Panneau iconographiquement en rapport avec la figure agenouillée de la Lutetia nova Pandora que Jean Cousin passe pour avoir peint sur une toile éphémère (env. H. 11 ; L. 13 m) habillant l'arc triomphal du Châtelet à l'occasion de l'entrée d'Henri II à Paris le 16 juin 1549.
"Il ne reste plus que le texte et les planches du livret pour imaginer le spectacle de cette entrée, mais il se trouve que le seul tableau qui soit assurément de la main de Jean Cousin Père, Eva prima Pandora, est iconographiquement en rapport avec cette circonstance. Cela ne permet pas de dire s’il précède ou s’il suit ce décor officiel ; il paraît toutefois plus logique de l’inscrire dans son sillage, comme une variation personnelle de l’artiste sur le motif de Pandore, auquel il ne s’était lui-même que rapidement confronté [...]. Ce qui est certain, c’est que l’Eva prima Pandora du Louvre n’est pas un fragment du décor de 1549 ni même une étude en vue de sa réalisation : la composition et la technique en diffèrent trop.
[...] Sans doute parisienne de conception, en tout cas sénonaise de destination, l’Eva prima Pandora inspira à Sens, dès 1556, la marque de l’imprimeur Gilles Richeboys placée en frontispice des Coustumes du Bailliage de Sens [Paris, bibliothèque de l'Arsenal, 4 J 1658], et dix ans plus tard, un sculpteur anonyme qui la métamorphosa en Sainte Madeleine, dans un bas-relief polychrome de dimensions très proches commandé par Guillaume Sotan, chapelain de l’autel de Sainte-Madeleine de la cathédrale de Sens [pierre calcaire polychrome, H. 0,82 ; L. 1,85 m, 1567, Sens, église Saint-Maurice] [...]. D’autre part, bien au-delà de Sens, et nettement plus tard, entre 1600 et 1625, la composition d’Eva prima Pandora fut connue d’un orfèvre d’Augsbourg, Matthias Wallbaum (1554-1632) et de ses collaborateurs. Elle a en effet servi de modèle à la réalisation de plaquettes d’argent sur le thème du printemps insérées dans des coffrets d’ébène où elle est associée à d’autres allégories des Saisons ou des Éléments qui sont peut-être, elles aussi, des reflets de compositions aujourd’hui perdues de Cousin [argent repoussé et ciselé, chêne plaqué d'ébène, H. 122 ; L. 366 ; Pr. 155 mm, Dresde, Staatliche Kunstsammlungen, Grünes Gewölbe, I 36]." (Scailliérez, C., 2013, p. 57, 58-59)
"Une foule de génies malfaisants" (Millin, 1807, p. 117) s'échappait autrefois du vase placé sous l'arcade. "La médiocre gravure reproduisant le tableau de manière approximative pour accompagner le commentaire de Millin en 1807 (pl. I, fig. 5), mais aussi l’ouvrage de Firmin-Didot (1873, pl. 21, fig. 58) et la carte postale qui existait du tableau avant son entrée au Louvre documentent cette nuée maléfique aujourd’hui disparue. Elle n’était déjà plus visible lorsque le tableau entra au Louvre, bien qu’il semble qu’on y voyait encore "un nuage de fumée, au milieu duquel il était possible de distinguer, autrefois, de petits génies ou esprits malfaisants prenant leur essor pour se répandre à travers le monde" (Roy, 1923, p. 103). [...] il n’y en a plus trace aujourd’hui, et on ne peut donc déterminer s’ils étaient autographes et très légèrement peints par-dessus le ciel, [...] ou s’ils constituaient des repeints plus tardifs." (Scailliérez, C., 2013, note 36 et p. 58)
Restauration en 1851 par M. Langlois ; 1922 par M. Leguay (refixage) ; 1940 par M. Michel (refixage) ; 1955 par M. Castor (suppression des traverses et consolidation du support) et par M. Linard (refixage) ; 1964 par M. Roullet (sondages et réintégration) ; 1971 par M. Roullet (refixage et remise au ton des altérations) ; 1973 par M. Linard (refixage) ; 1977 (refixage) ; 1988 par M. Lepavec (refixage) ; 1993 par A. Malpel (refixage) ; 2008-2011 par D. Jaunard (nettoyage et consolidation de l'assemblage du support) et par A. Malpel (nettoyage de la couche picturale, refixage, masticage et réintégration).
Panneau constitué de 4 planches assemblées horizontalement ; coupé en haut et de chaque côté (à g. d'environ 17 centimètres).
EVA PRIMA PANDORA
Étienne Bouvyer (?), château de Monthard (utilisé comme porte du charbonnier de la cuisine), Soucy (Yonne) ; par héritage, Guillaume Le Fèvre, conseiller au présidial de Sens, 1678 ; Mlle Lefèvre, sa fille, Sens, 1724 ; par héritage, coll. Fauvelet, Sens, 1725-1783 ; par héritage, coll. de Bonnaire, Sens, 1784-1841 ; par héritage, coll. Chaulay de Bonnaire, Sens, 1841-1857 ; coll. E. de Bonnaire de Rosoy, 1858-1883 ; par héritage, coll. Dessus, Sens, 1888-1898 ; par héritage, coll. de Boutin, Sens, 1898-1922 ; acquis en 1922 par la Société des amis du Louvre ; don au Louvre, Comité du 15 V 1922 ; département des Peintures, RF 2373.
p. 52-54, 56, 57-61, 62, 64, 65, repr. fig. 52, 57.
p. 14, 38, 171, 180, 186, 188, 197, 200, 234, 248.
p. 250-254, repr.