Chaffanjon, Jean
97 rue de Paris
Dans le centre-ville
Ville aussi appelée Port-Arthur
À son compte
Marcerou, Schréter et Cie
Chargé de cours d'histoire naturelle
Lycée Saint-Pierre
Jean Chaffanjon naît à Arnas, près de Villefranche-sur-Saône, le 8 septembre 1854, de parents cultivateurs. Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, il s’engage dans le corps des francs-tireurs Beaujolais. En 1873, il entre à l’école normale du Rhône de Villefranche, dont il sort diplômé en 1875.
Une formation de naturaliste
Jean Chaffanjon commence comme instituteur, enseignant les sciences naturelles au premier degré. Affecté à Tarare, il y reste jusqu’en 1877, date à laquelle il donne sa démission, l’enseignement primaire ne lui donnant pas entière satisfaction (Verneau R., 1913). Il poursuit ses études à la faculté des sciences de Lyon et se spécialise dans les sciences naturelles. À cette même date, la Société d’entomologie l’admet parmi ses membres, signe de son intégration dans la communauté scientifique. En 1878, Chaffanjon interrompt ses études, pour faire son service militaire, durant lequel il se blesse à Dijon. Il est libéré de ses obligations le 7 février 1879, en tant que fils aîné de veuve. Contraint de trouver un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille (Verneau R., 1913, p. 549), il obtient un poste d’aide-naturaliste au Muséum d’histoire naturelle de Lyon. Parallèlement à ses fonctions, il donne un certain nombre de conférences publiques sur la géologie générale et la géologie régionale à la mairie du 1er arrondissement de la ville. En 1880, il est également préparateur du cours d’anthropologie de Louis Lortet (1836-1909), doyen de la faculté de médecine de Lyon. En avril 1882, il est envoyé au lycée de Saint-Pierre de La Martinique, où il est chargé du cours d’histoire naturelle. Depuis les Antilles, il procède à des envois réguliers de collection de crustacés et de poissons de la région aux Muséums d’histoire naturelle de Paris et de Lyon.
La découverte des sources de l’Orénoque
Éprouvé par la perte de plusieurs membres de sa famille, survenue pendant l’épidémie de fièvre jaune qui a sévi sur l’île (AN, F/17/2946/1), Jean Chaffanjon sollicite auprès du ministère de l’Instruction publique une mission gratuite, qu’il obtient en mai 1884. Il assure sa charge d’enseignement jusqu’en novembre (Verneau R., 1913, p. 549), et part au Venezuela cartographier le cours de la Caura, un des plus grands affluents de l’Orénoque, dont il ambitionne de découvrir la source dans le cadre d’une autre mission. Alphonse Milne-Edwards (1835-1900) et Ernest-Théodore Hamy (1842-1908) le soutiennent dans ce nouveau projet. Le 6 février 1886, il embarque à Bordeaux pour Caracas. Il s’adjoint les services du jeune dessinateur Auguste Morisot (1857-1951), ancien élève de l’école des Beaux-Arts de Lyon et futur époux de Berthe Morisot (1841-1895). L’explorateur est accueilli avec considération par Joaquín Crespo (1841-1898), alors président du Venezuela. La mission arrive le 7 avril 1886 à Ciudad Bolívar, sur les rives de l’Orénoque, véritable point de départ du voyage. Le 10 juin, ils appareillent, avec l’escorte de marins mise à leur disposition par le gouverneur de Ciudad Bolívar, à la demande du général Crespo. Ils remontent un fleuve énergique et franchissent de nombreux rapides. À Mapire, les marins s’enfuient, craignant les anthropophages supposés peupler les bords du fleuve. La maladie oblige Chaffanjon et son compagnon de voyage à s’arrêter à Caicara le 22 juillet. Leur état ne leur permet de repartir que le 21 août en direction de Cabruta. La ville de San Fernando atteinte, la mission pénètre en terra incognita. L’Orénoque s’amenuise. Et le 18 décembre, l’explorateur en localise les sources dans la Sierra Parima.
