Jacquemart-André, Nélie Barbe Hyacinthe
Rue Victor-Massé
Ancien 19 rue de Laval
24 rue du Mont Thabor
Nélie Jacquemart et Édouard André formaient un couple improbable : une femme catholique, peintre de portraits, et l’héritier protestant d’une fortune bancaire. Leur mariage fut arrangé dans des circonstances peu ordinaires : alors que déclinait la santé d’André, sa famille chercha à lui épargner la spoliation et le scandale. (N. Sainte Fare Garnot, 2011, p. 7). La réunion de ce couple a donné naissance à l’une des plus remarquables collections privées d’art du Paris fin-de-siècle.
Nélie Jacquemart
On connaît peu les circonstances qui virent naître Jacquemart et les origines de sa fortune personnelle. Elle est officiellement la fille de Marie Hyacinthe Rivoiret et de Joseph Jacquemart le 25 juillet 1841. Son père aurait été agent électoral d’Alphée Bourdon de Vatry (1793-1871), élu à la Chambre, qui entretenait à cette époque une demeure au domaine de l’abbaye de Chaalis, dans l’Oise (A. et R. Bautier, 1995, p. 81). La proximité entre la famille Jacquemart et les Vatry, plus particulièrement l’intérêt et l’affection de l’épouse d’Alphée, Paméla Hainguerlot de Vatry (1802-1881), pour Nélie fut source de conjectures romanesques. On a suggéré que Nélie était la fille adultérine de monsieur de Vatry, car on savait, dans la société parisienne, que madame de Vatry était stérile (Sainte Fare Garnot, 2011, p. 6). Certains historiens locaux ont même évoqué des liens familiaux avec un prince d’Orléans duquel Nélie resta toujours proche (J.-P. Babelon, 2012, p. 44). En l’absence de preuve à l’appui de l’une ou l’autre de ces théories, la seule certitude est l’attachement de Nélie pour madame de Vatry, qui protégea la jeune femme et encouragea son goût pour la peinture.
Lorsque Nélie eut seize ans, deux lithographies, cosignées par elle-même et par Léon Cogniet (1794-1880), artiste établi, parurent, en 1858, dans l’hebdomadaire L’Illustration. Prenant pour thème les funérailles de Malka Kaxhwar, reine d’Oude, ces pièces présagent de l’intérêt que porta plus tard Nélie Jacquemart à l’Inde et à l’Extrême-Orient. Peu après, les frères Goncourt commencent à la nommer « la peintresse » (E. de Goncourt, 1891, p. 167). Elle présente pour la première fois des peintures au Salon – l’exposition annuelle de l’Académie des Beaux-Arts – en 1863. L’année suivante elle enseignait aussi dans une école de dessin parisienne. À la même époque, sa carrière artistique s’affermit, avec des commandes publiques pour des travaux décoratifs dans plusieurs églises de la capitale (J.-P. Babelon, 2014, p. 46).
C’est probablement à cette époque que le peintre Ernest Hébert (1817-1908) remarque Nélie. Il l’invite à Rome pour lui faire découvrir la villa Médicis. En Italie, elle noue une vive amitié avec Geneviève Bréton (1849-1918), dont le journal, tenu avec soin tout au long de sa vie, dépeint une « jeune femme déterminée », qui désirait « être quelqu’un » (G. Bréton, 1994). La diariste note aussi les réticences que suscite Nélie dans la bonne société parisienne, y compris de la famille Bréton, qui la considère « trop artiste » et marque du dédain pour ses origines modestes (J. Verlaine, 2014, p. 54). L’expérience jumelle des splendeurs de l’Italie et de la fermeture snob de l’aristocratie parisienne prend un certain relief lorsqu’on pense au lignage italien que Nélie invente à sa mère décédée, allant jusqu’à commander une plaque en sa mémoire, gravée du nom de San Bernardi di Rivori (J. Verlaine, 2014, p. 52).
