Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
68 rue Condorcet
Historien de l'art, architecte des Monuments historiques, inspecteur général des Édifices diocésains, dessinateur, architecte, écrivain.
Attaché à la commission des monuments historiques
Inspecteur général des édifices Diocésains
Ministère des Cultes
Professeur, architecte chargé de la restauration d'édifices civils et religieux. 1838 : restauration de l'église Saint-Germain l'Auxerrois à Paris ; 1840 : restauration de l'église abbatiale de Vézelay et de l'église de Saint-Père-sous-Vézelay; 1840-1856 : inspecteur des travaux de la Sainte-Chapelle à Paris; 1845 : inspecteur des travaux de Notre-Dame de Paris ; 1846 : architecte de l'abbaye de Saint-Denis ; 1849 : restauration des fortifications de Carcassonne ; 1853 : inspecteur général du service des édifices diocésains en France ; 1858 : restauration du château de Pierrefonds ; 1860 : membre de la Commission des monuments historiques ; 1862 : restauration de l'église Saint-Sernin de Toulouse ; 1863 : restauration du donjon du château de Coucy ; 1863-1864 : professeur d'esthétique et d'histoire de l'art à l'Ecole des beaux-arts ; 1867 : construction du tombeau du duc de Morny au cimetière du Père-Lachaise ; 1873 : restauration de la cathédrale de Lausanne.
1831-1839 : voyages en France, Italie et Sicile pour étudier les monuments ; 1851-1854 : voyages d'études en Allemagne, Angleterre, Espagne, Algérie.
Maître : Leclère, Achille ?
Participation 1855, 1867, 1878 : Médailles reçues notamment en 1855 pour un autel, articles de revues
Architecture médiévale
Il est difficile de commenter plus précisément les objets possédés par Viollet-le-Duc, dont nous n’avons aucune reproduction. Je me bornerai à rappeler que c’est dans l’inventaire après décès du 17 rue Condorcet, du 13 octobre 1879 (Étude LVIII/930, maitre Cocteau), que j’ai découvert avec quelque surprise que Viollet-le-Duc possédait des porcelaines chinoises et japonaises.
L’inventaire après décès du mobilier de la rue Condorcet mentionne une soixantaine de pièces de porcelaine de Chine et du Japon à l’étage de l’appartement privé, salle à manger et chambre. À l’étage du bureau de l’architecte est décrit un grand vase chinois émaillé et cloisonné, avec couvercle en bois sculpté à bouton de jade, prisé 250 fr. et vingt curiosités de Chine (en ces termes). Curiosités est le mot employé pour les pièces rapportées à l’Empereur par l’armée, exposées au Pavillon de Marsan en février 1861 avant d’être placées au rez-de-chaussée du château de Fontainebleau (Verlet-Samoyault C. et J-P., 1994)). Lors de l’Exposition de 1867 à Paris, des récompenses avaient été accordées à Raingo et Vialatte pour des pièces d’ornement : l’inventaire après décès mentionne une pendule Raingo (estimée 150 f) et une pendule de marqueterie de cuivre et bronze accompagnée de deux cornets en porcelaine du Japon estimée 700 f. Il semble que la compétence de Viollet-le-Duc à l’égard des curiosités de Chine ait été reconnue. En effet, après la chute de l’Empire, lorsque l’impératrice revendiqua la propriété d’un certain nombre des pièces exposées à Fontainebleau, Viollet-le-Duc fut chargé de rédiger la réponse : il se prononça en faveur du maintien des différentes pièces demandées au musée des Armées et au Musée chinois, considérant qu’elles avaient été données à l’impératrice par les représentants de l’Armée et non à la personne privée. Il correspondit avec le député Claude-Anthime Corbon (1808-1891), membre de la commission de l’Assemblée constituée, à ce propos, et s’éleva contre l’argument avancé par l’archéologue Charles-Ernest Beulé (1826-1874) (antiquiste) qui prétendit que les œuvres chinoises et japonaises, n’étant que des curiosités, pouvaient être traitées en biens privés. Viollet-le-Duc rétorqua que, dans ce cas, il en serait de même pour les vases étrusques, les bronzes antiques, le musée Sauvageot tout entier. Observation intéressante sur le statut des œuvres qui n’appartenaient pas à une antiquité classique (dépassement qui se traduit dans son ouvrage, Histoire de l’habitation humaine, Hetzel, 1874)