La Société de géographie de Paris lui décerne à son retour la troisième médaille d’or et la Société de géographie commerciale la médaille Dupleix. Il reçoit une médaille de la Chambre des négociants commissionnaires (Labbé P., 1913, p. 692). Le Venezuela le récompense aussi pour service rendu. Il est élu le 3 juin 1888 membre associé et correspondant de l’Union géographique du Nord, lors de la commission réunie à Laon. Cette mission marque les esprits. Elle inspire notamment à Jules Verne (1828-1905) son roman Le Superbe Orénoque (1898), où le protagoniste principal Jean de Kermor présente de nombreuses similitudes avec Jean Chaffanjon.
Une troisième mission conduit ce dernier au lac de Maracaibo, dans les hauts plateaux colombiens, et dans la Guyane vénézuélienne, à la recherche d’une civilisation disparue. Pendant trois ans, il parcourt la région du Caratal et de l’État Maturin. Il passe par la cordillère du nord du Venezuela, la Punta Guiria. Il franchit la cordillère des Andes et descend son versant est, du côté de Maracaibo en Colombie. Son périple se termine en 1891, date à laquelle il rentre des Amériques.
Une carrière avortée dans la politique
De retour en France, Jean Chaffanjon fait connaître son envie de retourner dans les colonies, « dans les régions nouvelles », et de poursuivre ainsi ses travaux de géographie, d’anthropologie et d’ethnographie, tout en bénéficiant des commodités d’un poste administratif (AN, F/17/2946/2). Le ministère ne donne pas suite à cette demande. Chaffanjon s’engage alors dans le débat politique, en défendant les idées républicaines aux élections législatives du 3 novembre 1893, dans la 2e circonscription de Villefranche. Mais, sa candidature, préparée à la hâte, ne lui permet pas de l’emporter (Le Bon Citoyen de Tarare et du Rhône, 14 août 1898). Déçu, il renonce définitivement à la politique.
La traversée de l’Asie centrale
Par arrêté du 19 octobre 1894, Jean Chaffanjon reçoit l’autorisation du ministère de l’Instruction publique de partir en Asie. Son ami Gabriel Bonvalot devait participer au voyage, mais sur le point de se marier, il choisit de rester. Il l’accompagnera plus tard pour effectuer les fouilles d’Afrasiab (Ouzbékistan) [Gorsenina S., 1999, p. 372]. La mission gratuite est financée par le Lyonnais Lucien Mangini, fondateur et administrateur du Crédit lyonnais, à l’origine du projet. Henri Mangini, fils du mécène, et Louis Gay, formé à l’école d’Agriculture de Versailles, participent à l’exploration en qualité de naturalistes. La mission ambitionne une traversée en diagonale de l’Asie centrale, de la mer Noire à la mer du Japon, par la Transcaspie, le Turkestan, la Mandchourie, la Mongolie, la Sibérie et les provinces maritimes de l’Amour. Le but est d’étudier l’histoire et la géographie de ces régions, notamment par des relevés orographiques et topographiques, des études de la faune et de la flore et des prélèvements géologiques.