De la fin des années 1860 au début des années 1970, Nélie jouit des succès rencontrés par sa peinture, remportant des médailles au Salon, chaque année, de 1868 à 1870. Le jury loue « une vigueur et une franchise rares chez les femmes artistes » affirmant, par exemple que « [son] nom ne peut être ignoré [, que] ce portrait […] la place au premier rang » (G. Lafenestre, 1914, p. 785). Avec ces succès académiques, le portrait devient la matière principale du travail de Nélie Jacquemart. Elle peint le maréchal de Canrobert (1809-1895) en 1870, et le président Adolphe Thiers (1797-1877), en 1872 – l’année même où elle réalise le portrait de son futur époux, Édouard André. Sa dernière expérience professionnelle en tant que peintre, avant son mariage, est sa participation à l’Exposition universelle de Paris en 1878, où elle présente six œuvres, et reçoit une médaille (A. et R. Bautier, 1995, p. 83).
Édouard André
La puissance et la fortune acquises par la famille André sont bien connues des historiens (V. Monnier, 2006). Les premières mentions du nom apparaissent au Hameau de Laval, dans le Vivarais. En 1600, la famille s’installe à Nîmes, centre protestant important, et place marchande pour la soie et la bonneterie. Jean-Jacques André, membre de l’académie de Nîmes, inaugure la tradition collectionneuse du nom, avec des œuvres signées par des artistes aussi prestigieux que Titien (1488/1490-1576), Corrège (1489-1534), Pierre Subleyras (1699-1749) et Hans Holbein le Jeune (1497-1543) (V. Monnier, 2006). Des branches de la famille s’établissent plus tard à Gênes, se spécialisant dans le prêt aux entreprises maritimes et dans le marché du change, mais aussi à Genève, comme banquiers. Au XVIIIe siècle, des André créent aussi des succursales à Naples et à Londres, puis à Lyon, et finalement à Paris, en1774 (J.-P. Babelon, 2012, p. 12). La famille finance certains des grands projets nationaux du jour, comme la ligne de chemin de fer Paris-Lyon, la Compagnie d’Orléans, et même le canal de Suez (J.-P. Babelon, 2012, p. 18).
Né le 13 décembre 1833 de Louise Mathilde Cottier (1814-1835), fille du riche banquier François Cottier, et d’Ernest André, Édouard devait hériter de ses deux lignées familiales une fortune considérable. Après la mort prématurée de sa mère, en 1835, il est élevé par la seconde épouse de son père, Aimée Louis Gudin (1812-1877), avec laquelle il entretient des relations très affectueuses.
Il n’est guère étonnant qu’Édouard, issu d’un milieu bonapartiste, choisisse la carrière militaire. En 1852, il est inscrit à l’École militaire spéciale de Saint-Cyr, fondée en 1802 par Napoléon. Quatre ans plus tard, il est affecté à la prestigieuse garde impériale de Napoléon III. Arguant de motifs familiaux, Édouard André remet sa démission en 1859, quoiqu’il reprenne brièvement du service en 1863, pour participer à l’expédition du Mexique (V. Monnier, 2006).
À la mort de son père, Édouard reprend le siège de ce dernier au Corps législatif comme représentant du Gard, un bastion protestant. Après la défaite de la France dans la guerre contre la Prusse et la chute du Second Empire, il quitte la vie publique. Hors ces déceptions, fréquemment avancées, il est probable que la piètre santé d’Édouard André l’ait à cette époque incité à se tourner vers l’activité de collectionneur – on savait à Paris qu’il était atteint de la syphilis (J.-P. Babelon, 2012, p. 20 ; G. Cilmi, 2020, p. 48).
Au cours de ces premières années, Édouard acquiert probablement des œuvres dans de grandes ventes aux enchères, et il prête ses collections pour les expositions organisées par l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie, en 1863, 1865 et 1877. Après plusieurs années d’activité à l’Union centrale, il en est élu président en 1872 et achète la même année l’influente Gazette des Beaux-Arts, ce qui le place au cœur du monde des arts en France.
