Grâce à l’inscription posthume et aux armoiries, nous savons que ce portrait représente Louis de Laurent, fils de Monet de Laurent, gouverneur de la ville de Nice. Raimonet, dit Monet de Laurent était également maréchal de bataille dans l’armée du duc de Savoie. Louis de Laurent fut élevé par son père à Nice dans la « profession des armes », avant de s’installer à Avignon avec son frère Nicolas et de devenir docteur en droit en 1498, après son mariage avec Anne de Garens (F.-A. Aubert de la Chenaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, 8, Paris, 1774, p. 565). Les armes de cette dernière, d’or, au chevron de sable accompagné de trois bouquets de roses (?), complètent celles de son époux, d’or, à deux palmes de sinople adossées et posées en pal. Nous conservons encore le portrait d’un de ses fils, Jérôme. Louis de Laurent, comme l’indique l’obiit, naquit en 1459 et mourut à Avignon dans sa centième année, en 1558. Il fut enterré dans l’église Saint-Agricol, dans la chapelle de saint Grégoire, où l’on voit encore son épitaphe. Il s’agit donc peut-être d’un portrait posthume, à moins que les inscriptions aient été rajoutées peu de temps après la mort de Louis de Laurent, qui aurait alors été portraituré de son vivant. Le catalogue de 1907 du musée d’Arras ne précise pas son origine, mais il dut entrer au musée à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle, car il n’est pas présent dans le catalogue de 1880.
Malgré un anonymat persistant, le style de l’artiste s’inscrit bien dans ce que nous connaissons de l’art provençal du milieu du XVIe siècle. La matière un peu sèche et plate trouve des échos dans la peinture avignonnaise des années 1550-1560, comme la Montée au Calvaire (Notre-Dame-des-Doms) et la Flagellation (Saint-Didier) datées de 1563 et réalisées dans l’entourage de Simon de Châlons (voir C. Larraz, Simon de Châlons, Milan, 2022, p. 187). Il s’agit d’un grand format pour un portrait autonome autour de 1550. Il permet de représenter Louis de Laurent à mi-corps, une main posée sur la hanche et l’autre tenant une paire de gants dans une attitude décontractée évoquant la sprezzatura italienne. Qui plus est, l'œuvre est peinte sur toile, un support encore relativement peu utilisé pour les portraits à cette date.
LVDOVICVS DE LAVRENTIIS 1459 / FILIVS MONET DE LAVRENT. / GVBERNATORIS NICIENSIS / PRO SERENISSIMO / DVCE SABAVDIAE / OBIIT AVEN. 1558
Portrait de son fils.
n° 436