[1844, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1844, pe [...]
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Description
[1844, peinture, rapport Institut primitif]
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1844, peinture
TYPE : rapport Institut primitif
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés par les pensionnaires de l'Académie Royale de France à Rome, pour l'année 1843, par M. Raoul-Rochette, secrétaire perpétuel
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1844
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1844, peinture
TYPE : rapport Institut primitif
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés par les pensionnaires de l'Académie Royale de France à Rome, pour l'année 1843, par M. Raoul-Rochette, secrétaire perpétuel
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1844
Descriptions
Transcription :
C'est encore avec le même sentiment de regret que nous avons à signaler les fâcheuses lacunes qui se font remarquer dans l'envoi de cette année, principalement pour les ouvrages de peinture, sans qu'il y ait lieu toutefois d'en accuser le zèle de nos pensionnaires. Si les travaux de la sculpture ne répondent pas non plus tout à fait à nos légitimes espérances, nous sommes heureux de n'avoir cette année que des éloges, sans restriction, à accorder à ceux de l'architecture, où les dettes arriérées ont été acquittées, au delà même de ce qu'exigeait le règlement ; et nous aimons à nous flatter que ce noble exemple donné par nos jeunes architectes produira, parmi tous leurs camarades, une généreuse émulation. // Peinture // L'envoi de la peinture se trouve, par l'effet de circonstances malheureuses, privé de deux des principaux ouvrages qui devaient y figurer. Une maladie, qui a résisté à tous les soins a empêché M. Pils de terminer le tableau du Christ prêchant dans la barque, qu'il avait entrepris pour son travail de cinquième année. M. Hébert, qui avait choisi pour sujet de sa copie, travail de quatrième année, la Sybille de Delphes, de Michel-Ange, à la Chapelle Sixtine, s'est cassé la cuisse à Florence, où il se livrait aux études de son art, et il en est encore souffrant à Rome, des suites de cet accident. L'absence de ces deux pensionnaires à l'exposition est une cause légitime de regret pour l'Académie, mais sans qu'elle puisse donner lieu au moindre reproche pour les artistes, qui se feront un devoir de réparer, à l'exposition prochaine, le vide qu'ils ont occasionné à celle-ci. // M. Brisset // M. Brisset, qui devait pour son travail de troisième année, une figure d'étude, peinte de grandeur naturelle, et une esquisse, a envoyé une figure de Narcisse, que l'Académie a vu avec plaisir. Cette figure a de la grâce et de la souplesse dans son mouvement ; elle est d'une jolie couleur et d'un effet vrai. [ajouté : La tête, le torse et le bras droit sont bien dessinés ; ce qui ne fait que plus regretter que l'avant-bras gauche et la main soient aussi défectueux. On doit dire aussi qu'il y a généralement trop d'égalité dans l'exécution de ce tableau. Du reste, les accessoires en sont bien choisis et bien disposés, et le fond en est heureux]. Cet ouvrage répond donc avantageusement aux espérances qu'avaient fait concevoir le dernier envoi de M. Brisset ; et ce que l'Académie y a remarqué surtout avec satisfaction, ce qu'elle se plait [rayé : un mot ill.] à signaler, c'est que l'auteur obéit à un sentiment vrai. [ajouté : Mais, en même temps que l'Académie aime à rendre justice au talent de M. Brisset, elle voit avec peine ce jeune artiste s'être dispensé de remplir une des obligations de la troisième année, celle de l'esquisse, peinte ou dessinée, qui devait faire partie de ces envois et qui ne s'y trouve pas. M. Brisset s'empressera sans doute de réparer cette faute, qui a produit dans l'Académie, une impression pénible.]. // M. Lebouy [sic] / M. Lebouy (sic], qui devait aussi pour sa deuxième année, une figure d'étude, a peint un Saül assis dans une attitude de méditation. Sans s'attacher à l'idée qu'a eu l'artiste de représenter un Saül, dans toutes les conditions de ce personnage, on peut dire que cette figure est bien posée, que les lignes en sont heureuses, et que les accessoires en sont bien entendus, mais [ajouté en marge : on regrette d'être obligé d'ajouter qu'] elle est mal dessinée, que l'exécution manque d'étude et la couleur de vérité. [ajouté : On doit] [rayé : ajouter ; mis à la place : dire encore] dans l'intérêt de l'auteur, que la monotonie qui règne dans toute l'exécution de la figure, indique une espèce de parti pris tout à fait contraire à l'imitation de la nature, hors de laquelle il ne peut y avoir de vérité. L'Académie est d'autant plus touchée de ce défaut que le prix de M. Lebouy [sic] se distinguait par une exécution forte et vigoureuse, et [rayé : que] l'Académie, en lui adressant ce reproche, [rayé : le rappelle ; mis à la place : ne fait que le rappeler] aux inspirations de son propre talent. //