Durant ses premiers pas de collectionneur, André se lance dans un second projet : la construction d’un hôtel particulier, boulevard Haussmann. Les plans en sont commandés au réputé Henri Parent (1819-1895). Les travaux de construction commencent à la fin de l’année 1868, et sont presque achevés en 1870. La guerre et le siège de Paris interrompent le projet ; les décors ne seront livrés qu’en 1874. La même année, un orgue est installé dans l’hôtel. Grands mélomanes, les Jacquemart-André recevront certains des compositeurs les plus importants de leur époque, notamment Claude Debussy (1862-1918) et Gabriel Fauré (1845-1924).
1881 : l’union Jacquemart -André
Nélie Jacquemart et Édouard André se rencontrent en 1872, à l’occasion de la commande passée à Nélie d’un portrait d’Édouard, mais une archive récemment découverte révèle qu’ils demeurèrent amis durant les neuf années qui séparent cette commande de leur mariage, en 1881 (G. Cilmi, 2020, p. 48). Le mariage fut probablement arrangé avec l’aide de Maurice Cottier (1822-1881), l’oncle d’Édouard, et de son cousin Alfred-Louis André (1827-1893), après une nouvelle détérioration de la santé d’Édouard. Une lettre désespérée d’un des amis d’Édouard décrit la gravité de sa maladie et la conduite cupide de sa maîtresse (J.-P. Babelon, 2012, p. 36).
Quinze jours plus tard, afin de sauver Édouard du danger, les modalités du mariage avec Nélie Jacquemart étaient fixées (A. et R. Bautier, 1995, p. 87). Soucieuse de la santé d’Édouard, la famille André l’était aussi de sa fortune, et le contrat de mariage stipulait une stricte séparation des biens entre les époux. En retour, Nélie recevrait 100 000 francs après la mort de son mari pour assurer sa subsistance (J. Verlaine, 2014, p. 56). Malgré l’atelier qu’Édouard fait aménager pour elle au premier étage de son hôtel, Nélie décide d’arrêter totalement la peinture et se consacre avant toute chose à la collection.
Un inventaire de ses biens avant son mariage avec Édouard témoigne de ses premiers goûts de collectionneuse et laisse deviner le genre de pièces qu’elle rassemblera plus tard : des peintures, des livres d’« antiquités », des meubles Renaissance, des cuirs de Cordoue, des tapis persans et des poteries hispano-mauresques, des « objets d’art » étrusque, égyptiens, chinois et japonais. Sa collection était modeste, mais choisie, et différait sensiblement de celle d’Édouard, qui comprenait de la peinture française contemporaine et quelques maîtres italiens, hollandais et flamands (J. Verlaine, 2014, p. 56).
Un an après leur mariage, les vies et les collections de Nélie et d’Édouard commencèrent à s’assembler. Nélie rejoignit le comité de rédaction de la Gazette des Beaux-Arts, une situation très inhabituelle, en ce temps, pour une femme. La même année, le couple effectue son premier séjour en Italie, qui marque le début de leurs voyages de collectionneurs à travers le monde. En 1888, l’un de ces voyages les mène à Pétersbourg, où Nélie était invitée par la Croix-Rouge pour y exposer ses œuvres. Elle participe à la manifestation avec huit de ces travaux les plus représentatifs, dont les portraits de son mari, de Thiers et de Victor Duruy (A. et R. Bautier, 1995, p. 85).