Le catalogue de la bibliothèque de l’architecte s’avère également précieux sur ses curiosités « extrême-orientales ». Il a été rédigé par Labitte, rue de Lille, en 1880, et la vente s’est faite en 12 vacations (commissaire-priseur Charles Pillet, assisté de Me Barizel). Soixante ouvrages traitent des arts et des textes chinois et japonais. À noter en particulier l’ouvrage de Stanislas Julien, linguiste, avec exercices pratiques de syntaxe et de lexicographie chinoise. Stanislas Julien avait traduit en 1856 un ouvrage intitulé Histoire et fabrication de la porcelaine chinoise, notes d’Alphonse Salvétat (1820-1882) (Julien, S., 1856). Viollet-le-Duc écrivait à Francisque Sarcey (1827-1899) : « Je ne suis jamais allé en Chine mais je possède une assez jolie collection de livres chinois dont les plus anciens datent du commencement du XVIe siècle. Cependant dans le catalogue de vente les livres anciens datent du début du XVIIe siècle. On relève des ouvrages sur les minéraux, les montagnes, les plantes, le paysage, des dessins sur éventails et un album de reproductions de dessins de Hokusai ainsi que Le Miroir des antiquités conservées dans les salles du Musée impérial de Pékin, publié sur ordre de l’empereur Khien Loung avec une préface, en 1749. Stanislas Julien avait également traduit et résumé les principaux traités chinois sur la culture des mûriers et l’éducation des vers à soie, en 1837. Cet ouvrage fait partie de la bibliothèque de Viollet-le-Duc.
Le troisième volet de l’intérêt de Viollet-le-Duc pour la civilisation de la Chine et pour celle du Japon est la place qu’il fait au dessin dans l’Histoire d’une maison, dont il faut souligner les dessins pour papier végétal et l’Histoire d’un dessinateur dans laquelle Yoshio Abe relève quelques échantillons de la Manga d’Hokusai (Actes du colloque international Viollet-le-Duc, Paris, 1980, Nouvelles éditions latines 1982). L’architecte louait « l’amour vrai et réfléchi des dessinateurs japonais, semblant ne voir que l’ensemble et rendre en quelques touches de pinceau l’aspect d’un site » ; « Vois comme ces artistes sont arrivés à saisir le geste, la pantomime et comme tous ces personnages sont à leur affaire et ne posent pas pour la galerie ; quelle sincérité et quel esprit dans ces attitudes. Comme tout cela est vivant ! ».
Article rédigé par Françoise Bercé
It is difficult to comment with precision on the objects owned by Viollet-le-Duc, of which there are no reproductions. Here, I will limit myself to recalling that I surprisingly discovered that Viollet-le-Duc had possessed Chinese and Japanese porcelain in the posthumous inventory of 17 rue Condorcet, of October 13, 1879 (Étude LVIII/930, maitre Cocteau).
The posthumous inventory of the furniture from rue Condorcet mentions about 60 pieces of Chinese and Japanese porcelain on the floor housing the private apartment, dining room, and bedroom. On the floor containing the architect's office, there is the description of a large cloisonné enamelled Chinese vase, including a carved wooden lid with a jade knob, valued at 250 Francs, and 20 curiosités of China (in these terms). “Curiosities” was the word used for the pieces brought by the Army to the Emperor, which were exhibited at the Pavillon de Marsan in February 1861 before being placed on the ground floor of the Château de Fontainebleau (Verlet-Samoyault C. and J-P., 1994). At the 1867 Exhibition in Paris, awards had been bestowed upon Raingo and Vialatte for ornamental pieces: the posthumous inventory mentions a Raingo clock (estimated at 150 Francs) and a copper and bronze marquetry clock accompanied by two Japanese porcelain cones estimated at 700 Francs. The competence of Viollet-le-Duc with regard to the curiosities of China seems to have been recognised. Indeed, after the fall of the Empire, when the Empress claimed ownership of a number of the pieces exhibited at Fontainebleau, Viollet-le-Duc was commissioned to write the response: he came out in favour of maintaining the different pieces requested from the Musée des Armées and the Musée Chinois, considering that they had been given to the Empress by the representatives of the Army and not to the private individuals. He corresponded on this subject with the deputy Claude-Anthime Corbon (1808-1891), member of the commission of the Assemblée constituée, and spoke out against the argument put forward by the archaeologist Charles-Ernest Beulé (1826-1874) (a specialist in antiquity) who claimed that Chinese and Japanese works, being only curiosities, could be treated as private property. Viollet-le-Duc retorted that, in this case, it would be the same for the Etruscan vases, the antique bronzes, and the entire Sauvageot museum. This provides an interesting observation on the status of works that do not belonging to classical antiquity (also reflected in his work, Histoire de l’habitation humaine, Hetzel, 1874).