De Marseille, passant par Constantinople (Istanbul), la mission arrive à Batumi. Chaffanjon et ses compagnons, voulant éviter la traversée de l’Oural, empruntent alors le chemin de fer transcaspien. Ils descendent ainsi jusqu’à la mer Caspienne à travers le Caucase, jusqu’à Samarkand, au Turkestan russe (actuel Ouzbékistan), en passant par Bakou (actuel Azerbaïdjan). Chaffanjon mène, en collaboration étroite avec le gouvernement russe, un certain nombre de fouilles archéologiques, notamment à Merv (Mary, au Turkménistan) et à Afrasiab. Après un séjour de trois semaines à Tashkent pour les préparatifs du voyage, la caravane est prête à partir en mars 1895. De Bishkek, ils font un détour vers le Sud. La mission contourne les Tian shan (天山) et débouche sur l’Ysyk-Köl, qu’ils longent sur sa rive nord jusqu’à Prjevalsk (actuelle Karakol), du nom de l’explorateur russe Nikolaj Mihajloviče Prževalʹskij (1839-1888), auquel ils rendent hommage. À la fin mai, ils arrivent à Verniy [Almaty], ville principale de l’Oblast de Semiretchie, sur la frontière chinoise. Là, Chaffanjon fait la rencontre de Paul Gourdet, ingénieur de son état, déjà occupé à faire des fouilles sur le site, et avec qui il étudie la nécropole nestorienne de la ville. Quittant Almaty au début du mois de juin, ils traversent la frontière de la Mongolie chinoise pour atteindre Kouldja (Yinning [伊寧], Xinjiang [新疆]). Ils gagnent ensuite les régions d’altitude du lac Sayram (赛里木), situé à 2 072 m au-dessus du niveau de la mer, et redescendent vers les marécages et le lac Ebi (艾比), à 300 m au-dessus du niveau de la mer. Après le lac Ulungur (烏倫古), dans la partie extrême occidentale du désert de Gobi, ils s’engagent dans l’Altai. La mission arrive à Khovd et poursuit dans la région des lacs aux eaux salines d’Uvs Nuur et Hyargas Nuur. La mission entreprend d’explorer les bassins de l’Ider Gol et de la Selenga. Ils relèvent une route nouvelle. Passant par le lac Tsagaan Nuur, ils redescendent dans la vallée de l’Orkhon, à la recherche de l’ancienne capitale de Gengis Khan, Karakorum. Passée Ourga [Ulan Bator], en novembre 1895, ils choisissent Irkoutsk, comme lieu d’hivernation. Après un temps de latence, la mission retourne à la ville sainte d’Ourga, d’où commence l’exploration de la vallée de la Kerulen (克魯倫) [Herlen Gol, en mongol], un des affluents de l’Amour. En mars 1896, ils arrivent à Qiqihar (齊齊哈爾), capitale de la Mandchourie [actuelle ville de la province du Heilongjiang (黑龍江)]. Après la traversée des Hinggan (興安), le voyage les conduit en août dans la vallée de la Zeya, où Chaffanjon étudie la tribu des Aratchones, et aux environs de Khabarovsk, les peuples Goldes et Ghiliaks. Il découvre dans la vallée de la Dzhapi des mines de houille. La mission observe l’éclipse du 9 août et, malgré le ciel brumeux, réalise « une série assez complète de photographies du phénomène » (La Politique coloniale, 24 novembre 1896, p. 3). Ils arrivent enfin à Vladivostok par l’Oussouri (烏蘇里). Une dernière étape les conduit brièvement au Japon, d’où ils prennent le bateau pour la France. L’Océanien accoste le 14 décembre 1896 au port de Marseille. Le lendemain, la mission est de retour à Paris.
La réussite de cette mission est le fruit d’un travail collectif. Louis Gay et Henri Mangini sont également admis comme membres de la Société de géographie de Paris, le 4 décembre 1896. Et sur l’insistance de leur chef de mission, ils sont élevés au rang d’officiers d’Académie (Journal officiel du 18 janvier 1897). Le 16 mars 1896, Chaffanjon reçoit pour ses travaux la médaille Dupleix, qui lui est attribuée par la Société de géographie commerciale de Paris. Il est lauréat du prix Léon Dewey en 1897, la Société de géographie de Paris lui décernant sa médaille d’or. Au renouvellement du bureau, il en est nommé, pour l’année 1897, secrétaire. L’Académie des sciences lui décerne en 1898 le prix Tchihatchef, qui récompense les naturalistes dans leur exploration du continent asiatique (Le Temps, 20 décembre 1898).
