelle familiale avec un retable sculpté représentant le Christ au mont des Oliviers […] La chapelle est l'actuelle chapelle du Sacré-Cœur, la première chapelle latérale à côté de la nef latérale droite ; le retable sculpté a été remplacé par un tableau. Aujourd'hui encore, on peut voir sur la clé de voûte […] les armoiries de Falk avec la croix du Saint-Sépulcre et la date 1515. Sur le mur de l'autel figurent également les armoiries de la famille de Praroman, à laquelle la chapelle a été transmise par héritage).