Statue provenant de la caisse d’un retable.
- Étude et restauration, Pascale Klein, Juliette Levy-Hinstin, 1996-1997.
- Identification du bois, Elisabeth Krebs, 2007.
- Observation, Juliette Levy-Hinstin, Sophie Guillot de Suduiraut, 2023.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (tilleul) avec éléments assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur le chapeau, une cavité (diamètre 2,5 cm environ) comblée par une pièce de bois (trace d’étau d’origine sur le chapeau détaché postérieurement de la pièce principale ?) ou trace de l’assemblage du chapeau à la tête ? ; trace d’étau non décelée sous la base (partiellement restituée).
- Éléments assemblés : un élément cylindrique (disparu : une flèche ? un faisceau de flèches ?) tenu dans la main droite aux doigts repliés (trace d’assemblage : une petite cavité dans la paume) ; le chapeau : assemblé à l’origine ? ou postérieurement détaché de la tête et refixé ? ;
- Attaques d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Principaux manques : les doigts de la main droite (pouce restitué) ; éclats, notamment sur le chapeau, les cheveux et les bords du manteau.
- Interventions postérieures : chapeau refixé ; traces de fixation sur la tête : deux cavités, l’une correspondant à une cheville arasée (diamètre 1 cm environ) sur le dessous du chapeau, l’autre (diamètre 0,5 cm environ), correspondant à un clou forgé inséré sur le dessous du chapeau (partie en saillie du clou : 3,5 cm environ) ; un clou sous le genou droit et quatre clous au-dessus du genou gauche ; au revers, dans le haut deux cavités pour des vis, dans le bas une cavité triangulaire en partie comblée par une pièce de bois ; restitution partielle de la base.
Vestige de polychromie (d’origine ?) et polychromie postérieure.
Description de la polychromie actuellement visible :
- Chapeau et manteau : rouge vif ; bande rouge sombre soulignant le bord du manteau.
- Revers du chapeau : fond blanc parsemé de touches rouges, vertes, noirs et brunes pour évoquer l’aspect d’une fourrure.
- Col, bord du manteau, bord et ceinture de la robe : bol, restes d’or.
- Robe : bol, feuille métallique (argent ?), couche grise postérieure.
- Revers du manteau : bleu ; couche rose postérieure.
- Chausses : blanc ; beige.
- Chaussures : brun.
- Sol : brun et vert sombre.
- Cheveux : brun sombre.
- Carnations : rose (vestiges de rose vif : carnations d’origine ?) ; lèvres rouges ; yeux et sourcils bruns.
Il est possible de reconnaitre l’image d’un saint Sébastien, malgré la perte de l’attribut, probablement une ou des flèches, que tenait la main droite. Le martyr chrétien, centurion dans l’armée romaine, fut percé de flèches à la fin du 3e siècle sur ordre de l’empereur Dioclétien. La sculpture suit l’un des types iconographiques traditionnels. En parallèle aux représentations du saint martyr dénudé et criblé de flèches, de nombreuses œuvres allemandes, espagnoles et italiennes le montrent ainsi en personnage juvénile les flèches à la main, portant d’élégants vêtements civils dépourvus d’accessoires militaires et caractéristiques d’un rang social élevé. Ce jeune saint au visage imberbe et joufflu est coiffé d’un chapeau à bord relevé garni de fourrure et il est vêtu, sur sa courte tunique, d’un manteau à large col, souvent porté par les rois ou les princes dans les représentations de la fin du Moyen Âge. Saint Sébastien fut l’un des saints les plus populaires, invoqué contre les épidémies de peste et patron de nombreuses confréries. Il compte parmi les Quatorze Intercesseurs (en allemand, Vierzehn Nothelfer, en latin, auxiliatores), un ensemble de quatorze saintes et saints ayant le pouvoir d’intercéder auprès de Dieu pour l’humanité en péril de mort, de maladies ou d’épidémies. Développée en Allemagne du Sud à la fin du 14e siècle, la dévotion envers ce groupe de saints s’est amplifiée après le milieu du 15e siècle, en particulier à la suite de la vision d’un jeune berger à Langheim en Franconie.
Attribution à un sculpteur allemand (tyrolien ?) et proposition de datation vers 1480-1490 (Sophie Guillot de Suduiraut, communication orale).
Allemagne du Sud, Tyrol ?
Origine inconnue. Après le départ du retable de l’église de Morissen (Suisse, Grisons) vers le commerce de l’art, Saint Florian et Saint Sébastien, de provenances et styles divers, sont ajoutés dans la caisse de ce retable, pour remplacer les deux sculptures restées à Morissen, qui à l’origine entouraient la Vierge à l’Enfant (Saint Jean-Baptiste et Saint Jacques). En 1906, le retable est mentionné chez Albert Steiger, antiquaire à Saint-Gall (Suisse), puis chez Kitzinger, antiquaire à Lindau (Allemagne). En 1907, le retable de Morissen est acquis à Strasbourg auprès de l’antiquaire Jacques Bastian, avec le Saint Florian et le Saint Sébastien précédemment ajoutés dans la caisse du retable. Musée des Beaux-Arts, Strasbourg (n° 6561). Musée de l’Œuvre Notre-Dame, Strasbourg (Saint Florian MOND 468-2 ; Saint Sébastien MOND 468-3).
Dans le commerce de l’art au début du 20e siècle, Saint Sébastien et Saint Florian sont ajoutés dans la caisse du retable de Morissen pour remplacer les deux sculptures qui à l’origine entouraient la Vierge à l’Enfant. Provenant de deux retables différents non localisés, Saint Florian et Saint Sébastien sont acquis avec le retable de Morissen (MOND 468-1) en 1907 à Strasbourg. Matériaux, techniques d’exécution, polychromie et style distinguent totalement les deux saints de la Vierge à l’Enfant du retable de Morissen.
p. 36-37, n° 1029 (« Retable à volets avec la Vierge et deux saints […] saint Florian et un autre saint en costume princier […]. Provenance du retable : Alsace. Deuxième moitié du XVe siècle. Musée des Arts décoratifs. Inv. n° 6561. Acheté dans le commerce d’antiquités à Strasbourg, en 1907. »).
p. 91, pl. 435 (dans la caisse du retable provenant de Morissen, deux sculptures d’origine inconnue ont remplacé les deux saints qui entouraient la Vierge à l’Enfant et sont restés à Morissen).
p. 69-70, n° 375 (« Retable. Baldaquin […] abritant les statuettes de la Vierge à l’Enfant, entre saint Florian et un saint d’apparence princière […]. Vers 1500. Selon le Dr. Erwin Poeschel, œuvre de l’atelier de Hans et Ivo Striegel [sic] à Memmingen […]. »).