Jean Chaffanjon fait de nombreuses conférences sur son voyage. Le 20 février 1897, il communique devant l’auditoire de la Société de géographie de Paris. En septembre 1897, il participe au 11e Congrès international des orientalistes, dans la Section d’ethnographie et folklore, évoquant les tombes nestoriennes de Bishkek, dans le Turkestan, à la vallée de la Hailar (海拉), en Mandchourie (actuelle région autonome de la Mongolie intérieure). Dans ses communications, il décrit l’avancée des Russes dans le Turkestan, soulignant le rôle important des Cosaques, « soldats laboureurs », « excellents colons », « secondés du reste par le courant d’émigration que le gouvernement dirige habilement sur les territoires libres » (Bulletin de la Société de géographie commerciale, 1897, p. 113). Pour Chaffanjon, la Mandchourie a un potentiel d’avenir et regorge de richesses minières sous-exploitées. Il enjoint de futurs investisseurs à aller voir par eux-mêmes (1897b).
Il conçoit le projet d’installation d’un représentant consulaire à Vladivostok, projet dont il fait part au ministre des Affaires étrangères, pour lequel il se porte d’emblée candidat. La proposition, soulevant objections, est rejetée le 9 octobre 1897 (AN, F/17/2946/2).
L’explorateur obtient une nouvelle mission le 31 mars 1898, ayant pour but la Transbaïkalie, les provinces maritimes de l’Amour, Vladivostok, le détroit de Behring et une percée en Corée. Le naturaliste se fait accompagner du préparateur Bohuhof, rattaché au Muséum national d’histoire naturelle, diplômé du Cours des voyageurs, créé par Alphonse Milne-Edwards. Cette mission s’inscrit dans la continuité de la précédente.
Le négoce en Mandchourie et dans les Indes néerlandaises
Alors que Louis Gay et Henri Mangini s’établissent à Blagovestchensk, Jean Chaffanjon renoue sur le tard avec son passé de négociant. Son nom, suivi de la mention « explorateur à Vladivostok », figure sur la liste des conseillers du commerce extérieur, un poste nouvellement créé par le ministère du Commerce en 1898. Il s’agit de « correspondants de l’office, choisis parmi les industriels et négociants français établis tant dans la métropole qu’aux colonies ou à l’étranger, y jouissant d’une grande notoriété dans les affaires d’importation ou d’exportation et ayant personnellement contribué au développement du commerce extérieur soit par la création, la direction ou la représentation de maisons ou de comptoirs, soit par l’accomplissement de missions commerciales, par des publications et des études ou l’envoi régulier d’informations commerciales. Les fonctions de conseiller du commerce extérieur sont gratuites » (Le Temps, 27 mai 1898).
Chaffanjon vient en effet de s’installer à Vladivostok, où prospèrent trois maisons de commerce françaises. « Chaff », comme on l’appelle dans le milieu des affaires, fait du négoce avec diverses régions de l’Extrême-Orient.
En 1900, il revient certainement quelque temps en France, à l’occasion d’une conférence donnée au pavillon de la Presse coloniale, à l’Exposition universelle, où il s’exprime sur la situation politique en Chine : celle-ci est mise à mal par la révolte des Boxers, qui menace la sécurité des étrangers, et des missionnaires de Mandchourie en particulier (Coldre L., 1900).
Dès 1902, le commerce est mis en difficulté. Deux des trois maisons de Vladivostok de commerce périclitent. La troisième, dirigée par Jean Chaffanjon, se transporte à Port-Arthur. Comme le relève Paul Labbée, « depuis que la douane a été créée et que Vladivostok a cessé d’être port franc, le commerce étranger a reçu une rude atteinte » (Labbé P., 1902).
