Sculpture provenant de la caisse d'un retable.
- Étude et restauration, Juliette Levy-Hinstin, 2000.
- Identification du bois, Élisabeth Ravaud, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2011.
- Analyse de la polychromie, Nathalie Pingaud, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2012.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (demi-bille de tilleul) avec éléments secondaires assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête, deux cavités cylindriques contiguës, l’une (diamètre : 3 cm environ) ultérieurement comblée par une pièce de bois, l’autre vide (diamètre : 2 cm environ) ; sous la base, deux cavités arrondies (1 cm x 1 cm environ).
- Revers évidé à l’herminette et à la gouge. - Éléments assemblés : main droite et pommeau de l’épée (peut-être assemblés à l’origine) ; fleurons de la couronne, partie inférieure et quillons de l’épée, extrémité du pied droit (assemblés dès l’origine et aujourd’hui manquants).
- Traces de fixation (?) dans la caisse du retable : quatre percements pour loger des chevilles au bas de la figure, deux à dextre, deux à senestre.
- Clous : sous la main droite, à l’emplacement des quillons ; en bas du drapé au-dessus du pied droit.
- Faible attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : bord du manteau au-dessus du genou droit, bord de la base à senestre ; éclats sur l’extrémité du nez et du pouce de la main droite.
Polychromie d’origine usée et lacunaire, et restes d'une polychromie du 19e siècle.
1. Polychromie d'origine :
Toile ou fibres végétales encollées par endroits sur le bois. Préparation blanche (carbonate de calcium, colle protéinique).
- Manteau, couronne : bol rouge orangé (ocre rouge, carbonate de calcium et blanc de zinc), or, fines lignes incisées indiquant, sur les côtés du manteau les limites de la surface à dorer ; dans le creux de certains plis et sur les côtés du manteau et de la couronne, présence de feuilles d’ or parti ; sur la couronne, traces de fixation d’éléments décoratifs rapportés : cinq petites cavités avec restes de tiges métalliques (diamètre : environ 0,5 cm pour l’élément central, 0,3 cm pour les latéraux). En contradiction apparente avec l’usage de techniques et de matériaux traditionnels au Moyen Âge, la présence de blanc de zinc (utilisé à partir du 19e siècle) dans le bol incite à s'interroger sur le caractère original de cette dorure.
- Cheveux : mixtion, restes d'or.
- Robe : décors en relief moulés et appliqués, dits « brocarts appliqués », de forme rectangulaire (environ H. 9 ; L. 5,5 cm), finement striés, argentés sur mixtion avec rehauts colorés (stratigraphie : 1. couche brunâtre organique ; 2. feuille d’étain ; 3. terre riche en oxydes de fer, grains de blanc de plomb et carbonate de calcium ; 4. feuille d’argent) ; ces décors appliqués sont aujourd’hui très endommagés.
- Revers du manteau : rouge vif en trois couches (1. épaisse couche, environ 130 µm, minium, blanc de plomb et carbonate de calcium ; 2. fine couche, environ 45 µm, vermillon et carbonate de calcium ; 3. glacis rouge lacunaire ; colorants : garance et cochenille).
- Ceinture : couche verte (malachite, blanc de plomb, quelques grains de jaune d’étain-plomb ; liant huileux).
- Chemise blanche ; chaussure noire.
- Sol : couche verte (malachite, grains de jaune de plomb et d’étain, carbonate de plomb).
- Carnations : couche rose pâle d’origine (blanc de plomb, carbonate de calcium et grains de vermillon) avec accents rose soutenu (lacunaires) sur les joues, les paupières, le nez et le menton ; yeux à la paupière supérieure cernée de brun et aux coins ponctués de rose vif, iris brun avec point blanc pour indiquer le reflet de la lumière ; sourcils ocrés relevés de traits de pinceau brun foncé ; lèvres avec accent rouge sur les commissures, lèvre inférieure plus claire, supérieure avec glacis rouge plus sombre. Mains aux ongles roses bordés d’une ligne brune et rehaussés de touches blanches.
2. Polychromie postérieure (19e siècle) :
- Cheveux : couche brune.
- Robe : restes d’une couche bleu-vert (vert au chrome, blanc de baryum) sur les décors en relief moulés et appliqués.
- Ceinture : vestiges d’une couche bleue (bleu de Prusse, blanc de plomb).
- Carnations : retouches locales.
La jeune chrétienne d’Alexandrie, martyrisée au début du 4e siècle, est représentée avec une épée, l’un de ses attributs habituels qui rappelle qu’elle mourut décapitée. Selon l’usage iconographique, son origine princière est soulignée par le port d’une couronne et de riches vêtements, sa jeunesse virginale par sa longue chevelure dénouée. Sainte Catherine est une figure secourable très populaire à la fin du Moyen Âge. La sainte compte parmi les Quatorze Intercesseurs (en allemand, Vierzehn Nothelfer ; en latin, auxiliatores), un ensemble de quatorze saintes et saints ayant le pouvoir d’intercéder auprès de Dieu pour l’humanité en péril de mort, de maladies ou d’épidémies. Développée en Allemagne du Sud à la fin du 14e siècle, la dévotion envers ce groupe de saints s’est amplifiée après le milieu du 15e siècle, en particulier à la suite de la vision d’un jeune berger à Langheim en Franconie.
Souabe (Schwaben), Memmingen
Origine inconnue. Collection d'Auguste-François Alfred Béthouart (1839-1907) et de son épouse née Augustine Marie Pauline Chauveau. Legs de cette dernière, 1933.
La Sainte Catherine du musée de Chartres et le Saint Nicolas du Palais des Beaux-Arts de Lille présentent d'incontestables parentés stylistiques et techniques. Néanmoins, l'hypothèse selon laquelle les deux sculptures proviendraient du même retable n'est pas confirmée.
p. 29 (Sainte Catherine).
p. 228-229 (Souabe, vers 1500).
p. 117 (sculpteur de l'atelier d'Ivo Strigel, Memmingen).
Textes validés - déf (février 2021)