Ce portrait nous est connu par deux photographies anciennes du fonds de Max Friedländer. Sur la première, dite passée chez la galerie Allen Loebl en novembre 1947, il indique « Holbein » entre guillemets, signe probable d’une attribution générique. Loebl est le neveu de Kleinberger, chez qui le portrait se retrouve dès 1948. Le tableau semble avoir été fortement restauré entre ces deux dates : le col de la chemise a été modifié, et la forme du nez paraît avec été également retouchée. Mais il s’agit bel et bien du même portrait : le réseau des craquelures en atteste sans aucun doute. Au dos de la photographie de 1948, Max Friedländer propose de l’attribuer à Ambrosisus Benson (« Kl.[einberger] / Par.[is] / Benson / Exp.[ertise] / IX. 48' en 'Zust.[and] ? »). C’est sous ce nom que l'œuvre a été présentée en 2022 lors de l’exposition de la galerie Dickinson à Londres, bien que l’on ne retrouve pas le luminisme et le style léché de Benson, ni les morphologies qui lui sont propres. Si l’on détecte en effet une influence de la production brugeoise dans la manière asséchée et des modelés subtils, certains éléments évoquent plutôt la peinture française, à commencer par la composition en buste et de trois-quarts sur un fond neutre. L’aspect graphique, presque dessiné, du visage semble davantage proche des débuts de Jean Clouet (n’oublions pas que son père Michel Clauwet travaille à Bruxelles pour le duc de Bourgogne), tout comme le fond bleu que l’on retrouve à l’arrière-plan du portrait de Guillaume Budé et de miniatures.
Paris, galerie Allen Loebl, novembre 1947 ; Paris, Galerie Kleinberger, 1948 ; Genève, collection privée (sur plusieurs générations) ; vente Millon, Hôtel Drouot, 24 juin 2020, lot 2, sous « Attribué à Hans Holbein » ; Limoges, collection particulière ; Londres, Dickinson, sous « Ambrosius Benson », 2022-2023.