Lorsque la guerre russo-japonaise (février 1904-septembre 1905) éclate, Jean Chaffanjon, représentant de la maison de commerce Marcerou, Schréter et Cie se réfugie à Harbin (哈爾), dans le Heilongjiang. Sa femme, qui tient un magasin de mode à Port-Arthur, choisit de rester avec sa fille de neuf ans, dans leur maison située au cœur de la ville, alors que les bombardements font rage entre février et mars. Toutes deux sont engagées dans les ambulances de Mme Stœssel. À la fin mars, en compagnie de sa fille, cette « amazone » de Belleville, comme l’appelle un journaliste (Perrinet, Le Figaro, 1904), finit par rejoindre son mari et leurs deux fils.
En 1911, Jean Chaffanjon est chargé par une société privée de diriger des plantations d’arbres à caoutchouc (hévéa), dans les Indes néerlandaises, dans la presqu’île de Malacca [actuelle Indonésie]. Le commerçant souhaite répéter l’opération pour son propre compte dans l’île voisine de Bintang, île principale de l’archipel de Riau, au sud-est de Singapour. Il meurt à l’âge de cinquante-neuf ans, le 7 septembre 1913, à Tijtlom, d’un accident (Vaissier M., 2005).
Article rédigé par Florence Adrover
Jean Chaffanjon was born in Arnas, near Villefranche-sur-Saône, on September 8, 1854, to farming parents. During the Franco-Prussian War of 1870-1871, he joined the corps of the franc-tireurs of Beaujolais. In 1873, he entered the École Normale du Rhône in Villefranche, from which he graduated in 1875.
Naturalist Training
Jean Chaffanjon began as a teacher, teaching natural sciences at the primary level. Assigned to Tarare, he remained there until 1877, when he resigned, primary education not giving him complete satisfaction (Verneau R., 1913). He continued his studies at the Faculty of Sciences of Lyon where he specialised in natural sciences. On the same date, the Entomological Society admitted him as a member, a sign of his integration into the scientific community. In 1878, Chaffanjon interrupted his studies to perform his military service, during which he was injured in Dijon. He was released from his obligations on February 7, 1879, as the eldest son of a widow. Forced to find a job to support his family (Verneau R., 1913, p. 549), he obtained a position as an assistant naturalist at the Natural History Museum in Lyon. Alongside his duties, he gave a number of public lectures on general and regional geology at the town hall of the 1st arrondissement of the city. In 1880, he was also a trainer for the anthropology course of Louis Lortet (1836-1909), dean of the Faculty of Medicine of Lyon. In April 1882, he was sent to the Lycée de Saint-Pierre de La Martinique, where he was in charge of the natural history course. From the West Indies, he regularly sent collections of shellfish and fish from the region to the Natural History Museums of Paris and Lyon.
The Discovery of the Sources of the Orinoco
Tested by the loss of several members of his family, which occurred during the yellow fever epidemic raging on the island (AN, F/17/2946/1), Jean Chaffanjon asked the Ministry of Public Instruction for an independent mission, which he obtained in May 1884. He assumed teaching duties until November (Verneau R., 1913, p. 549), then left for Venezuela to map the course of the Caura, one of the largest tributaries of the Orinoco, whose source he aimed to discover as part of another mission. Alphonse Milne-Edwards (1835-1900) and Ernest-Théodore Hamy (1842-1908) supported him in this new project. On February 6, 1886, he embarked in Bordeaux for Caracas. He enlisted the services of the young draftsman Auguste Morisot (1857-1951), a former student of the School of Fine Arts in Lyon and future husband of Berthe Morisot (1841-1895). The explorer was greeted with consideration by Joaquín Crespo (1841-1898), then President of Venezuela. The mission arrived on April 7, 1886 in Ciudad Bolívar, on the banks of the Orinoco, the real starting point of the trip. On June 10, they set sail, with the escort of sailors made available to them by the governor of Ciudad Bolívar, at the request of General Crespo. They traveled up the boisterous river and crossed many rapids. In Mapire, the sailors fled, fearing the cannibals allegedly populating the banks of the river. Illness forced Chaffanjon and his traveling companion to stop at Caicara on July 22. Their condition did not allow them to leave until August 21 in the direction of Cabruta. After reaching the city of San Fernando, the mission entered terra incognita. The amplitude of the Orinoco was decreasing. And on December 18, the explorer located its sources in the Serra Parima.
