Portrait de Jacques Daléchamps
Célèbre botaniste, médecin, philologue et naturaliste originaire de Caen, Jacques Daléchamps (1513-1588) est représenté ici dans un costume dont le large col ouvert indique une datation autour de 1570. Ce panneau pourrait avoir servi de modèle pour le portrait gravé publié dans La Chirurgie françoise de Daléchamps, parue précisément en 1570. Il pourrait aussi en être une interprétation postérieure, mais l’orientation inverse favorise la première hypothèse. L’œuvre gravée a été attribuée à Pierre Eskrich, en raison de l’encadrement aux têtes ornementales et personnages musclés (Lyon Renaissance 2015). Dite « ad vivum », la gravure insiste sur l’instantanéité de la représentation grâce à la présence d’une mouche sur la joue de l’homme, qui joue également sur son travail de naturaliste. L’amitié documentée d’Eskrich avec Daléchamps a également incité certains à lui donner la version peinte (Lyon Renaissance 2015), sans que cette hypothèse, aussi séduisante soit-elle, soit pour le moment vérifiable. Les lettres de Robert Constantin, médecin protestant féru de culture helléniste, attestent qu’il étudiait les oiseaux dans le Jura en compagnie de Daléchamps et Eskrich (voir V. Selbach, « Artisan ou artiste ? La carrière de Pierre Eskrich, brodeur, peintre et graveur, dans les milieux humanistes de Lyon et Genève (ca 1550-1580) », Chrétiens et sociétés « Numéro spécial I : Le calvinisme et les arts », 2011, p. 37-55.). Quoiqu’il en soit, le portrait du musée des Hospices civiles de Lyon atteste de l’influence d’Etienne de Martellange, établi à Lyon dès 1565 et spécialisé dans le genre.
n° 86, notice de Vanessa Selbach