Portrait d’Olivier Le Crec, chanoine et maire de Sens
Trésor
Selon le chanoine Eugène Chartraire (E. Chartraire, Inventaire du trésor de l’église primatiale et métropolitaine de Sens, Paris, 1897, p. 98), la motivation derrière la commande de ce portrait d’Olivier Le Crec, chanoine et maire de Sens, pourrait s’expliquer par le fait qu’il obtient en 1575, date inscrite sur la toile, le droit de porter la robe rouge de ses homologues parisiens, un privilège qui lui était auparavant refusé. Reconnaissable par ses armoiries (écartelé, aux 1 et 4 d’argent, au chevron de gueules accompagné de 3 criquets de sable, posés 2 et 1 ; aux 2 et 3 de gueules à 3 grelots d’or, posés 2 et 1). Olivier le Crec occupa plusieurs postes d’importance entre différentes villes. D’abord aumônier du roi, il devient chanoine de Sens en 1557, et de Notre-Dame de Paris l’année suivante. Il est aussi abbé de Jouy, dans le diocèse de Sens, et d’Aiguevive, dans le diocèse de Tours. En-dehors de ses charges ecclésiastiques, il est élu maire de Sens le 28 décembre 1581, avant de mourir en juillet 1582.
Olivier Le Crec se fait représenter en prière devant le prie-Dieu portant ses armoiries, le regard tourné vers un tableau feint d’un Christ en croix entre la Vierge et saint Jean qui semble reprendre un schéma populaire en Flandre dans la seconde moitié du XVIe siècle. Au regard des grandes dimensions et de la composition particulière, peu commune dans les provinces françaises, ce portrait devait être destiné à un lieu de dévotion particulier, comme une chapelle familiale.
Le peintre, qui demeure non identifié, est particulièrement habile dans le rendu des différentes matières, notamment le surplis de linon à l’effet de transparence, le sol de marbre ou le rideau de velours. De même, la définition du visage cherche des effets de réel convaincants, que ce soit à travers les chairs volumineuses ou les détails capillaires. L’artiste travaille ainsi dans une veine similaire à l’auteur du portrait présumé de Nicolas de Giey. On peut le supposer actif autour de Sens, bien qu’une réalisation à Paris ne soit pas à exclure. L'œuvre a été restaurée vers 1971.
O LE CREC, ANNO AETATIS SUAE 43
1575
donné au chapitre par M. Gibier de Serbois, son parent (inventaire de 1768) ; Sens, cathédrale Saint-Etienne, trésor, inv. TC F1
p. 98
vol. 1-2, p. 522