Upon his return he was awarded the third gold medal by the Société de géographie de Paris and the Dupleix medal by the Société de géographie commerciale. He also received a medal from the Chambre des négociants commissionnaires (Labbé P., 1913, p. 692). Venezuela also rewarded him for service rendered. He was elected on June 3, 1888 as an associate member and correspondent of the Union géographique du Nord, during the commission meeting in Laon. This mission was well noticed. It notably inspired Jules Verne (1828-1905) in his novel Le Superbe Orénoque (1898), whose main protagonist Jean de Kermor shares many similarities with Jean Chaffanjon.
A third mission led him to Lake Maracaibo, in the Colombian highlands, and in Venezuelan Guyana, in search of a lost civilisation. For three years, he traveled the region of Caratal and Maturin State. He passed through the cordillera of northern Venezuela, the Punta Guiria. He crossed the Andes and descended its eastern slope, near Maracaibo in Colombia. His journey ended in 1891, when he returned from the Americas.
Failed Career in Politics
Back in France, Jean Chaffanjon made known his desire to return to the colonies, "to the new regions", and thus to continue his work in geography, anthropology and ethnography, while benefiting from the amenities of an administrative post (AN, F/17/2946/2). The ministry did not respond to this request. Chaffanjon then engaged in political debate, defending republican ideas in the legislative elections of November 3, 1893, in the 2nd district of Villefranche. But his candidacy, prepared in haste, did not result in victory (Le Bon Citoyen de Tarare et du Rhône, August 14, 1898). Disappointed, he definitively renounced politics.
Crossing Central Asia
By decree of October 19, 1894, Jean Chaffanjon received authorisation from the Ministry of Public Instruction to go to Asia. His friend Gabriel Bonvalot was to take part in the trip, but on the brink of marriage, he chose to remain. He would later join for the excavations of Afrasiab (Uzbekistan) [Gorsenina S., 1999, p. 372]. The independent mission was financed by the Lyonnais Lucien Mangini, founder and administrator of Crédit Lyonnais, at the origin of the project. Henri Mangini, son of the patron, and Louis Gay, trained at the Versailles School of Agriculture, took part in the exploration as naturalists. The mission aimed to cross Central Asia diagonally, from the Black Sea to the Sea of Japan, via Transcaspies, Turkestan, Manchuria, Mongolia, Siberia, and the maritime provinces of Amur. The aim was to study the history and geography of these regions, in particular through orographic and topographic surveys, studies of the fauna and flora and geological samples.
From Marseille, passing through Constantinople (Istanbul), the mission arrived in Batumi. Chaffanjon and his companions, wanting to avoid crossing the Urals, then took the Trans-Caspian railway. They thus descended to the Caspian Sea through the Caucasus, to Samarkand, to Russian Turkestan (current Uzbekistan), passing through Baku (current Azerbaijan). In close collaboration with the Russian government, Chaffanjon led a certain number of archaeological excavations, in particular in Merv (Mary, in Turkmenistan) and in Afrasiab. After a three-week stay in Tashkent for the preparations for the trip, the caravan was ready to leave in March 1895. From Bishkek, they made a detour to the South. The mission bypassed the Tian shan (天山) and led to the Ysyk-Köl, which they followed on its northern bank to Prjevalsk (current Karakol), named after the Russian explorer Nikolaj Mihajloviče Prževalʹskij (1839-1888), to whom they rendered homage. At the end of May, they arrived in Verniy [Almaty], the main town of Semiretchie Oblast, on the Chinese border. There, Chaffanjon met Paul Gourdet, an engineer by profession, already busy digging on the site, and with whom he studied the city's Nestorian necropolis. Leaving Almaty in early June, they crossed the Chinese Mongolian border to reach Kouldja (Yinning [伊寧], Xinjiang [新疆]). They then reached the