Buste d’homme accoudé (prophète coiffé d’un bonnet)
Buste provenant d'un retable.
- Identification du bois, Elisabeth Krebs, 2006-2007.
- Observation, Juliette Levy-Hinstin, 2020.
- Constat d’état, Florence Godineau, 2023.
Sculpture taillée dans une pièce principale bois (tilleul) avec éléments secondaires assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête, une cavité (diamètre : 2,5 cm environ) ultérieurement comblée par une pièce de bois ; sous la base trois entailles peut-être postérieurement agrandies (chacune 2 cm environ).
- Traces de fixation dans le retable (?) : sous la base, deux cavités (diamètre 1 cm environ) et d’autres petites cavités avec restes de chevilles.
- Éléments assemblés à l’origine : main gauche ; boule assemblée à l’extrémité de la pointe senestre du bonnet ?
- Principaux manques : boule à l’extrémité de la pointe dextre du bonnet ; éclats au revers de la sculpture et sur les bords des vêtements.
- Interventions postérieures : restitution des dernières phalanges de l’index et du majeur de la main gauche ; localement, importants comblements ; croix et chiffre 56 marqués au fer chaud sous la base (fin du 19e siècle ?) ; insertion d’un pas de vis sous la base (fin du 20e siècle).
Vestiges de la polychromie d’origine recouverts par deux (?) polychromies postérieures et des retouches locales.
1. Polychromie d’origine :
- Toile encollée (d’origine ?).
- Robe : argent, rouge (d’origine ?).
- Vêtement de dessous : décor au bord de l’encolure (d’origine ?).
- Intérieur de la bouche : rouge vif (d’origine ?).
2. Polychromies postérieures actuellement visibles :
- Robe : brun, bordure dorée.
- Vêtement de dessous : bleu, filet doré au bord de l’encolure.
- Bonnet : noir, bordure et galon central dorés.
- Carnations : rose ; lèvres : rose foncé ; yeux : gris.
[une croix] 56
La croix et le chiffre 56 sont marqués au fer chaud sous la base et indiquent probablement le numéro d’inventaire du buste lorsqu’il était conservé à l’hôpital Saint-Marc à Strasbourg au 19e siècle.
L’homme en vêtement civil, le visage émacié, la bouche ouverte, lève la main gauche en un geste qui souligne ses paroles. Comme le Buste d’homme accoudé MOND 180 (Strasbourg, Musée de l’Œuvre Notre-Dame), ce personnage représente très vraisemblablement un prophète. Son bonnet à pointes latérales est un élément du costume civil à la fin du 15e siècle et au début du 16e siècle. Les deux pointes étaient souvent ainsi terminées par des boules qui évoquaient des glands d’étoffe ou des boutons, reliés par une bride pour attacher le bonnet sous le cou. Ces petites boules ne représentent pas des grelots, comme il a été souvent affirmé à tort, à propos de ce buste du Musée de l’Œuvre Notre-Dame. Dans les gravures du Maître E.S., un bonnet de ce type peut être porté par un prophète (L. 82, L. 189), un apôtre (Jude Thaddée ou Simon, L. 122, L. 135), un ermite (L. 302) ou les archers du martyre de saint Sébastien (L. 156, L. 157). Un bonnet similaire coiffe un soldat (Les préparatifs de la Crucifixion, dessin attribué à Ludwig Schongauer), saint Antoine ermite (La visite de saint Antoine à saint Paul, gravure du Maître b x g) et une tête d’apôtre de Dürer (dessin préparatoire pour le retable commandé par Jakob Heller). Le bonnet à pointes latérales terminées par des boules n’était donc pas caractéristique du costume des fous et pouvait convenir à l’image d’un prophète.
vraisemblablement attribuable à un sculpteur strasbourgeois de l’entourage de Nicolas de Haguenau.
Strasbourg, Rhin supérieur (Oberrhein)
Origine inconnue. Au 19e siècle, hôpital Saint-Marc, Strasbourg. Dépôt des Hospices civils au Musée de l'Œuvre Notre-Dame, Strasbourg, vers 1948.
Les deux bustes représentent des prophètes et proviennent d’un même retable.
p. 99, n° 1016 (« Quatre Bustes, sculptés en bois et polychromés ; peut-être personnifications de certains vices : l’Avarice, l’Envie, la Calomnie et la Haine (?). Fin du XVe siècle. Hospices civils (Saint-Marc), Strasbourg » : comme les quatre bustes, conservés au Musée de l'Œuvre Notre-Dame, MOND 180, MOND 181, MOND 444, MOND 445, sont mentionnés ensemble, il est difficile de déterminer quel est le vice proposé pour chacun d’entre eux).
p. 11 n° 29 (« Quatre bustes, sculptés en bois et polychromés [[MOND 180, MOND 181, MOND 444, MOND 445]. […] Ces figures appartiennent à la période du XVe siècle […]. Il s’agit, sans doute, des acteurs d’une instance judiciaire entre une pauvre femme comme défenderesse, un usurier comme demandeur, un procureur, et un juge tenant un rouleau de parchemin et dont les yeux à demi clos semblent indiquer qu’il se recueille en face de la surexcitation des plaideurs. Hospices civils (Fondation de S. Marc), Strasbourg.»).
p. 20, nos 5, 9 (« […] les quatre bustes de Saint-Marc […] constituent les derniers vestiges de celui [le retable] qui fut exécuté pour la cathédrale en 1501 […] par le sculpteur Nicolas de Haguenau […]. Ces quatre bustes forment deux séries de hauteur différente ; les deux plus grands [MOND 180, 181] rappellent les types des apôtres, surtout le buste qui nous occupe [MOND 181]. La tête, expressive elle aussi, qui porte l’empreinte évidente d’une affection cérébrale rappelle une tête d’apôtre que Dürer dessina en 1508 pour l’autel de Heller […]. »).