Intérieur de harem

envoi 4e année

Par une lettre en date du 19 février 1885, Louis Cabat avise l'Académie des difficultés qu'il rencontre avec l'envoi de dernière année de Lucien Doucet. En vertu du règlement, le directeur précise à l'Académie que le pensionnaire lui a soumis son esquisse qu'il a acceptée « faute de mieux, comme un thème à faire de belles et sérieuses études de nu, dans un style élevé et pudique. » (Henri Lapauze, Histoire de l'Académie de France à Rome, 1924, p. 458). Mais la composition ainsi que l'exécution de l'envoi laissent à Cabat l'impression d'une duperie quant aux intentions du pensionnaire : « les grands dessins que M. Doucet m'avait montrés pour l'exécution de ce tableau m'avaient fait croire à une interprétation toute autre de la nature que celle que M. Doucet a donnée à son oeuvre. Je ne parle pas ici du mérite que peut avoir la peinture, je ne parle que de l'inconvenance de l'interprétation. » (Lapauze, Idem, 1924, p. 458). Le directeur prend alors la décision d'interdire l'exposition de l'envoi à Rome créant, de ce fait, une fronde générale de la part des autres pensionnaires refusant toute exposition de leurs œuvres si Cabat devait maintenir sa décision. L'exposition sera finalement organisée en avril avec le tableau de Doucet, mais sans aucune inauguration officielle de la part de la Reine d'Italie et de la haute société romaine. Au courant du mois de juillet, L'Intérieur de Harem est exposé à l'École des beaux-arts où l'envoi, après avoir été désapprouvé par l'Académie des beaux-arts, suscite quelques réactions indignées, notamment de la part d'un certain Charles Bodrot qui en fait part à l'Académie : « Il est honteux, il est immoral, il est indigne de notre École nationale que l'on expose un tableau envoyé de Rome comme celui qui présente à l'admiration du public, quoi ? un derrière de femme ! et quelle nature ! quelles formes ! employer à cela l'argent de l'Etat est indigne » (Archives de l'Académie des beaux-arts, 5 E 59). En 1886, Charles Ponsonailhe indique que l'envoi se trouve « chez un marchand de tableaux » (Charles Ponsonailhe, « Le Salon de 1886 : La peinture », L'Artiste, juin 1886, p. 466), il s'agit sans doute de la galerie Georges Petit [Lechleiter, 2008, p. 289-290]. Le tableau a été découpé en plusieurs morceaux (vraisemblablement trois) à une date inconnue située après 1885 et avant 1896. En effet, deux fragments ont été présentés lors de la vente après décès de l'artiste organisée en mai 1896 par la galerie Georges Petit : n°8 - Femme nue, lisant, h/t, h. 105 x 75 cm (localisation inconnue) ; n°9 - Femme nue, assise, h/t, h. 72 x l. 92 cm (localisation inconnue). Un troisième fragment ayant fait partie de la collection Alexandre Dumas père est entré dans les collections municipales du musée de Soissons en 1908, il est conservé sous le titre Nu couché, h/t, h. 75,5 x l. 122,5 cm, (inv. 93.7.2527). Oeuvre en rapport : Femmes nues, dessin, pierre noire sur papier, h. 120 x l. 205 cm, Lunéville, musée du Château (inv. 002.04.1505) provenant sans doute de la vente Doucet chez Georges Petit (voir le catalogue de la vente de l'atelier Lucien Doucet, galerie Georges Petit, 11-12 mai 1896, n° 142, p. 34) ; Intérieur de harem, esquisse d'ensemble pour le tableau original, h. 32 x l. 72 cm, localisation inconnue (catalogue de la vente de l'atelier Doucet, galerie Georges Petit, 11-12 mai 1896, n° 21, p. 17).

L. Doucet - Rome

Envoi réglementaire de 4e année. Exposé à Rome en avril 1885 et à l'École des beaux-arts en juin 1885. Exposé à Paris, galerie Georges Petit en mai 1896 sous forme de fragments, l'oeuvre ayant été morcelée à une date inconnue (après 1885 - avant 1896). Un troisième fragment faisant partie de la collection d'Alexandre Dumas fils a été vendu en mars 1896 par la galerie Georges Petit (vente Alexandre Dumas, galerie Georges Petit, les 2 et 3 mars 1896). Il s'agit du fragment actuellement conservé au musée municipal Saint-Léger de Soissons, entré dans les collections par la donation Paul Dehaitre en 1908 (ancienne collection A. Dumas père puis A. Dumas fils vendue en 1896).