La Vierge et deux anges d'une Nativité
Fragment d'une scène représentant la Nativité, provenant de la caisse d'un retable. À l’origine, la scène était complétée par d’autres éléments, figurant notamment l’Enfant Jésus, Joseph, le bœuf et l’âne, ou encore les bergers et les sages-femmes.
- Étude et restauration, François Péquignot, 1989-1991.
- Analyse de la polychromie, Sylvie Colinart, Myriam Eveno, Laboratoire de recherche des musées de France, 1989-1991.
-Observation, Sophie Guillot de Suduiraut, 2019.
Relief constitué de deux pièces principales de bois (tilleul ?) assemblées verticalement, avec éléments secondaires assemblés.
- Éléments assemblés (?) : les mains (manquantes) de la Vierge, les mains (manquantes) de l’ange à senestre et de l'objet qu'il tenait (manquant : un instrument de musique ? une partie conservée en saillie sur le buste).
- Revers : traces de gouge ; partie en saillie au revers de la tête de la Vierge ; pièce de bois carrée rapportée (d’origine ?) au bas du dos de la Vierge (comblement à l’emplacement d’un nœud ?).
- Détails sculptés à la surface du bois (traces de gouge à lame étroite) : notamment sur le sol, les chevelures, les plumes des ailes des anges et les plumes sur le corps de l’ange côté senestre.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Principaux manques : les mains de la Vierge ; l’extrémité des doigts de la main gauche de l’ange au centre ; les mains de l’ange à senestre, de l'objet qu'il tenait, plusieurs boucles de ses cheveux et l’extrémité du pouce de son pied ; nombreux éclats sur les ailes des anges, les chevelures, les saillies des plis, les bords des vêtements et de la base.
- Interventions postérieures : comblements au revers, notamment ajout vers le centre d’un élément de forme circulaire en matériau beige ocré.
Polychromie d'origine, assombrie localement par une couche postérieure (vernis ?).
Bois encollé. Préparation blanche (carbonate de calcium, colle protéinique).
- Manteaux de la Vierge et de l’ange à senestre, bordures de l’encolure de la robe de la Vierge et du manteau de l’ange au centre : bol rouge, or poli ; décors gravés dans la préparation et poinçonnés sur les bordures des vêtements.
- Manteau de l’ange au centre : décors en relief moulés et appliqués, dits « brocarts appliqués » (stratigraphie : cire d’abeille, feuille d’étain, mixtion, feuille d’or, décor en glacis rose).
- Plumes sur le corps de l’ange côté senestre., ailes des anges et chevelures : mixtion, or mat.
- Revers du manteau de la Vierge : bol rouge, argent (assombri), glacis rouge (assombri).
- Revers du manteau de l’ange à senestre : bleu (assombri).
- Robe de la Vierge : sous-couche bleue (azurite, terre blanche), bleu (azurite, carbonate de calcium, terre blanche) ; application de petits disques en papier, dorés (carbonate de calcium coloré par de l’ocre, or) et collés (colle protéinique) sur le fond bleu (assombri).
- Robe de l’ange au centre : blanc (blanc de plomb lié à l’huile, rares grains d’ocre), motifs rouges sur l’encolure et les poignets.
- Sol : mixtion, or, glacis vert (assombri).
-Carnations : rose très pâle (blanc de plomb, fins pigments rouges, liant huileux) relevé de rose vif sur les joues, bouches rouges ; yeux : iris brun clair, ligne rose au bord des paupières inférieures, ligne brun sombre au bord des paupières supérieures, ligne brun clair tracée sur les paupières supérieures ; sourcils brun clair avec petits traits transversaux ; mèches brun clair sur les fronts, en prolongation des mèches sculptées.
La naissance du Christ à Bethléem est relatée par l’évangéliste Luc (2, 7) « [Marie] mit au monde son fils premier-né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux à l’hôtellerie ». À ce bref récit s’ajoutent de nombreux évènements mentionnés dans les évangiles apocryphes, dont s’inspirent les représentations dès les premiers siècles chrétiens, ainsi que divers éléments issus de textes postérieurs en Occident, qui enrichissent et renouvellent en partie l’iconographie de la Nativité. La Vierge est figurée, non plus allongée sur son lit d’accouchée, mais à genoux devant le nouveau-né selon la vision de sainte Brigitte de Suède dans la grotte de la Nativité à Bethléem en 1372, que relatent les Révélations. La présence des anges en adoration évoque le récit de la Nativité dans l’Évangile de l’Enfance du Pseudo-Matthieu et dans les Méditations sur la vie du Christ (14e siècle) attribuées au franciscain Johannes de Caulibus. Conservée ici dans un état fragmentaire, la scène de la Nativité était à l’origine complétée par d’autres éléments, représentant notamment l’Enfant Jésus, Joseph, le bœuf et l’âne, ou encore les bergers et les sages-femmes. Les regards baissés de la Vierge agenouillée, les mains jointes (manquantes), et des anges aux ailes déployées étaient dirigés vers l’Enfant qui devait être placé en contrebas. L’ange à senestre tenait un objet (disparu), peut-être un instrument de musique. Son corps est couvert de plumes selon un type iconographique fréquent dans l’art allemand aux 15e et 16e siècles, qui souligne la particularité de ces créatures célestes ailées aptes à voler. L’autre ange soulève le bord du manteau de la Vierge qui s’étale sur le sol, peut-être pour suggérer le geste de placer le vêtement sous le corps de l’Enfant.
Rhin supérieur (Oberrhein), Strasbourg
Origine inconnue. Provient de l'église Notre-Dame de Saverne ? ou de la chapelle Saint-Michel (chapelle du cimetière près de l’église Notre-Dame) ? Conservé au 19e siècle dans la chapelle Saint-Michel lorsque cette dernière était encore utilisée pour le culte, puis lorsqu’elle fut transformée en musée en 1858. Inscrit dans l'inventaire des collections du musée en 1858 ? 1869 ? Mentionné dans le catalogue des collections du musée en 1872.
« La Ste Vierge et 2 anges : (Le plus à droite est St-Michel) fragment d’un groupe en bois polychromé du XVe ou du XVIe siècle. ». Cette notice est illustrée par un dessin de Prosper Lutz daté de 1880. Une note manuscrite au crayon sur la fiche d’inventaire précise que « le groupe faisait partie des objets d’art qui ornaient le local actuel du musée alors qu’il était consacré au culte » [la chapelle Saint-Michel].
p. 38, n° 93 (« Groupes de statues en bois sculpté, peint et doré du XVIme siècle, représentant la Sainte-Vierge debout et deux anges. Ce groupe est incomplet et l’on doit regretter qu’il ait été mutilé ; il faisait partie des objets d’art qui ornaient la chapelle Saint-Michel, alors qu’elle était consacrée au culte. »).
Région de Colmar, vers 1500, origine inconnue ; d’après Émile Audiguier, la sculpture faisait partie des objets d’art qui ornaient le local actuel du musée alors qu’il était encore utilisé pour le culte [la chapelle Saint-Michel].