high regions of Lake Sayram (赛里木), located 2,072 m above sea level, and descended to the swamps and Lake Ebi (艾比), 300 m above sea level. above sea level. After Lake Ulungur (烏倫古), in the extreme western part of the Gobi Desert, they entered Altai. The mission arrived in Khovd and continues to the region of the saline lakes of Uvs Nuur and Hyargas Nuur. The mission set out to explore the Ider Gol and Selenga basins. They took a new route. Passing by Lake Tsagaan Nuur, they descended back into the Orkhon Valley, in search of the ancient capital of Genghis Khan, Karakorum. After Urga [Ulan Bator], in November 1895, they chose Irkutsk as their wintering place. After a period of rest, the mission returned to the holy city of Ourga, from which began the exploration of the valley of the Kerulen (克魯倫) [Herlen Gol, in Mongolian], one of the tributaries of the Amur. In March 1896, they arrived in Qiqihar (齊齊哈爾), capital of Manchuria [current city of Heilongjiang Province (黑龍江)]. After crossing the Hinggan (興安), the journey took them in August to the Zeya Valley, where Chaffanjon studied the Aratchones tribe, and around Khabarovsk, the Goldes and Ghiliaks peoples. He discovered coal mines in the Dzhapi valley. The mission observed the August 9 eclipse and, despite the hazy sky, took "a fairly complete series of photographs of the phenomenon" (La Politique coloniale, November 24, 1896, p. 3). They finally arrived in Vladivostok via the Ussuri (烏蘇里). A final stage took them briefly to Japan, from which they embarked on a ship bound for France. The Océanien docked on December 14, 1896 at the port of Marseille. The next day, the mission was back in Paris.
The success of this mission was the result of collective work. Louis Gay and Henri Mangini were also admitted as members of the Société de géographie de Paris on December 4, 1896. At the insistence of their head of mission, they were elevated to the rank of officers of Académie (Journal officiel of January 18, 1897). On March 16, 1896, Chaffanjon received the Dupleix Medal for his work, which was awarded to him by the Société de géographie commerciale de Paris. In 1897 he won the Léon Dewey Prize, and the Société de géographie de Paris awarded him its gold medal. When the office was renewed, he was appointed secretary for the year 1897. In 1898, the Académie des sciences awarded him the Tchihatchef prize, which recognises naturalists in their exploration of the Asian continent (Le Temps, December 20, 1898).
Jean Chaffanjon gave many conferences on his trip. On February 20, 1897, he spoke to the audience of the Société de géographie de Paris. In September 1897, he participated in the 11th International Congress of Orientalists, in the Section of Ethnography and Folklore, evoking the Nestorian tombs of Bishkek, in Turkestan, in the Hailar Valley (海拉), in Manchuria (current autonomous region of Inner Mongolia). In his communications, he describes the advance of the Russians in Turkestan, emphasising the important role of the Cossacks, “soldier-labourers", "excellent settlers", "assisted moreover by the current of emigration that the government skilfully directs on the free territories” (Bulletin de la Société de géographie commerciale, 1897, p. 113). For Chaffanjon, Manchuria held potential for the future and was full of underexploited mineral wealth. He enjoieds future investors to go and see for themselves (1897b).
He conceived the project of installing a consular representative in Vladivostok, of which he informed the Minister of Foreign Affairs and for which he applied straightaway. Meeting objections, the proposal was rejected on October 9, 1897 (AN, F/17/2946/2).
The explorer obtained a new mission on March 31, 1898, with the aim of reaching Transbaikalia, the maritime provinces of Amur, Vladivostok, the Bering Strait, and a breakthrough in Korea. The naturalist was accompanied by the trainer Bohuhof, attached to the Muséum national d’histoire naturelle, graduate of the Cours des voyageurs, created by Alphonse Milne-Edwards. This mission was a continuation of the previous one.
