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À partir de 1936, Alfred Maquet tint un commerce d’antiquités, spécialisé dans les objets d’art de la Renaissance, visité sous l’Occupation par Joseph Mühlmann et Hans Herbst. Il fut disculpé de collaboration à la Libération.


Né le 25 janvier 1875 à Lille1, Alfred Maquet était issu d’une famille d’industriels spécialisés dans le négoce des lins et fils et des denrées coloniales2. Il commença par s’engager dans la voie familiale, épouse Marcelle de Bruÿn à Rotterdam en 1908, puis se détourna de l’industrie du tissage après la Première Guerre mondiale, pour ouvrir une galerie d’art à Paris. Il installa d’abord son fonds de commerce rue de Vaugirard en 1920, puis déménagea au 69 rue des Saints-Pères dans le VIe arrondissement à partir de 1936. Il se spécialisa alors dans les objets de l’époque Renaissance.

Sous l’Occupation, Maquet n’eut que deux clients allemands. Le premier était le Dr Joseph Mühlmann, qui se présenta à lui dès la fin de l’année 1940, accompagné de son interprète Catherine Jaremtchenko, et à qui il vendit plus d’une soixantaine d’objets d’art entre 1940 et 19433. Son autre client allemand était Hans Herbst, expert à l’hôtel des ventes Dorotheum de Vienne, à qui il vendit une tapisserie d’Aubusson de la fin du XVIIe siècle pour la somme de 80 000 F4. Du 31 juillet 1943 jusqu’à la libération de Paris, Maquet cacha par ailleurs chez lui, au 22 rue Greuze dans le XVIe arrondissement, un prisonnier de guerre évadé d’Allemagne et recherché par la Gestapo, qui ne put regagner son domicile dans les Landes5. Dans son mémoire en défense, l’avocate Lucienne Scheid, chargée de représenter Alfred Maquet, exprima la détestation profonde du marchand à l’égard des Allemands, responsables de la disparition de l’un de ses fils6.

Après la guerre, des enquêtes furent ouvertes à l’encontre de Maquet auprès de la Cour de justice du département de la Seine et de la Commission nationale interprofessionnelle d’épuration. Ne semblant pas avoir recherché la clientèle allemande, ni favorisé l’acquisition d’œuvres d’art par les occupants, Maquet vit son dossier auprès de cette seconde institution être classé le 20 décembre 1948. Les objets vendus par Alfred Maquet aux Allemands pendant la guerre, pour une somme totale de 792 000 F, furent décrits comme des objets sans réelle valeur artistique intéressant le patrimoine national. Il s’agissait seulement en effet « d’objets dits marchandise commerciale, habituels au marché parisien7 ».