En dépit des efforts déployés par la famille pour empêcher que Nélie n’obtînt sa fortune, Édouard révisa son testament le 9 juillet 1890 et fit de son épouse son unique héritière, dissolvant ainsi le premier contrat de mariage (J. Verlaine, 2014, p. 61). Avec cette plus grande intimité, l’activité de collectionneur du couple gagna en unité. L’idée de faire place, dans leur hôtel, à un musée italien, confié à Nélie, se précisa. (G. Cilmi, 2020, p. 49). Témoignage de ce dévouement à leur vie commune et à la réalisation de leur musée, Édouard ouvre l’accès de son compte bancaire personnel à Nélie le 21 mai 1894 (J.-P. Babelon, 2012, p. 9 ; A. et R. Bautier, 1995, p. 92). Deux mois plus tard, le 16 juillet, il succombe à la maladie. Désemparée, Nélie part en Suisse et pendant les trois années qui suivent ralentit les acquisitions de la collection, tandis que le testament d’Édouard fait l’objet d’une âpre bataille juridique, qu’elle finit par gagner (J. Verlaine, 2014, p. 61).
Le destin de la collection et de la fortune Jacquemart-André est scellé en 1900, lorsque Nélie les lègue intégralement, par testament, à l’Institut de France, à la condition que son hôtel devienne un musée. Sa tâche de collectionneuse est pourtant loin d’être achevée. Elle étend la collection construite avec son époux défunt, mais rassemble aussi des pièces dans le goût de sa jeunesse, provenant notamment du Moyen-Orient et d’Extrême-Orient. En 1902, elle quitte Paris pour un voyage aventureux, qui la mène de Marseille à Port-Saïd, puis Colombo et Candy, Ceylan, Madras, Darjeeling, Calcutta, Delhi, Agra, Peshawar, aux confins de l’Afghanistan, et finalement Bombay (A. et R. Bautier, 1995, p. 95).
Elle espère pousser son périple jusqu’en Chine et au Japon, prévoit de partir pour Yokohama le 7 avril 1902, mais sa correspondance, fréquemment, trahit son inquiétude pour le château de Chaalis, la demeure de son ancienne protectrice, madame de Vatry. Le château est mis en vente, et Nélie veut l’acheter avant qu’il ne soit trop tard. Elle revient donc en France, renonçant à ses projets de voyage pour la Chine et le Japon. Devenue la nouvelle propriétaire de Chaalis, le 14 juin 1902, elle s’occupe immédiatement de la rénovation et de la modernisation du château et de ses dépendances, préparant les lieux à recevoir ses collections (J. Verlaine, 2014, p. 62). Lors de ses visites des sites archéologiques locaux, Nélie n’oublie jamais sa collection et achète des pièces anciennes. Lorsqu’il est impossible d’acquérir les originaux, on lui en propose des copies, et le maharadjah francophile de Kapurthala, Jagatjit Singh (1872-1949), qui la reçoit, lui offre même des répliques de ses propres meubles, lui promettant aussi venir la voir en Europe – une promesse qu’il tiendra (T. Stammers, 2020, p. 49). Nélie s’éprend tout particulièrement des vieilles villes de Bagan et de Rangoon, où elle se rend à multiples reprises, chaque semaine, chez le même marchand d’œuvres anciennes (A. et R. Bautier, 1995, p. 96).
Nélie n’a jamais cessé de voyager ni de collectionner. Elle achète des œuvres au Caire, à Constantinople, à Damas, à Beyrouth. En 1910, elle se rend en Espagne, puis en Suisse, enrichissant encore sa collection. Au début de l’année 1912, elle retourne vers cette Italie qu’elle aime tant, consacrant le premier trimestre à l’acquisition de nouvelles pièces. Mais ces dernières n’arriveront à Paris qu’après sa mort, le 14 mai 1912, la frustrant de la joie de les disposer elle-même dans son musée (A. et R. Bautier, 1995, p. 106).
Ses funérailles sont grandioses, et l’on compte parmi l’assistance six membres de la famille d’Orléans, le sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts, cinq ambassadeurs et treize membres de l’Institut, qui reçoit la collection, l’hôtel du boulevard Haussmann, Chaalis et son domaine, ainsi qu’une dotation de 5 millions de francs pour couvrir les coûts d’exploitation du musée (J. Verlaine, 2014, p. 63).
