Portrait présumé de Menaud d’Aure

Fils de Jean d’Aure et de Jeanne de Béarn, Menaud d’Aure, vicomte d'Aster et baron des Angles, descend de la maison royale de Navarre et de la maison de Béarn. Il épouse Claire de Gramont le 23 novembre 1525 (ils étaient cousins et durent obtenir une dispense). Leur fils Antoine de Gramont fut portraituré dans un crayon de l’atelier de François Clouet vers 1560 (Chantilly, musée Condé). On sait que Menaud d’Autre pratique du commerce avec des marchands toulousains en 1525 auxquels il achète des étoffes (Paris, Archives nationales, 101AP/B/8). Il part ensuite en Italie en 1528 à la tête d’une compagnie de cinquante lances. Il revient en France l’année suivante avant de mourir, malade, en 1534. La provenance de l'œuvre, demeurée dans la famille des descendants jusqu’en 1909, semble attester l’identité de l’homme. Habitant le Languedoc l’ensemble de la vie, au regard des sources disponibles, il s’est vraisemblablement fait portraiturer par un artiste actif à Toulouse ou dans la région.

Son portrait le montre en buste, les mains visibles et tenant un bout de papier, dont le texte est illisible, et une fleur qui semble être une marguerite ou une camomille (la marguerite pourrait être une allusion à la Pureté de la Vierge). Son costume est particulièrement intriguant, notamment sa coiffe s’apparentant à une sorte de turban dont le drapé semble retomber sur les épaules. L’âge du personnage et le style du panneau invitent à dater l'œuvre autour de 1520-1525, peut-être à l’occasion de son mariage. Bien que nous n'ayons pas accès à une photographie de bonne qualité, nous distinguons ce qui doit être un beau volume, notamment sur les chairs du visage. Charles Sterling avait suggéré une origine allemande plutôt que française au peintre, alors que Max Friedländer et Gustav Glück le considéraient bien natif de France (Frick collection). Il est vrai que le portrait de Menaud d’Aure pourrait s’apparenter à des peintres allemands comme Hans von Kulmbach ou Hans Brosamer, et il n’est pas impossible que nous ayons affaire à un artiste étranger qui se serait acclimaté à la production française. Un Allemand, Jean Verrohem, est par exemple documenté à Toulouse comme peintre et peintre-verrier de 1512 à 1522.