Haut-relief provenant de la prédelle d’un retable : élément d’un ensemble représentant le Christ entouré des douze apôtres.
Étude et restauration, Jennifer Vatelot, Nathalie Bruhière, Maylis de Gorostarzu, 2020-2021.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (tilleul ?), avec éléments assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête de saint Pierre, au centre de son crâne, une cavité cylindrique (diamètre : 2 cm environ) comblée par une pièce de bois ; une seconde cavité plus réduite (diamètre : 1,2 cm environ), comblée par une pièce de bois, apparait un peu en arrière à senestre sur le crâne : trace d’étau ? ; traces d’étau non observables sous la base doublée par une pièce de bois.
- Revers plat : partie latérale taillée en biais à dextre (au dos de l’apôtre barbu) ; traces d’arrachements ; traces de scie et de gouge dans le bas au centre ; mèches des cheveux de saint Pierre et de l’apôtre barbu laissées ébauchées et dégrossies.
- Éléments assemblés : une pièce de bois sculptée (bois résineux, H. 2,8 cm ; L. 41 cm ; P. 10,5 cm) a été ajoutée sous la base de la pièce principale (tilleul ?), pour agrandir en hauteur le relief, et a été fixée par quatre chevilles (assemblage réalisé peut-être après la taille de la pièce principale, tout au moins avant la pose de la polychromie qui a été appliquée sur l’ensemble de la sculpture) ; taillées à part, deux boucles de l’apôtre barbu, sur le côté dextre de sa chevelure, sont insérées dans deux cavités, l’une cylindrique (diamètre : 1,5 cm environ ; P. 4 cm environ), l’autre parallélépipédique (H. 2 cm ; L. 1,8 cm ; P. 4,5 cm) ; au-dessus, une troisième cavité (diamètre : 1,8 cm environ ; P. 5 cm environ) pourrait avoir été également prévue pour l’assemblage d’une autre boucle, mais cette cavité n’a pas reçu d’élément rapporté et, laissée vide, elle a été polychromée (la boucle n’aurait pas été exécutée car non visible de face ? elle aurait disparu après la taille et n’aurait pas été remplacée avant la polychromie ? une autre fonction était prévue pour cette cavité ?) ; les attributs (disparus) des apôtres étaient maintenus par les mains aux doigts repliés, mains gauches de l’apôtre barbu et de saint Pierre, main droite de l’apôtre imberbe.
- Traces de fixation (postérieures ?) : quatre cavités sous la base, au centre.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : attributs des apôtres ; nez de l’apôtre barbu (restitué) ; quelques éclats et usures sur les cheveux, les bords des vêtements et de la base.
- Interventions postérieures : petite pièce de bois rectangulaire (bois résineux, H. 8,5 cm ; L. 5,5 cm ; P. 0,8 cm) fixée par quatre clous au bas du revers (19e-20e siècle) ; le nez de l’apôtre barbu, peut-être une réfection du 19e-20e siècle, a été brisé et perdu en 2019, et par suite restitué en 2020.
Polychromie d’origine, lacunaire sur les vêtements, et restes de polychromies postérieures (19e-20e siècle).
1. Polychromie d’origine :
- Encollage.
- Préparation : couche grisâtre, couche blanche d’épaisseur variable.
- Boutons de la tunique de saint Pierre, fermoir et cabochons de son livre, bouton et bord vertical de la tunique de l’apôtre imberbe : bol, or.
- Tunique de saint Pierre : bol, argent, glacis rouge (infimes vestiges de cette polychromie supprimée au 19e-20e siècle).
- Tunique de l’apôtre imberbe : bol, argent, glacis vert (infimes vestiges de cette polychromie supprimée au 19e-20e siècle).
- Tunique de l’apôtre barbu : restes endommagés des décors moulés et appliqués, dits aussi « brocarts appliqués » (stratigraphie : 1. couche rouge ; 2. mixtion ; 3. matériau de remplissage blanc ; 4. feuille d’étain ; 5. or ; 6. rehauts de glacis vert).