The catalogue of the architect's library also provides valuable insight on his "Far Eastern" curiosities. It was written by Labitte, rue de Lille, in 1880, and the sale took place in 12 instalments (auctioneer Charles Pillet, assisted by Monsieur Barizel). 60 books deal with Chinese and Japanese arts and texts. Of particular note is the book by Stanislas Julien, linguist, with practical exercises in Chinese syntax and lexicography. Stanislas Julien had in 1856 translated a work entitled Histoire et fabrication de la porcelaine chinoise, with notes by Alphonse Salvétat (1820-1882) (Julien, S., 1856). Viollet-le-Duc wrote to Francisque Sarcey (1827-1899): "I have never been to China, but I have a rather fine collection of Chinese books, the oldest of which date from the beginning of the 16th century.” In the sales catalogue, however, the oldest books date from the beginning of the 17th century. There are works on minerals, mountains, plants, the landscape, drawings on fans, and an album of reproductions of drawings by Hokusai, as well as Le Miroir des antiquités conservées dans les salles du Musée impérial de Pékin, published by order of Emperor Khien Loung with a preface, in 1749. Stanislas Julien had also translated and summarised the main Chinese treatises on the cultivation of mulberry trees and the cultivation of silkworms, in 1837. This work was also part of Viollet-le-Duc’s library.
The third aspect of Viollet-le-Duc's interest in the civilisations of China and Japan was the weight given to drawing in l’Histoire d’une maison, in which the drawings on vegetable paper should be highlighted, and in l’Histoire d’un dessinateur, in which Yoshio Abe has identified certain extracts from Hokusai's Manga (Actes du colloque international Viollet-le-Duc, Paris, 1980, Nouvelles éditions latines 1982). The architect praised “the true and thoughtful love of Japanese draughtsmen, seeming to see only the whole and to render in a few strokes of the brush the appearance of a site”; “See how these artists have managed to capture the gesture, the pantomime, and how all these characters stand on their own and do not pose for the gallery; what sincerity and spirit there is in these attitudes. How alive it all is!"
Article by Françoise Bercé (Translated by Jennifer Donnelly)
Corroyer est l'élève de Viollet-le-Duc.
Charles Chipiez est l'élève de Viollet-le-Duc.
Eugène-Emmanuel et Adolphe Viollet-Le-Duc sont frères.
La riche correspondance d'Adeline et ses notes permettent aujourd’hui d’identifier clairement ses connaissances et les rapports qu’il tisse avec certains grands critiques ou artistes du XIXe siècle comme Louis Gonse (1846-1921), Philippe Burty (1830-1890), Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879), Arsène Houssaye (1814-1896), Félix Bracquemond (1833-1914), Jules Chéret (1836-1932), Edmond de Goncourt (1822-1896), Émile Gallé (1846-1904)
(Source: Notice Agorha "Jules Adeline" rédigée par Stéphane Rioland)
Eugène-Emmanuel Viollet-Le-Duc, professeur à l'Ecole des Beaux-arts, AJ 52 / 879
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Publié dans le volume 2 du Dictionnaire des historiens d'art
Bibliographie de : Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIème au XVIème siècle. 1854-1869. 10 vol. ; Essai sur l'architecture militaire au Moyen-Age. 1854 ; Entretiens sur l'architecture. 1863-1872. 2 vol. ; Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carolingienne à la Renaissance.1858-1875. 6 vol. ; Mémoire sur les cités et les ruines américaines. Deny et Charnay, collab. 1862 ; Monographie de Notre-Dame de Paris et de la nouvelle sacristie ; Description de Notre-Dame. Guilhermy, collab.1870 ; Description du château de Pierrefonds ; Description du château de Coucy ; Histoire d'une forteresse. 1874
Therrien, pp. 49, 65-66, 83-100, 113, 578-582 ; Laclotte, p. 1941; Caso 1963, p. 153
Fiche provenant du Répertoire des historiens d'art