La conservation de Chaalis est confiée à l’historien d’art Louis Gillet (1876-1943), futur membre de l’Académie française, tandis que Georges Lafenestre (1837-1919), conservateur au Louvre, est chargé de celle du boulevard Hausssmann (J.-P. Babelon, 2012, p. 119). Pour la direction du musée, Lafenestre propose l’estimé professeur d’histoire de l’art Émile Bertaux (1869-1917). La contribution la plus importante de Bertaux au nouveau musée sera son premier catalogue (É. Bertaux, 1913). Sa direction académique ainsi fixée, le musée Jacquemart-André, du nom choisi par Nélie Jacquemart, ouvre ses portes le 8 décembre 1913. Il est inauguré par Raymond Poincaré (1860-1934), président de la République.
Commentaire rédigé par Sahava Baranow (traduit par François Boisivon).
Nélie Jacquemart and Édouard André were an unlikely couple, a Catholic woman portrait painter and the Protestant heir to a banking fortune. Their marriage was arranged under dramatic circumstances: as André’s health was failing, his family sought to save him from exploitation and scandal (Sainte Fare Garnot N., 2011, p. 7). The couple’s relationship gave rise to one of the most notable private art collections of fin-de-siècle Paris.
Nélie Jacquemart
Not much is known about the circumstances of Jacquemart’s birth or the origins of her personal fortune. She was born to Joseph Jacquemart and Marie Hyacinthe Rivoiret on 25 July 1841. Her father may have been the electoral agent of parliamentarian Alphée Bourdon de Vatry (1793-1871), who maintained a residence at Chaalis at the time (Bautier A. and Bautier R., 1995, p. 81). The proximity between the Jacquemart family and the Vatrys, and particularly the interest and affection Paméla Hainguerlot de Vatry (1802-1881) showed towards Nélie Jacquemart have given rise to colourful speculation. It has been suggested that Jacquemart may have, in truth, been the illegitimate child of Monsieur de Vatry, as it was well known in Parisian society that Madame de Vatry could not have children of her own (Sainte Fare Garnot, 2011, p. 6). Some local historians have even suggested familial ties to a prince d’Orléans with whom Nélie always entertained close relations (Babelon J-P., 2012, p. 44). In the absence of any evidence supporting either theory, the only certainty is Nélie’s close relationship with Madame de Vatry, who took the young woman under her wing and encouraged Nélie’s interest in painting.
When Nélie was 16 years old, two lithographs co-signed by herself and established artist Léon Cogniet (1794-1880) appeared in the periodical L’Illustration (1858). Taking the opulent funeral of Malka Kachwar reine d’Oude as their subject, these pieces foreshadow Jacquemart’s later interest in India and the Far East. Shortly thereafter the Goncourt brothers begin to refer to her as “la peintresse” (de Goncourt E., 1891, p. 167).Jacquemart first submitted to the Salon, the official annual exhibition of the Académie des Beaux-Arts, in 1863. The following year, she also taught at a Paris drawing school. At the same time, her artistic career continued to progress with state commissions for decorative work at a number of Parisian churches (Babelon J-P., 2014, p. 46).
Painter Ernest Hébert (1817–1908) must have noticed Jacquemart around this time. He invited her to Rome in 1867 to see the Villa Medici. In Italy, Jacquemart struck up a close friendship with Geneviève Bréton (1849-1918), whose diaries, faithfully kept throughout her life, paint a portrait of Jacquemart as a “determined young woman” who wanted to “be someone” (Bréton G., 1994). Yet, the diaries also illustrated the resistance Jacquemart faced from Parisian high society, including from Bréton’s family, who saw Nélie as “too much of an artist” and regarded her modest origins with disdain (Verlaine J., 2014, p. 54). The twin experiences of the splendours of Italy and the snobbish exclusivity of the Parisian aristocracy are telling when we consider how Jacquemart invented an aristocratic Italian bloodline for her deceased mother, commissioning a plaque with the name San Bernardi di Rivori in her memory (Verlaine J., 2014, p. 52).