Trading in the Dutch East Indies
While Louis Gay and Henri Mangini settled in Blagovestchensk, Jean Chaffanjon later returned to his past as a merchant. His name, followed by the mention "explorer in Vladivostok", appeared on the list of advisers of foreign trade, a position newly created by the Ministry of Commerce in 1898. They were "correspondents of the office, chosen from among French industrialists and merchants established both in mainland France and in the colonies or abroad, enjoying great notoriety there in import or export business and having personally contributed to the development of foreign trade either by creating, directing, or representating houses or trading counters, either by the accomplishment of commercial missions, by publications and studies or the regular dispatch of commercial information. The functions of foreign trade adviser are free” (Le Temps, May 27, 1898).
Chaffanjon had just moved to Vladivostok, where three French trading houses were prospering. “Chaff,” as he was known in the business community, traded in various areas of the Far East.
In 1900, he returned to France for some time, on the occasion of a conference given at the Colonial Press pavilion, at the Universal Exhibition, where he spoke about the political situation in China: this was endangered by the Boxer Rebellion, which threatened the safety of foreigners, and missionaries from Manchuria in particular (Coldre L., 1900).
From 1902, trade was made difficult. Two of Vladivostok's three trading houses were in decline. The third, directed by Jean Chaffanjon, moved to Port-Arthur. As Paul Labbée points out, "Since customs was created and Vladivostok ceased to be a free port, foreign trade received a severe blow" (Labbé P., 1902).
When the Sino-Japanese war broke out, Jean Chaffanjon, representative of the trading house Marcerou, Schréter et Cie took refuge in Harbin (哈爾), in Heilongjiang. His wife, who ran a fashion store in Port Arthur, chose to stay with her nine-year-old daughter in their house in the heart of the city, while between February and March the bombings raged. Both were engaged in Madame Stœssel's ambulances. At the end of March, in the company of her daughter, this "amazon" from Belleville, as one journalist called her (Perrinet, Le Figaro, 1904), ended up joining her husband and their two sons.
In 1911, Jean Chaffanjon was commissioned by a private company to manage rubber tree plantations (hévéa) in the Dutch Indies, on the peninsula of Malacca [now Indonesia]. The trader wishes to replicate the operation on his own account in the neighbouring island of Bintang, the main island of the Riau archipelago, southeast of Singapore. He died at the age of fifty-nine, on September 7, 1913, in Tijtlom, from an accident (Vaissier M., 2005).
Article by Florence Adrover (translated by Jennifer Donnelly)
[Objets collectionnés] Poteries, céramiques, tessons, faïences émaillées, mosaïques, vases en verre, amphores, vases, statuettes, objets en métal, pierres funéraires, ornements en terre cuite, estampes coraniques, sarcophages
[Objets collectionnés] Collection d’histoire naturelle. Échantillons et spécimens représentant la faune et la flore : collection zoologique (plus de 100 mammifères, 500 oiseaux, des poissons, reptiles, insectes), collection botanique (plus de 8000 échantillons, constitués en herbiers ou en graines), échantillons géologiques (roches, prélèvements de sol)
[Objets collectionnés] Collection anthropologique : crânes mongoles, bouriates, goldes et kourgane
En 1880, Jean Chaffanjon est préparateur du cours d’anthropologie de Louis Lortet, doyen de la Faculté de Médecine de Lyon. (Source : notice Agorha "Jean Chaffanjon" rédigée par Florence Adrover)
Alphonse Milne-Edwards soutient Jean Chaffanjon dans son projet de mission au Venezuela pour découvrir la source de l'Orénoque. (Source : notice Agorha "Jean Chaffanjon" rédigée par Florence Adrover)
Ernest-Théodore Hamy soutient Jean Chaffanjon dans son projet de mission au Venezuela pour découvrir la source de l'Orénoque. (Source : notice Agorha "Jean Chaffanjon" rédigée par Florence Adrover)