Portrait d’un homme [avers] ; Lucrèce se donnant la mort [revers]
à l'avers
au revers
Portrait d’un homme
Lucrèce se donnant la mort
L’attribution évidente au Maître de Dinteville de la Lucrèce se donnant la mort qui se trouve au revers du portrait de l’homme dit aux belles mains a permis également de le désigner comme auteur de ce dernier (Larraz et Villa 2023). Les deux œuvres ont d’abord été attribuées un temps à Jan Gossaert (vers 1487-1532), malgré la présence de la date de 1534 sur le parapet en pierre. Lors de leur vente en 1527, le portrait a été donné à Holbein, en raison de ses similarités avec les Ambassadeurs. Max Friedländer a maintenu l’attribution à Gossaert, ouvrant l’hypothèse qu’au moins le revers soit d’une autre main. Pour sa part, Maryan Ainsworth avait proposé de façon insatisfaisante d’y voir un portrait de Jan Cornelisz Vermeyen. La plasticité marbresque et les traits morphologiques de la Lucrèce sortent sans aucun doute du corpus du Maître de Dinteville, et sont comparables notamment aux figures des bannières de 1536. De même, le portrait de l’homme aux belles mains s’inscrit parmi les personnages sculpturaux du peintre, tout comme le traitement froid et placide du visage évoque ses portraits déguisés de l’Allégorie Dinteville et de Jean de Langeac (New York, Metropolitan Museum of Art). L’influence de peintres comme Holbein le Jeune et Jan Gossaert se détecte dans le traitement minutieux et satiné des vêtements, alors que le séjour italien du Maître est souligné par la physionomie monumentale de la figure et sa chair de porcelaine rappelant les débuts de Bronzino.
Malgré l’indication de l’âge du personnage, qui doit être né autour de 1498-1499, et le fait qu’il était probablement un proche intime de la famille de Dinteville, aucun nom n’a pu lui être rattaché. La devise « QVI PAR TROP EMBRACE EN VAIN SE BRAS LACE » inscrite sur son couvre-chef et accompagnée d’une image d’un homme enlaçant une tour, n’a pas non plus pu être rattachée à un individu. Comme nous l’avions déjà souligné, les références au suicide de Lucrèce, symbole de la sauvegarde de l’honneur contre la tyrannie, rattache l’homme aux belles mains à un milieu savant et humaniste impliqué dans les intrigues politiques tournant autour des Dinteville dans les années 1530.
pour le portrait
35
incertain
collection Montbrison, château de la Roch (Tarn-et-Garonne), sous Jan Gossaert ; collection Charles-Léon Cardon, Bruxelles ; vente aux galeries Kleinberger à New York, 1924, sous Hans Holbein ; vente à Herbert Lehman et James Graham and Sons en 1954 ; fondation Edith et Herbert Lehman ; legs en 1968 ; Williamstown, The Clark Art Institute, inv. 1968.298 et 1968.306.
vol. 8, p. 161, sous « Jan Gossaert »
p. 22, sous « Jan Cornelisz Vermeyen »
p. 28-40, sous « Maître de Dinteville (Bartholomeus Pons ?) »