[1877, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1877, pe [...]

[p.1] M. Comerre / 1e année / Jézabel / La recherche de l'originalité [rayé : ill.] a détourné M. Comerre de ce qui devait être (rayé : l'objet principal] aux termes mêmes du règlement, l'objet principal de ses efforts : la représentation du corps humain étudié et rendu, conformément aux traditions et aux enseignements que nous ont laissés les maîtres. Que M. Comerre se pénètre des hautes leçons que lui fournissent la Chapelle Sixtine et les Stanzes du Vatican ; il comprendra bientôt qu'une certaine habilité d'exécution et quelques valeurs de tons heureusement choisies ne suffisent pas pour racheter dans l'étude qu'il a envoyé, ce que le style [rayé : a de vulgaire et de ; mis à la place : de, relativement vulgaire, et de] contraire par conséquent aux qualités que doivent rechercher les pensionnaires de l'Académie de France. / Quant aux deux dessins envoyés par M. Comerre, ils sont à tous égards d'une insuffisance telle que l'Académie regrette d'être dans l'obligation de les exposer. M. Besnard / 2e année / Saint Benoît ressuscitant un enfant / La tête de l'enfant et celles du père et de la mère sont d'une bonne exécution et d'une expression bien appropriée au sujet. La scène dans son ensemble, est rendue avec une remarquable sincérité, avec un sentiment de naïveté sérieuse qui rappelle les oeuvres des maîtres convaincus et qui intéresse l'esprit, comme [ill.] [p.2] malgré un peu trop d'inégalité dans les valeurs, les tons noirs des draperies frappent le regard par leur force et leur franchise. Il est regrettable toutefois que sous ces draperies, trop peu cherchées quant aux lignes et au modelé, les formes de chaque corps ne se laissent pas assez pressentir ; que la tête du Saint Benoît manque de correction et que la main que le saint lève, aussi bien que la main de la mère, soit dépourvue de caractère et de style ; qu'enfin la figure nue qui devait être l'élément d'intérêt principal et le morceau éventuel du tableau [rayé : ill.] ne soit pas, à beaucoup près, aussi satisfaisante que l'est la tête. / Sauf ces critiques qu'elle croit profitables au développement du talent de M. Besnard, l'Académie constate un progrès réel dans le nouvel envoi de ce pensionnaire. Elle ne doute pas que ce progrès ne se conforme pendant les deux années que M. Besnard doit encore passer à Rome et que le jeune artiste n'acquière par de nouveaux efforts ce qui lui manque encore du côté de l'exécution et de l'expression précise de la forme. M. Morot / 2e année / Copie de l'Adam d'après Michel-Ange dans la Création de l'Homme / En envoyant (rayé : ill.] la copie d'une seule figure, M. Morot a eu le tort de ne pas se conformer aux prescriptions du règlement. La copie exigée des pensionnaires de 3e année a cet avantage de les préparer à l'exécution du tableau qu'ils doivent pour l'année suivante. Ils ne sauraient donc, dans leur propre [p.3] intérêt méconnaître [rayé : ill. ; mis à la place : l'utilité] d'un pareil travail, comme ils ne peuvent en amoindrir l'importance matérielle sans se soustraire à une obligation. / La copie peinte par M. Morot laisse d'ailleurs beaucoup à désirer et ne rappelle que de bien loin ce chef-d'oeuvre qu'elle devait reproduire. / En revanche, l'Académie n'a que des éloges à adresser à M. Morot pour l'habileté délicate et le sentiment original dont il a fait preuve dans sa très remarquable esquisse : Le bon Samaritain. M. Ferrier / 4e année / Sainte Agnès entraînée dans un lieu de débauche / On pouvait craindre qu'un artiste encore [rayé : ill. ; mis à la place : assez près de l'époque de ses débuts] ne réussit pas en représentant une pareille [rayé : ill. ; mis à la place : scène] à triompher des difficultés [rayé : ill. ; mis à la place : de plus d'un genre qu'elle comporte et qu'un artiste même dès longtemps expérimenté ; ajouté : n'eut pas aisément vaincues]. L'Académie se plaît à rendre justice au sentiment de convenance et de réserve avec lequel M. Ferrier a traité ce sujet périlleux. L'attitude de la sainte, chaste dans sa nudité, suffirait à elle seule pour donner à l'ensemble de l'oeuvre un caractère de [rayé : ill. ; mis à la place : gravité pathétique] et pour assurer aux intentions qu'il s'agissait de faire prévaloir leur signification expresse et leur portée. / Les groupes sont ingénieusement disposés. Le sujet [p.4] en raison même de l'ordonnance générale, se définit au premier aspect et le coloris charme l'oeil par son harmonieuse [ajouté : clarté]. Si l'on entre dans l'examen des détails on ne peut que louer l'habile exécution de [ajouté : plusieurs figures aujourd'hui terminées], la justesse des mouvements propres à chacune d'elles et la fermeté avec laquelle elles sont dessinées. / Si quelques incorrections peuvent encore être relevées çà et là, si le choix et l'indication de certaines formes ne se ressentent pas assez des exemples antiques, au point de vue de l'élégance ou de la pureté du style, les parties achevées du tableau permettent d'espérer que M. Ferrier, en mettant la dernière main au reste, tiendra jusqu'au bout les promesses de son talent et qu'il couronnera dignement par sa dernière oeuvre de pensionnaire la carrière qu'il a déjà fournie à ce titre.