Bas-relief appliqué sur la face interne d’un volet de retable.
Observation, Juliette Levy-Hinstin, Sophie Guillot de Suduiraut, Laurence Brosse, 2022.
Relief constitué d’une planche de bois (résineux ? tilleul ?).
- Traces de fixation du relief sur le volet du retable : trois percements circulaires, sous chaque épaule et en bas à dextre.
- Deux percements allongés à dextre et à senestre dans le bas de la dalmatique : de fonction indéterminée (pour une fixation postérieure ?).
- Bois transpercé involontairement lors de la taille, sous l’avant-bras gauche.
- Au revers, quatre entailles horizontales et deux inscriptions (« VIIII » : le chiffre romain 8 ? et un signe évoquant le chiffre gothique 4 ?) : peut-être des marques de repérage pour indiquer l’emplacement du relief sur le volet du retable.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive), bois endommagé sur une grande partie des bords du relief.
- Manques : sur l’amict, les bords de la mitre et l’épaule gauche ; sous le bras droit et sur le bord dextre de la dalmatique ; sur les bords de toute la partie basse de la sculpture ; sur les saillies des plis de l’aube.
- Interventions postérieures : au revers, deux cavités pour des vis dans le bas, et un crochet métallique dans le haut pour la présentation au musée.
Polychromie d’origine avec quelques reprises locales.
Préparation blanche.
- Chasuble, franges de la dalmatique et bords de l’aube : bol, or.
- Amict, mitre, bonnet, revers de la chasuble, aube : bol, argent.
- Dalmatique, bonnet : bol, argent, glacis rouge.
- Gants : gris (avec reprises).
- Chaussure : noir
- Sol : vert.
- Carnations : rose, avec rehauts rose soutenu ; lèvres, partie tranchée du cou (reprises locales) : rouge vif ; yeux, sourcils : noir.
[quatre entailles horizontales] VIIII [le chiffre gothique 4 ?]
Tracé à l'outil dans le bois. Peut-être marques de repérage pour indiquer l’emplacement du relief sur le volet du retable.
L’évêque saint Denis, vêtu d’une aube avec amict, d’une dalmatique et d’une chasuble, tient, dans ses deux mains gantées, sa tête coiffée d’une mitre. Cette image traditionnelle du saint céphalophore rappelle la légende de l’évêque de Paris, décapité au 3e siècle, qui marcha après sa mort en portant sa tête jusqu’au lieu de sa sépulture. La dévotion envers saint Denis s’est diffusée hors de Paris et de la France, notamment en Allemagne à Ratisbonne où étaient conservées des reliques du saint. Invoqué comme guérisseur de divers maux, saint Denis était rangé parmi les Quatorze Intercesseurs (en allemand, Vierzehn Nothelfer ; en latin, auxiliatores), un ensemble de quatorze saintes et saints ayant le pouvoir d’intercéder auprès de Dieu pour l’humanité en péril de mort, de maladies ou d’épidémies. Développée en Allemagne du Sud à la fin du 14e siècle, la dévotion envers ce groupe de saints s’est amplifiée après le milieu du 15e siècle, en particulier à la suite de la vision d’un jeune berger à Langheim en Franconie.
Rhin-supérieur (Oberrhein), Colmar
Le relief représentant Saint Denis, de même que les reliefs de Saint Georges et Saint Cyriaque (96.632 b et c), provient du retable des Quatorze Intercesseurs dans l’église paroissiale de l’Invention-de-la-Sainte-Croix de Kaysersberg. Ce retable des années 1510-1520 fut démembré et remplacé par un retable réalisé en 1862 par Jean-Baptiste Klem (Kembs, 1816-Colmar, 1863). De style néogothique, le nouveau retable associait un relief de la Déploration du 16e siècle aux quatorze statuettes des Intercesseurs sculptées vers 1862. À cette date, les trois reliefs du début du 16e siècle étaient conservés dans un lieu inconnu. En 1902, ils étaient en possession de Joseph Clauss. Le retable du 19e siècle fut à son tour supprimé vers 1950-1960. Don (?) de Joseph Clauss (?) des trois reliefs, Saint Denis, Saint Georges et Saint Cyriaque, à la Société d’Histoire de Kaysersberg (créée en 1907). Présentation au Musée historique lors de son aménagement en 1972.
Saint Denis, Saint Georges et Saint Cyriaque proviennent d’un même retable consacré aux Quatorze Intercesseurs, dans l’église de l’Invention-de-la-Sainte-Croix de Kaysersberg. Les bas-reliefs étaient appliqués sur les faces internes des volets, associés aux onze autres figures de saintes et de saints sans doute réparties sur les volets et dans la caisse centrale du retable. Les trois saints sont les seuls témoins conservés du retable des années 1510-1520, qui a été remplacé en 1862 par un retable de Jean-Baptiste Klem, à son tour supprimé vers 1950-1960.
p. 10 (« Dans le collatéral Nord, un retable plus petit présentant la Descente de la Croix [Déploration] et les quatorze saints auxiliateurs de la même époque [début du 16e siècle], à l’exception de deux ou trois figures qui sont modernes » ; les trois reliefs, Saint Denis, Saint Georges et Saint Cyriaque, ne sont pas mentionnés).
p. 200 (Retable avec la Descente de croix [Déploration] du début du 16e siècle, et les Quatorze Intercesseurs ; les trois reliefs, Saint Denis, Saint Georges et Saint Cyriaque, ne sont pas mentionnés).
p. 11 (le retable moderne des Quatorze Intercesseurs remplace un retable gothique tardif avec des reliefs de saints : trois d’entre eux sont en ma possession, ils sont l’œuvre d’un sculpteur bien exercé, vers 1490).