Portrait d'un homme tenant un livre
Redécouvert en 1991, ce petit portrait d’un homme anonyme sur fond vert est initialement rapproché de Corneille de Lyon. Comme le souligne Alexandra Zvereva (2019, p. 91), le caractère générique de ce type d’attribution concernent souvent les portraitistes de la première moitié du XVIe siècle, qui « sont généralement désignés, faute de mieux, comme appartenant à l’entourage de Corneille, en dépit d’un style suffisamment personnel pour ne pas être confondu avec celui du peintre lyonnais ». L’identité du modèle demeure un mystère mais son vêtement, en particulier le pourpoint noir au motif losangé et un manteau à larges revers, l’assimile à un milieu aisé (Zvereva 2019, p. 91). Il se distingue également au sein du corpus réuni dans cette étude par un accessoire rarement trouvé au sein des portraits français : un livre. Ce dernier, peu épais et sans fermoirs, serait un texte imprimé et profane, attestant du statut instruit de l’homme (Zvereva 2019, p. 92). La présence du parapet est aussi particulière, évoquant la production antique et italienne qui est aussi assimilée en France, comme dans le portrait de Guillaume Budé par Jean Clouet (New York, Metropolitan Museum of Art, inv. 46.68). Le ciselage de la figure, sculptée par un luminisme puissant, est contrebalancé par des carnations fondues dans une touche opaque. De façon intéressante, le portrait est mis en regard par Alexandra Zvereva avec un portrait de femme qui a été rendu la même année à Giovanni Capassini (R. Villa, « Giovanni Capassini et Étienne de Martellange : nouvelles propositions », Peindre à Avignon aux XVe-XVIe siècles, dir. F. Elsig, Milan, 2019, p. 231). La convergence d’influences italiennes et françaises, spécifiquement lyonnaises, pourrait ainsi suggérer que l’artiste se situe dans la sphère d’activité du peintre florentin au service du cardinal de Tournon.
Ritratto [...] dipinto [...] della [...]
sur une étiquette ancienne et partielle
[cachet de cire bleutée avec l’aigle des Habsbourg et le signe FI, annoté sur le pourtour] C.R. ACCADEMIA DI MILANO / PER L’ESPORTAZIONE
[cachet carré de cire rouge portant un blason parti : à gauche] BLAYDS [d’azur à une fasce d’hermine avec une épée érigée en dessous, en chef d’argent au pal de gueules entre deux faces de léopard, le pal chargé d’une gerbe] {à droite :] HIND [de gueules à chevron entre trois biches d’or] [le cimier : un léopard rampant col et chaînes d’or, tenant une épée dans la patte droite] [dessous la devise] GRATO ANIMO
influence précoce de Giovanni Capassini ?
Collection particulière, Italie, fin du XVIIIe siècle ; acquis avant 1835 en Italie d’après le cachet de cire de l’Académie des Beaux-Arts de Milan ; collection Thomas Calverley Blayds (1795-1848) et Charlotte Hind, Castle Hill, Englefield Green, Surrey, Grande-Bretagne ; vente après décès, 30 mars 1849, lot 33, sous « attribué à Hans Holbein » ; leur fils, William Calverley (1825-1880), Londres ; sa vente après décès, Christie’s, Londres, 23 juillet 1881, lot 300 ; acquis par Wagner ; collection particulière, Paris ; Galerie Kugel, sous « entourage de Corneille de La Haye ».
p. 88-96, n° 8, sous « entourage de Corneille de La Haye (de Lyon) »