- Livre de saint Pierre : glacis brun-rouge, plus épais sur la couverture, plus clair sur la tranche.
- Manteau de saint Pierre, extérieur et revers : sous-couche noire, couche bleue (infimes vestiges de cette polychromie supprimée au 19e-20e siècle).
- Côté senestre du buste de l’apôtre imberbe : glacis vert.
- Cheveux et barbes : sous-couche noire, couche brun sombre (apôtre barbu), ou grise (saint Pierre), ou brun clair (apôtre imberbe) ; fines mèches de cheveux, poils des barbes et des sourcils peints sur les carnations dans les tons correspondants.
- Carnations : rose soutenu (apôtre barbu) ou pâle (saint Pierre, apôtre imberbe), avec dégradé bleuâtre pour indiquer la barbe naissante (apôtre imberbe) ; bouches rouge clair ourlées d’une ligne rouge vif ; même ligne rouge vif tracée à la jonction des lèvres des bouches fermées (saint Pierre, apôtre imberbe) ; bouche entrouverte avec dents blanches (apôtre barbu) ; rides autour des yeux soulignées de traits roses et bord des paupières supérieures souligné de brun ; reflets de la lumière indiqués par des rehauts blancs, un petit point sur les pupilles noires et un petit arc de cercle sur les iris, gris (saint Pierre) ou bruns (apôtre barbu, apôtre imberbe) ; bombement du globe oculaire suggéré par un rehaut blanc circulaire sur le blanc de l’œil, aux coins ponctués de touches roses ; ongles cernés d’une ligne rose ; ligne de glacis rouge cernant la main droite de l’apôtre barbu (comme pour en ombrer les contours).
2. Polychromies postérieures :
- Tunique de saint Pierre : restes de beige.
- Manteau de saint Pierre, extérieur et revers : restes de bleu.
- Tunique de l’apôtre imberbe : restes de jaune ocré.
Le relief des Trois apôtres appartenait à un ensemble de figures en buste représentant les douze apôtres autour du Christ, placées à la prédelle d’un retable selon une disposition très courante en Allemagne aux 15e et 16e siècles, en sculpture comme en peinture. Saint Pierre, au centre, est reconnaissable au type spécifique qui lui est attribué à la fin du Moyen Âge, en particulier grâce à sa courte barbe et à son crâne chauve garni d’une couronne de boucles et d’une touffe de cheveux en haut du front. Il devait tenir les clés (disparues) dans sa main gauche. La perte de leur attribut ne permet pas d’identifier les deux autres apôtres. Il est difficile de reconnaître saint Jean dans la figure imberbe du plus jeune. Son visage émacié et ses cheveux à peine ondulés le distinguent en effet de la physionomie traditionnelle de l’apôtre Jean, juvénile, joufflue et bouclée.
Autriche, Tyrol du Sud (actuellement Italie, Haut-Adige).
Origine inconnue. Collection Schickler-Pourtalès, château de Martinvast (Manche). On ignore à quelle date et par quel membre de la famille Schickler-Pourtalès la sculpture a été acquise : Arthur de Schickler (1828-1919), qui achète le château de Martinvast en 1867 ; sa fille Marguerite, épouse d’Hubert de Pourtalès (1863-1949) ; leur fils Max de Pourtalès (1893-1935) ; le fils de ce dernier Christian de Pourtalès (1928-2018). Acquisition, Vente Sotheby’s, Paris, 16 mai 2019.
n° 32 (Allemagne du Sud ou Rhin supérieur, premier quart du 16e siècle, Saint Pierre, Saint Jean et probablement Saint Jacques).
p. 88, n° 2 (« Trois apôtres (Pierre, Jean et Jacques ?). Sud du Saint Empire romain germanique, Rhin supérieur ? Premier quart du XVIe siècle »).