Throughout the late 1860s and early 1870s Nélie continued to celebrate significant successes in her painting, winning medals at the Salon each year from 1868 to 1870. The juries praised her “vigour and a frankness rare among women artists” and professed that her “name cannot be ignored…This portrait…places her in the first row” (Lafenestre G., 1914, p. 785). These academic successes were followed by a turn towards portraits as the mainstay of Jacquemart’s work. Her portraits of important statesmen at this time included the likes of the Maréchal de Canrobert (1809-1895) in 1870 and president Adolphe Thiers (1797-1877) in 1872 – as well as her future husband Édouard André that same year. The painter’s last professional venture before her marriage would be the 1878 Exposition Universelle in Paris, where she exhibited six works and was awarded with a medal (Bautier A. and Bautier R., 1995, p. 83.).
Édouard André
The power and wealth wielded by the André family is well known to historians (Monnier V., 2006). The family’s first trace appears in 1433 in the Hameau de Laval, in the Vivarais region of south-eastern France. In 1600 they relocated to Nîmes, an important centre of Protestantism, as well as the silk and hosiery trade. Jean-Jacques André, a member of the Académie de Nîmes, began the tradition of buying art that would be passed down in the family with notable names like Tiziano Vecelli (1488/90-1576), Antonio da Correggio (1489-1534), Pierre Subleyras (1699-1749), and Hans Holbein the Younger (1497-1543) (Monnier V., 2006). Further family branches established themselves in Genoa, specialising in maritime loans and currency exchange, and in Geneva as bankers. In the 18th century the Andrés also created outposts in Naples and London, then in Lyon and finally in Paris in 1774 (Babelon J-P., 2012,p. 12.). The family financed some of the great national projects of the day, such as the Paris-Lyon railway line, the founding of the Orléans Railway Company and even the Suez Canal project (Babelon J-P., 2012, p. 18).
Born to Ernest André (1803–1864) and Louise Mathilde Cottier (1814-1835), who was the daughter of wealthy banker François Cottier, on 13 December 1833, Édouard was set to inherit significant fortunes from both sides of his family. After his mother’s premature death in 1835 Édouard was raised by his father’s second wife, Aimée Louise Gudin (1812-1877), with whom he shared an affectionate relationship.
Considering the Bonapartist milieu of Édouard’s familial background, it is not surprising that he chose to enter French military. In 1852, he enrolled in the École spéciale militaire de Saint-Cyr, founded by Napoleon in 1802. Four years later, he was assigned to Napoleon III’s prestigious Imperial Guard. Citing familial reasons, André resigned in 1859, although he briefly returned to service in 1863 to participate in the Second French Intervention in Mexico (Monnier V., 2006).
After his father’s death, Édouard took over his father’s seat as representative of Le Gard, a protestant stronghold. Upon France’s defeat in the Franco-Prussian War, however, the Second Empire dissolved into the Third Republic, and André turned away from public life. Besides his frequently cited disappointment, it is likely that his waning health further contributed to André’s turn to private collecting at this time; it was well known in Paris that he suffered from syphilis (Babelon J-P., 2012, p. 20; Cilmi G., 2020, p. 48).
In these early years, Édouard primarily acquired art at large public auctions, and he lent his collection to exhibitions organised by the Union Centrale des Beaux Arts Appliqués à l'Industrie in 1863, 1865, and 1877. After years of involvement in the Union Centrale, he was elected its president in 1872 and purchased the influential Gazette des Beaux-Arts the same year, placing him at the centre of the French arts establishment.
