Né à Troyes en 1812 d'une riche famille de Champagne, Julien Gréau était un collectionneur enthousiaste qui rassembla successivement plusieurs collections au cours de sa vie, dispersant chacune pour pouvoir se porter sur un nouveau centre d'intérêt. Ses médailles grecques, gauloises et françaises furent vendues en 1867, puis ses médailles romaines en 1869, ses bronzes antiques en 1885, et enfin ses terres cuites grecques en 1891 (ces dernières achetées en grand nombre par le Louvre). Il acquit aussi de nombreux tableaux.

Son œuvre capitale fut sa collection de verrerie, émaillerie et poterie antiques, constituée de cinq milles pièces dont plus de mille verres intacts. A la mort de Gréau en 1895, celle-ci fut rachetée par l'américain John Pierpont Morgan -- et publiée à cette occasion par W. Froehner --, qui la céda par la suite au Metropolitan Museum de New York.

Commentaire biographique :

« Julien Gréau (1812-1895) compte parmi les figures françaises importantes du collectionnisme du XIXe s. Faisant d’abord fortune dans l’industrie troyenne en prenant la suite de la société de commerce familiale, il se constitue un réseau à travers les sociétés savantes auxquelles il participe activement. Il finit par cesser son activité d’industriel en 1867 pour vivre de ses rentes. Il se consacre pleinement à la constitution de collections qu’il avait ébauchées auparavant. II ne cesse d’acquérir des collections importantes d’antiquités classiques et nationales pour la plupart, mais également des peintures et sculptures d’époque plus moderne. Après avoir formé une collection, il la vend pour se consacrer à une autre et la parachever infatigablement. Il amasse ainsi des monnaies, des bronzes et des terres cuites. Son plus grand effort, cependant, a été dans le domaine du verre, rassemblant environ cinq mille objets en verre, dont environ un millier étaient intacts. À sa mort, les héritiers sont en indivision. Des démêlés judiciaires surviennent avec des créanciers. La dispersion des collections déjà amorcée du vivant de Julien Gréau se poursuit. Leur présence en France, en Europe et aux États-Unis atteste du rayonnement qu’ont eu ses collections. L’objectif de ce travail est donc d’asseoir et de cerner l’activité d’industriel et de collectionneur de Julien Gréau ainsi que le devenir de ses collections après son décès. Pour ce faire, les maigres sources bibliographiques, principalement issues de deux notices biographiques des catalogues de collection J. Gréau rédigés par Wilhelm Frœhner, ont dû être complétées par les nombreuses sources archivistiques dispersées essentiellement entre Paris, Troyes et Melun. Ce travail de confrontation permet alors de mieux entrapercevoir une personnalité aux multiples facettes de l’histoire des collectionneurs du XIXe s. »

Arnaud Delille, résumé de son mémoire de maîtrise d'Ecole du Louvre , « Le plus infatigable des collectionneurs », 2022.