M. Biennoury / La même observation s'applique aussi en partie à la figure d'étude de M. Biennoury, qu'il a intitulé un Pâtre. La monotonie de la couleur qui s'y observe, peut tenir en grande partie à l'intention de l'artiste, de représenter sa figure dans un effet de soleil, qu'il n'a pas su rendre avec assez de vérité. Mais, à part cette imperfection qui vient de l'inexpérience, il y a de l'énergie dans l'exécution, beaucoup d'étude dans le dessin et dans le modelé. En somme, c'est une figure très bien peinte, et qui témoigne déjà des heureux effets du séjour de Rome sur le talent de l'auteur. // M. Lanoüe / M. Lanoüe a envoyé pour son travail de deuxième année une Vue prise dans l'île de Capri. Le site est bien choisi et la disposition en est heureuse mais on trouve encore dans ce paysage la plupart des défauts qu'on a signalé dans celui de l'année dernière. L'air et la lumière y manquent ; l'effet en est noir et sec et l'on insiste d'autant plus sur ce défaut qu'il semble, d'après les envois de ces deux dernières années que ce soit un système dans lequel s'obstine le jeune artiste, mais que les conseils de l'Académie et son propre intérêt lui feront sans doute abandonner pour rentrer dans la voie où il s'était montré d'abord avec succès. / Le paysage de M. Lanoüe est pour ainsi dire découpé plutôt que peint ; c'est une silhouette de paysage plutôt qu'un paysage et cette manière de traiter le paysage, si contraire à l'effet que produisent les belles scènes pittoresques du ciel et du sol de l'Italie semble tenir à un goût d'imitation qu'on ne trouve pas à Rome et qu'on devrait laisser à Paris. Le paysage se recommande cependant par une disposition de lignes très agréable ; il y a du style et du caractère et à tout prendre, l'exécution en est supérieure au tableau du dernier envoi. // En se rendant compte, comme elle vient de le faire, des travaux de ses pensionnaires de Rome, et en présence des résultats des concours qu'elle va couronner, l'Académie éprouve un sentiment de satisfaction bien légitime, celui que lui cause la bonne direction qui règne dans les études et qui protège l'avenir de notre jeune école, contre l'influence des succès de l'industrie et des séductions de mauvais goût. C'est ce sentiment, joint à la conviction profonde qu'elle possède des vrais intérêts de l'art qui m'autorise à adresser en son nom aux jeunes talents qui sont aujourd'hui l'objet de tant d'émotions et d'espérances, les derniers conseils de sa vielle expérience, les derniers vœux de sa paternelle sollicitude. Vainqueur dans toutes les luttes de l'École, vous allez entrer dans une carrière plus vaste et paraître sur un théâtre plus riant. Partez à Rome dans cette ville des grandes traditions, les habitudes de travail et d'application auxquelles vous avez dû vos premiers succès. Ne pensez pas, en présence de ces beaux monuments de l'antiquité et de la Renaissance, au milieu desquels vous allez vous trouver, qu'à cultiver vos dispositions naturelles, toujours dans un sentiment propre, jamais dans un goût d'école et de système. Restez fidèles à l'art et à vous-même en ne puisant vos inspirations qu'en vous seuls, en ne prenant vos modèles que dans la nature. Surtout ne cherchez dans ces heureuses années que vous pouvez consacrer tout entier à vos études, sans aucun soucis des choses de la vie, ne songez à vous préparer un avenir de gloire qu'en le fondant sur des travaux sévères et n'allez à Rome que pour perfectionner votre talent, non pour commencer votre fortune. Renfermés jusqu'ici dans l'enceinte laborieuse de vos ateliers, vous êtes assez heureux pour ne pas connaître ce monde où le mérite est trop souvent aux prises avec la faveur, les commandes qui s'obtiennent par les influences parlementaires, plus que par le talent éprouvé, ces travaux où l'art se confond presque avec l'industrie. Conservez cette précieuse ignorance à Rome, où vous allez vivre dans ce palais consacré par le nom des Médicis où vous ne serez entourés que d'images de grandeur et de souvenir de gloire. Enfin, au milieu des chefs-d'œuvre de l'art qui doivent vous servir de modèles, ne pensez qu'à l'art lui-même qui vous rendra quelques jours avec usure tout ce que vous avez fait pour lui, ne pensez qu'à la patrie qui vous ouvre ce noble sanctuaire de l'étude pour que vous puissiez vous y former tout entier par [ajouté : la méditation et] le travail [ajouté : sans vous y laisser distraire par les idées et les intérêts du monde] et soyez sûrs que la France, si généreuse pour les espérances que vous lui donnez, se montrasse juste pour vous si vous revenez dignes d'elle. [Signé : Raoul-Rochette]
