[1881, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1881, pe [...]

M. Wencker / quatrième année / L'Académie croit devoir d'abord rappeler aux peintres pensionnaires de l'Académie de France à Rome, l'article du règlement qui concerne leurs envois de 4e année. La trop grande dimension des toiles adoptée depuis quelques temps par la plupart d'entre eux n'est pas conforme aux prescriptions, très explicites pourtant de ce règlement (article 28). Elle a d'ailleurs ce grave inconvénient de forcer les jeunes artistes soit à ne pas s'acquitter consciencieusement de leur tâche, s'ils veulent en faire coïncider l'achèvement avec le terme même de leur pension, soit à n'envoyer qu'une oeuvre partiellement exécutée, presque une ébauche, qu'il leur faudra compléter ensuite par des travaux prolongés fort au-delà de l'époque où ils auront quitté Rome. Dans un cas comme dans l'autre, il y aura eu de leur part, une [rayé : infraction ; mis à la place : dérogation] formelle aux sages règles qui leurs sont imposées. / C'est avec regret que l'Académie constate cette infraction dans le dernier envoi d'un pensionnaire [rayé : qui s'était montré un observateur scrupuleux des ; mis à la place : qui avait jusqu'ici scrupuleusement rempli ses] obligations. M. Wencker dont le tableau représentant Saint Jean Chrysostome prêchant devant l'impératrice Eudoxie [rayé : ne permet pas à l'Académie ; mis à la place : ne saurait être jugé dans l'état d']inachèvement où il se trouve. L'Académie ne peut que reconnaître dans une certaine mesure les efforts poursuivis jusqu'à ce moment par M. Wencker. M. Chartran / troisième année / M. Chartran mériterait les éloges de l'Académie si elle avait à tenir compte seulement de l'importance matérielle de l'envoi fait par ce pensionnaire ; mais l'Académie ne peut que désapprouver l'exécution molle et ronde de la copie de M. Chartran d'après le Mariage mystique de Sainte Catherine, peint par Paul Véronèse. Elle ne saurait d'ailleurs trop exhorter les pensionnaires de 3e année à donner tous leurs soins à leur copie, non seulement en vue de l'influence que l'étude approfondie d'un maître de prédilection peut exercer sur leur dernier envoi, mais aussi en raison de la destination même de la copie qui appartient à l'État. Cela implique de la part des pensionnaires un devoir dont l'accomplissement exclut toute idée d'exécution prompte ou négligée. / M. Chartran a été plus heureux dans ses deux esquisses la Prière des pêcheurs et Saint Georges ; composition d'un joli effet mais ne répondant que d'une manière insuffisante aux conditions élevées de l'art et au caractère des travaux qu'on a le droit d'exiger des pensionnaires. Quant à l'étude de Vénitienne ajoutée par M. Chartran à son envoi réglementaire elle semble avoir pour raison d'être l'unique désir de prouver l'habileté de la main. M. Schommer / deuxième année / Par la nature du sujet qu'il a choisi, Le baiser mortel, sujet emprunté à une légende brésilienne, M. Schommer s'éloigne beaucoup trop des saines traditions de l'Ecole de Rome et des entreprises que l'Académie a pour mission d'encourager. Sauf quelques morceaux assez délicatement peints dans la figure de la jeune femme, l'ensemble du tableau est d'un ton froid et lourd, d'une exécution généralement faible. Lors même qu'on admettrait qu'un pareil sujet eût pu être traité par un pensionnaire, on serait forcé de reconnaître que M. Schommer n'a nullement atteint le but qu'il s'était proposé. M. Bramtot / première année / Ixion attaché à la roue entourée de serpents, telle est l'étude de première année envoyée par M. Bramtot. La conception de cette scène n'a pas le mérite de l'originalité ; toutefois l'aspect du tableau est satisfaisant et l'exécution de la figure d'Ixion digne d'éloges, principalement dans toute la partie supérieure. M. Bramtot s'est donné le tort grave d'envoyer avec ce tableau des dessins si défectueux à tous égards que l'Académie n'a pas à s'en occuper.