Femme entourée de cinq enfants formant une allégorie de la Charité, drapée dans une ample robe blanche, avec un vase fermé à ses pieds. L’un des enfants est au sein, un autre entoure de son bras avec tendresse le cou de la figure féminine, un troisième lève le bras droit pour soutenir une draperie qui est aujourd’hui difficilement perceptible à l’arrière-plan. Un quatrième, debout à ses pieds, lui tend un fruit, le cinquième est endormi, accoudé en bas à gauche.
L’étude des différentes figures met en évidence la culture éclectique du peintre :
- La figure féminine dérive, par sa monumentalité et par le type de drapé à l’antique qui moule son corps, d’un célèbre antique, dit « Flore Farnèse », découvert à Rome dans les thermes de Caracalla en 1540 sous le pontificat de Paul III Farnèse – année au cours de laquelle Primatice séjourne à Rome pour dessiner et acheter des antiques -, mais aussi, pour son attitude déhanchée et équilibrée sur un pied dominant, de la Lucrèce gravée par Marc-Antoine Raimondi d’après Raphaël.
- L’enfant au sein s’inspire d’un dessin de Michel-Ange (Vierge à l’Enfant avec saint Jean Baptiste, Paris, Louvre, INV 704) auquel Primatice a emprunté d’autres motifs pour la Galerie d’Ulysse.
- L’enfant enlaçant la Charité dérive d’un dessin attribué à Perino del Vaga conservé au British Museum.
- L’enfant debout tendant un fruit a peut-être une source rossesque car il est comparable à celui de la Charité anonyme du Bonnefanten Museum de Maastricht (parfois rapprochée de Thiry, voir Scailliérez 2004, p. 81).
- L’enfant endormi accoudé en bas à gauche est semblable à l’Amour dans une gravure de Giulio Bonasone figurant Sémélé (burin de la série des Amours des Dieux, voir Stefania Massari, Giulio Bonasone, cat. exp. Rome, 1983, n° 57) et proche de celui que l’on voit dans la gravure de Giorgio Ghisi d’après Luca Penni représentant Vénus piquée par un buisson de roses (cat. exp. Ghisi, Rome, 1998, p.129-135), et il dérive, plus largement, du motif du Putto à la tête de mort, très prisé à l’époque de la Renaissance.
Le tableau a été mis en relation par D. Cordellier (2004, p. 345) avec une mention de Brantôme, Recueil des Dames (édition Vaucheret 1991 p. 341) d’« un fort beau tableau où estoit peinte une charité toute en candeur et voile blanc ».
Un sixième enfant, couché sous le rideau, bien visible en radiographie, semble avoir été recouvert par un repeint sous lequel se distingue une forme ronde qui pourrait correspondre à la tête du bébé (S. Delbourgo, 24 avril 1972, C2RMF, citée par Béguin, 1972, p. 17-18).
Bois transposé sur toile
La radiographie met en évidence que le support original était composé de 10 planches à fil horizontal.
Le dessin sous-jacent perceptible en réflectographie donne les contours des figures sans modifications ou hésitations et semble correspondre au report d’une composition préexistante (Le Chanu, « Art français du XVIème siècle, La peinture et le laboratoire Procédés. Méthodologie. Applications, éd. Roger van Schoute et Hélène Verougstraete, Louvain, Peeters, 2001, p. 175-176).
711./B.72
C'est sous l'attribution au Maître de Flore que le tableau fut publié par Sylvie Béguin dans son article de l'Œil (1972, p. 80 : « Le rapprochement avec certaines compositions attribuées au Maître de Flore, artiste du cercle primaticien qui commença à travailler à la cour de Fontainebleau vers le milieu du siècle, s’il est extrêmement intéressant, est aussi bien délicat »).
Attribué au Maître de Flore, d’après une invention de Primatice (Cordellier, 2004, n° 181 : « Il nous semble donc évident que Primatice est le concepteur de la composition. Il est impossible en revanche – vu la différence du tableau avec l’Autoportrait, la Sainte Famille et Ulysse et Pénélope – qu’il en soit aussi l’exécutant »).
Attribué au Maître de Flore d’après une invention de Primatice (Cordellier, 2004, n° 181 : « Il nous semble donc évident que Primatice est le concepteur de la composition. Il est impossible en revanche – vu la différence du tableau avec l’Autoportrait, la Sainte Famille et Ulysse et Pénélope – qu’il en soit aussi l’exécutant ».
« Anonyme, proche de la période classique de Primatice » ( Béguin, 1972, p. 80).
nom avancé oralement dans un premier temps par Bernice Davidson (c.o.1972)
Vente M. de C., Paris, 2 mai 1791, p. 2 n°4 (« Primatice »)
Collection E. von Grab, Vienne, 1921
Collection Schroll, Vienne, 1932
Collection Otto et Marguerite Vetter, Gênes
Acquis en mars 1970 auprès de ces derniers.
p. 136, pl. 20 (« Primatice ou plutôt Niccolò dell’Abate »)
n°2, p. 65 (attribué à Nicolò dell'Abate)
9, 1933, partie 6, p. 612 (attribué à Nicolò dell'Abate)