During this period of early acquisitions, André embarked on a second project: the construction of a mansion on the Boulevard Haussmann. Celebrated architect Henri Parent (1819-1895) received the commission and building works started at the end of 1868, to be largely concluded in 1870. The war and siege of Paris interrupted the project, which meant that decorative works were only completed in 1874, the same year an organ was installed in the mansion. Enthusiastic about music, the Jacquemart-Andrés hosted some of the most celebrated musicians of their day, including Claude Debussy (1862–1918) and Gabriel Fauré (1845-1924).
1881: the Jacquemart-André union
Nélie Jacquemart and Édouard André met in 1872, when Nélie was commissioned to paint Édouard’s portrait, but an archival document only discovered recently reveals that they had stayed friends in the nine years between the commission and their wedding in 1881 (Cilmi G., 2020, p. 48). The marriage was likely arranged with the help of Édouard’s uncle Maurice Cottier (1822-1881) and his cousin Alfred-Louis André (1827-1893) after Édouard’s health had deteriorated. A desperate letter by one of Édouard’s friends recounted André’s serious condition and the exploitation he suffered at the hand of his mistress (Babelon J-P., 2012, p. 36.).
To rescue Édouard from this dire situation, the marriage arrangements with Jacquemart were made within a short period of 15 days (Bautier A. and Bautier R., 1995, p. 87). As the André family was not only concerned for Édouard’s well being but also for the fate of his fortune, the marriage contract stipulated a strict separation of property between the spouses. In return, Nélie was granted 100,000 francs after her husband’s death to ensure her livelihood (Verlaine J., 2014, p. 56). Despite Édouard’s gift of a painting studio for Nélie on the first floor of his mansion, Nélie decided to stop painting altogether and turned to collecting as her primary occupation.
An inventory of her property before her union with Édouard illustrated her early collecting activities and foreshadowed the kind of objects she would go on to amass: paintings, antiquarian books, Renaissance furniture, Cordoba leathers, Persian rugs and Hispano-Moresque pottery, Etruscan, Egyptian, Chinese and Japanese objets d’art. Although her collection was small, it was intentional and differed significantly from Édouard’s own personal collection that comprised contemporary French painting with a few Italian, Dutch, and Flemish masters (Verlaine J., 2014, p. 56).
One year after their wedding, Nélie and Édouard’s lives and collections began to cohere, as Nélie joined the editorial board of the Gazette des Beaux-Arts, a highly unusual position for a woman at the time. That same year saw the couple’s first journey to Italy, marking the beginning of collecting voyages around the world. In 1888 one of their travels took the couple to St Petersburg, where Nélie, was invited to exhibit her works with the Red Cross. She participated with eight of her most representative works, including the portraits of her husband, Thiers and Duruy (Bautier A. and Bautier R., 1995, p. 85).
Despite the family’s efforts to prevent Nélie from accessing the André fortune, Édouard amended his will on 9 July 1890 and made his wife his sole heir, thereby dissolving the original marriage contract (Verlaine J., 2014, p. 61). Along with this increased personal cohesion, the couple’s collecting became more unified. The idea of an “Italian Museum” in their mansion, directed by Nélie, began to gain traction (Cilmi G., 2020, p. 49). As a further testament to the couple’s shared life and mission in completing their museum, Édouard authorised Nélie to access his personal bank account on 21 May 1894 (Babelon J-P., 2012, p. 9; Bautier A. and Bautier R., 1995, p. 92). Two months later, on 16 July, Édouard finally succumbed to illness. Distraught, Nélie departed for Switzerland and for the following three years her collecting slowed amid a legal battle over Édouard’s will, which she would go on to win (Verlaine J., 2014, p. 61).