M. Biennoury / La même observation s'applique aussi en partie à la figure d'étude de M. Biennoury, qu'il a intitulé un Pâtre. La monotonie de la couleur qui s'y observe, peut tenir en grande partie à l'intention de l'artiste, de représenter sa figure dans un effet de soleil, qu'il n'a pas su rendre avec assez de vérité. Mais, à part cette imperfection qui vient de l'inexpérience, il y a de l'énergie dans l'exécution, beaucoup d'étude dans le dessin et dans le modelé. En somme, c'est une figure très bien peinte, et qui témoigne déjà des heureux effets du séjour de Rome sur le talent de l'auteur. // M. Lanoüe / M. Lanoüe a envoyé pour son travail de deuxième année une Vue prise dans l'île de Capri. Le site est bien choisi et la disposition en est heureuse mais on trouve encore dans ce paysage la plupart des défauts qu'on a signalé dans celui de l'année dernière. L'air et la lumière y manquent ; l'effet en est noir et sec et l'on insiste d'autant plus sur ce défaut qu'il semble, d'après les envois de ces deux dernières années que ce soit un système dans lequel s'obstine le jeune artiste, mais que les conseils de l'Académie et son propre intérêt lui feront sans doute abandonner pour rentrer dans la voie où il s'était montré d'abord avec succès. / Le paysage de M. Lanoüe est pour ainsi dire découpé plutôt que peint ; c'est une silhouette de paysage plutôt qu'un paysage et cette manière de traiter le paysage, si contraire à l'effet que produisent les belles scènes pittoresques du ciel et du sol de l'Italie semble tenir à un goût d'imitation qu'on ne trouve pas à Rome et qu'on devrait laisser à Paris. Le paysage se recommande cependant par une disposition de lignes très agréable ; il y a du style et du caractère et à tout prendre, l'exécution en est supérieure au tableau du dernier envoi. // En se rendant compte, comme elle vient de le faire, des travaux de ses pensionnaires de Rome, et en présence des résultats des concours qu'elle va couronner, l'Académie éprouve un sentiment de satisfaction bien légitime, celui que lui cause la bonne direction qui règne dans les études et qui protège l'avenir de notre jeune école, contre l'influence des succès de l'industrie et des séductions de mauvais goût. C'est ce sentiment, joint à la conviction profonde qu'elle possède des vrais intérêts de l'art qui m'autorise à adresser en son nom aux jeunes talents qui sont aujourd'hui l'objet de tant d'émotions et d'espérances, les derniers conseils de sa vielle expérience, les derniers vœux de sa paternelle sollicitude. Vainqueur dans toutes les luttes de l'École, vous allez entrer dans une carrière plus vaste et paraître sur un théâtre plus riant. Partez à Rome dans cette ville des grandes traditions, les habitudes de travail et d'application auxquelles vous avez dû vos premiers succès. Ne pensez pas, en présence de ces beaux monuments de l'antiquité et de la Renaissance, au milieu desquels vous allez vous trouver, qu'à cultiver vos dispositions naturelles, toujours dans un sentiment propre, jamais dans un goût d'école et de système. Restez fidèles à l'art et à vous-même en ne puisant vos inspirations qu'en vous seuls, en ne prenant vos modèles que dans la nature. Surtout ne cherchez dans ces heureuses années que vous pouvez consacrer tout entier à vos études, sans aucun soucis des choses de la vie, ne songez à vous préparer un avenir de gloire qu'en le fondant sur des travaux sévères et n'allez à Rome que pour perfectionner votre talent, non pour commencer votre fortune. Renfermés jusqu'ici dans l'enceinte laborieuse de vos ateliers, vous êtes assez heureux pour ne pas connaître ce monde où le mérite est trop souvent aux prises avec la faveur, les commandes qui s'obtiennent par les influences parlementaires, plus que par le talent éprouvé, ces travaux où l'art se confond presque avec l'industrie. Conservez cette précieuse ignorance à Rome, où vous allez vivre dans ce palais consacré par le nom des Médicis où vous ne serez entourés que d'images de grandeur et de souvenir de gloire. Enfin, au milieu des chefs-d'œuvre de l'art qui doivent vous servir de modèles, ne pensez qu'à l'art lui-même qui vous rendra quelques jours avec usure tout ce que vous avez fait pour lui, ne pensez qu'à la patrie qui vous ouvre ce noble sanctuaire de l'étude pour que vous puissiez vous y former tout entier par [ajouté : la méditation et] le travail [ajouté : sans vous y laisser distraire par les idées et les intérêts du monde] et soyez sûrs que la France, si généreuse pour les espérances que vous lui donnez, se montrasse juste pour vous si vous revenez dignes d'elle. [Signé : Raoul-Rochette]
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Académie des beaux-arts, 5 E 32
Bibliographies / archives
Commentaire Bibliographies / archives :
t. II
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, primitif, 1844, peinture£ Notice créée le 15/07/2002. Notice modifiée le : 28/05/2018. Rédacteur : Anne-Blanche Stévenin.
Rédacteur
Anne-Blanche Stévenin