Tristán, Luis
Formé chez Greco et très lié avec la famille de son maître, il séjourna quelque temps en Italie entre 1606 et 1613, puis se fixa définitivement à Tolède. Son style se rattache à celui du Crétois, surtout par les schémas de la composition et l’allongement encore maniériste des personnages : Trinité (1624, cathédrale de Séville), Retable (1623, Tolède, couvent de S. Clara). Mais, en même temps et peut-être sous l’influence d’autres artistes tolédans et de quelques-uns des Italiens qui travaillaient à l’Escorial, il évolue sensiblement vers le naturalisme. Il modifie la gamme des couleurs froides caractéristiques de Greco et emploie des tonalités chaudes avec des préparations rougeâtres et une pâte épaisse, tandis qu’il accentue les contrastes de lumière suivant l’esthétique des « tenebrosi » (Retable de Yepes, 1616 ; Saint Louis distribuant des aumônes, Louvre). L’ensemble de son œuvre montre clairement le passage du maniérisme au naturalisme baroque ; les œuvres les plus intenses et les plus réalistes de l’artiste (Saint François, Louvre ; Saint Dominique pénitent, Tolède, musée du Greco) se rattachent naturellement aux aspects les plus caractéristiques de la peinture espagnole du xviie siècle. Comme portraitiste (le Cardinal Sandoval, 1619 cathédrale de Tolède), Tristán assure la transition entre Greco et Velázquez par son objectivité et sa technique simple et sûre.
[ Larousse "dictionnaire de la peinture" ]