The final objective of the Jacquemart-André collection and fortune was decided in 1900, when Nélie bequeathed it all to the Institut de France on condition of turning her home into a museum. Yet her collecting days were far from over. She pushed the boundaries of her existing marital collection, but also returned to collecting art she had been interested in since her youth, particularly art from the Middle and Far East. In 1902 she left Paris for an adventurous journey from Marseille to Port Said, Colombo, Kandy, Ceylon, Madras, Darjeeling, Calcutta, Delhi, Agra, towards and Peshawar and finally Bombay (today Mumbai) (Bautier A. and Bautier R., 1995, p. 95). On excursions to local archaeological sites, Nélie never failed to think about her collection and bought antiques. When originals were unavailable she was offered copies and the Francophile Maharaja of Kapurthala, Jagatjit Singh (1872–1949), who hosted her, even presented her with replicas of his personal furniture, alongside a promise to visit her in Europe – a promise he would keep (Stammers T., 2020, p. 49). Nélie was also particularly taken with the ancient city of Bagan and Rangoon (today Yangon), where she visited the same antique dealer multiple times a week throughout her stay (Bautier A. and Bautier R., 1995, p. 96).
She hoped to extend her journey to China and Japan, planning to depart for Yokohama on 7 April 1902, but a significant portion of Nélie’s correspondence during this period betrays her preoccupation with the Chateau of Chaalis, the home of her former patron, Madame de Vatry. The chateau was offered for sale at the time and Nélie was anxious to buy it. Thus she returned to France and abandoned her plans to travel to China and Japan. After becoming the new owner of Chaalis on 14 June 1902, she immediately occupied herself with renovating and modernising the chateau and its outbuildings and preparing the space for her collections (Verlaine J., 2014, p.62).
All the while, neither Nélie’s travel nor her art collecting subsided. She purchased art in Cairo, Constantinople, Damascus, and Beirut. In 1910 Nélie made her way to Spain and then to Switzerland, again enlarging her collection. In early 1912, she finally returned to her beloved Italy, spending the first quarter of the year procuring art. However, these final acquisitions would only arrive in Paris after her death on 14 May 1912, robbing her of the opportunity to arrange them for display herself (Bautier A. and Bautier R., 1995, p. 106).
Her funeral was grandiose and the guests included six members of the Orléans family, the Under-Secretary of State for Fine Arts, five ambassadors and thirteen members of the Institute de France, which received the collection, the mansion on the Boulevard Haussmann, Chaalis and its land, and an endowment of 5 million francs to cover the costs of operating the museum (Verlaine J., 2014, p. 63).
Art historian Louis Gillet (1876–1943), a future member of the Académie Française, took over the curation of Chaalis, while Georges Lafenestre (1837-1919), curator at the Louvre, was charged with the care of the Boulevard Haussmann (Babelon J-P., 2012, p. 119). As museum director, Lafenestre proposed the esteemed art history professor Émile Bertaux (1869-1917). Bertaux’s most important contribution to the new museum would be the original catalogue (Bertaux É., 1913). With the academic leadership decided, the Musée Jacquemart-André, a name chosen by Nélie Jacquemart to reflect her important contribution, opened on 8 December 1913. It was inaugurated by Raymond Poincaré (1860- 1934), the President of the French Republic.
Article by Sahava Baranow.
The couple travelled to Italy together for the first time. On this occasion, they began their tradition of spending several months at a time travelling in Europe, often in Italy, where they purchased scores of objects for their collection.
At the beginning of the year the couple travelled to Rome, where they bought furniture, and objets d’art.
After a short stop in Paris, they returned once again to Italy, more precisely Florence, where they began purchasing art from Stefano Bardini.
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
Nélie Jacquemart sollicite l'expertise de Louis Courajod pour l'authentification de ses acquisitions.(Source: Notice Agorha "Jacquemart-André" rédigée par Sahava Baranow).
Nélie Jacquemart et Edouard André sont époux. (Source: Notice Agorha "Wakai Kenzaburo" rédigée par Sahava Baranow).
En tant qu'aquarelliste, Charlotte de Rothschild est l'élève de Nélie Jacquemart. (Source : notice « Charlotte de Rothschild » rédigée par Laura de Fuccia dans le cadre du programme de l'INHA « Les collections Rothschild dans les institutions publiques françaises »)