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Affiche publicitaire pour la Bengaline de Iatowski et Loiseau, fin XIXe-début XXe, chromolithographie, 129x98 cm ; musées de Bretagne, marque du domaine public 1.0.

Répertoire des teinturiers (1850-1900)

24/01/2023 Répertoire des teinturiers 1850-1900

Répertoire des teinturiers (1850-1900)

Le programme de recherche « Colorants et textiles de 1850 à nos jours » s’est entre autres fixé pour objectifs de mettre à disposition des chercheurs des outils numériques correspondant en majeure partie à des données inédites, issues de la recherche. Le répertoire des teinturiers français actifs entre 1850 et 1900, corps de métier inscrit au cœur des industries textiles mais encore peu étudié pour cette période, est l’un d’entre eux, aux côtés de la Bibliographie des sources imprimées pour l’histoire de la teinture (XVIe-XIXe siècles) et du Recensement des sources manuscrites techniques (XVIIe-XXe siècles ; mise en ligne en 2023).

Source : les expositions universelles

La conception du répertoire des teinturiers actifs entre 1850 et 1900 repose sur le dépouillement des sources imprimées issues des cinq expositions universelles qui se sont tenues entre 1856, date de la découverte du premier colorant de synthèse, la mauvéine, et 1900. Ces cinq expositions universelles, qui ont eu lieu à Londres en 1862 et à Paris en 1867, 1878, 1889 et 1900, constituent en effet une vitrine majeure des progrès scientifiques et techniques contemporains. Le travail de recherche de ces sources puis de leur dépouillement a livré un ensemble important de données inédites, qui peuvent toutefois présenter des différences en raison des changements intervenus d’une exposition à l’autre quant à la composition des groupes et des classes ordonnant les grands domaines industriels et leurs subdivisions. 

Contenu des notices

Certains teinturiers ont été des acteurs importants de la transition entre l’usage des teintures naturelles et celui des colorants de synthèse. Le répertoire en donne la mesure en proposant une notice par société répertoriée dans les listes des exposants et/ou des récompensés de ces expositions universelles, les noms des sociétés renvoyant le plus souvent à cette époque à des personnes physiques. Les informations suivantes ont systématiquement été relevées :

  • Dénomination(s) commerciale(s)
  • Nom, Prénom de la (des) personne(s) physique(s), teinturier ou chimiste
  • Adresse(s)
  • Historique de la maison
  • Exposition(s)
  • Distinction(s), prix, récompense(s)
  • Matières commercialisées
  • Collaborations identifiées

Sources bibliographiques

A la suite de ce premier dépouillement, le répertoire a été complété par les fabriques de matières colorantes artificielles citées par P. Sisley dans son ouvrage Unification des noms des colorants les plus usuels, dont la préface est datée de 1920. Un total de 280 personnes morales et physiques a ainsi été identifié. Des informations complémentaires concernant celles-ci ont alors été recherchées sur la plateforme ouverte du patrimoine (POP) du ministère de la Culture, donnant notamment accès aux bases Mérimée (patrimoine architectural), Palissy (patrimoine mobilier) et Mémoire (photographies). Des ouvrages ont également permis d’étoffer les notices du répertoire : Les grandes usines de France : tableau de l'industrie française au XIXe siècle  de Julien Turgan (1859-1898, 19 vol.) et Histoires d'usines. 180 ans de vie industrielle dans l'agglomération rouennaise d'Alain Alexandre et Michel Croguennec (2013). Enfin, certaines notices ont été complétées de recherches inédites menées par des chercheurs du programme ou associés à ce dernier.

Typologie des « teinturiers »

Du point de vue de la typologie des métiers, et malgré le titre donné au répertoire, ce dernier ne comprend pas stricto sensu que des teinturiers. Sur les 280 « teinturiers » répertoriés, certains le sont en effet, teignant à façon fils et pièces. Au début de la période considérée, le teinturier est dans la plupart des cas propriétaire d’une société qui porte son nom, qu’il soit seul ou associé à d’autres teinturiers. A partir des années 1880, les noms de marques ne renvoient plus au(x) fondateur(s) mais à la production, dont la caractéristique « chimique » est mise en avant. On voit apparaître des sociétés de capitaux, plus adaptées que les sociétés de personnes à la croissance des besoins de financement pour développer la production et lutter contre la concurrence étrangère. Certaines de ces sociétés sont d’ailleurs des filiales d’entreprises étrangères, allemandes ou suisses.

La plupart des teinturiers commercialisent également des matières colorantes. Ainsi, l’on observe un glissement dans la seconde moitié du XIXe siècle, certaines sociétés se spécialisant dans la fabrication et la vente de colorants d’une part, d’adjuvants et de produits chimiques nécessaires à la teinture de l’autre. De plus, certains des exposants « teinturiers » sont en réalité des manufacturiers dont les entreprises textiles comptent une teinturerie intégrée. En outre, l’on rencontre parmi les teinturiers des imprimeurs sur étoffes. Enfin, et particulièrement vers la fin du XIXe siècle, les tâches des teinturiers peuvent être couplées à celles des apprêteurs et des blanchisseurs.

Répartition géographique

Géographiquement, les teinturiers sont majoritairement installés à Paris et en région parisienne, ainsi que dans les régions lyonnaise, rouennaise et roubaisienne, reflétant la réalité historique de territoires textiles. A noter que certaines sociétés ont à la fois une adresse parisienne, plus prestigieuse et surtout mieux intégrée aux réseaux commerciaux, et une adresse en province, comme les manufactures mulhousiennes par exemple. Ces dernières disparaissent en outre de ces sources imprimées après la guerre de 1870 et l’annexion de l’Alsace.

Collaborez à nos recherches !

Nous espérons que de prochains travaux porteront sur les teinturiers, personnalités enthousiasmantes qui ont participé à la fois à l’avènement de la chimie moderne et à aux révolutions de la mode au début du XXe siècle, entre histoire des techniques, histoire des sciences et histoire de l’art. Nous invitons également les chercheurs et les institutions qui auraient connaissance d’autres sources et qui souhaiteraient compléter ce répertoire à nous écrire à l’adresse suivante : colorants@inha.fr