Confrérie des apothicaires ou des chirurgiens de Dijon, accompagnés de saint Côme ou saint Damien
Autrefois donné à l'école allemande, ce portrait collectif a récemment été rendu au Maître de Commarin (Larraz 2023). Des inscriptions apocryphes ont été ajoutées à divers endroits sur la couche picturale et sur le cadre d’origine, et un texte imprimé de Théodore de Bèze a été collé au revers, probablement dans l’idée de « protestantiser » le panneau dans un but marchand (Foucart-Walter 2010/2011 ; Foucart-Walter 2013). Il fut d’ailleurs vendu à Edmond Du Sommerard par Toussaint-Joseph Baur, intermédiaire régulier du musée Cluny. Camille Larraz a émis l’hypothèse que le tableau a connu quatre campagnes.
La première, due au Maître de Commarin vers 1515, comporte les cinq orants et le saint Côme ou le saint Damien. Il serait aussi l’auteur des quelques restes de peintures au revers qui devaient représenter une Annonciation en grisaille. Selon toute vraisemblance, ce volet de retable, qui était sûrement accompagné d’autres orants à gauche et d’un panneau central illustrant un sujet horizontal comme une Mise au tombeau, fut commandé par la confrérie des apothicaires de Dijon, voire peut-être des chirurgiens. Bien que son lieu de destination demeure incertain, nous savons qu’un autel consacré aux deux saints était édifié dans l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon (J.-P. Roze, L’abbaye Saint-Bénigne de Dijon, Dijon, 2014, p. 177) et que depuis une date inconnue les chirurgiens avaient aussi une chapelle qui leur était dédiée dans l’église des Dominicains de Dijon (P. Foisset, « L’église des Dominicains à Dijon, dite des Jacobins », Mémoires de la commission des antiquités du département de la Côte-d’Or, 1874-1877, p. 127). Dans un second temps, probablement autour de 1565, sont ajoutés sept membres de la confrérie si l’on en croit leurs fines collerettes. Camille Larraz a suggéré que le peintre serait proche de l’auteur du portrait présumé de Blaise II Rabutin (château de Bussy-Rabutin). Un unique portrait semble être inséré vers 1570-1575 entre un homme et le saint, hypothèse qui s’appuie sur la qualité supérieure manifeste de l’artiste, qui se montre redevable à Nicolas de Hoey. Enfin, deux hommes à l’extrémité droite sont ajoutés lors de la quatrième et dernière campagne qui daterait de 1618 d’après l’inscription et à priori confirmée par les costumes aux cols montés. Le texte qui donnait le nom de l’homme agenouillé n’a pas pu être mis en lien avec un nom dans les sources, car un autre nom a été inscrit par-dessus et rend le tout difficilement lisible.
Observé dans les réserves du Louvre Lens le 18 octobre 2022 en compagnie de Cécile Scailliérez.
ajout plus tardif
M. LUTHER ÆTATIS SUÆ / 60 1543 I. IONAS P. MELANCHTON M. BUCER H. ZWINGLE
D’autres noms ont été ajoutés pour désigner les personnages à l’arrière-plan (Jean Œcolampade, Frédéric III le Sage, Électeur de Saxe, Philippe, Landgrave de Hesse, Frédéric III, Électeur palatin, Albert de Brandebourg, Juan Diaz, etc.).
I. DOIGONE (?) / AGE DE 48 / 1618
ajouté lors de la dernière campagne
pour la première campagne (les cinq hommes agenouillés en rang)
proche de l'auteur du portrait présumé de Blaise II Rabutin (château de Rabutin)
2e campagne (les 7 hommes debout derrière, sans compter celui à droite du saint)
proche de Nicolas de Hoey
3e campagne (juste l'homme à la collerette plus large à la droite du saint)
Toussaint-Joseph Baur (1816-1885), marchand de curiosités et fréquent intermédiaire pour les achats effectués par le musée de Cluny, Paris ; acquis de ce dernier par Edmond du Sommerard (1817-1885) ; Paris, musée Cluny ; transféré au Louvre en 1896 ; Louvre, inv. RF 1005.
n° 1764
p. 41
p. 40