Oenoché attique à figures rouges
L'œnochoé, avec sa haute anse et son embouchure tribolée, est un des vases typiques du banquet (symposion), servant à puiser le vin dans le cratère et à le servir. Une scène se déroule sur toute la hauteur de la panse, mettant en scène les suivants de Dionysos, une ménade et un satyre (à oreilles et queue chevalines) ; ils se tiennent sur un ligne de sol formée d'une frise de méandre interrompu à droite. La ménade, en longue tunique, marche vers la gauche en tenant un thyrse (bâton dionysiaque entouré de feuilles de lierre et surmonté d’une pomme de pin) dans la main droite et un serpent enroulé autour du bras gauche. Elle tourne la tête en arrière vers le satyre ithyphallique qui tente de la saisir, les deux bras tendus vers elle. Une ligne d'oves souligne la jonction entre l'épaule et le col, et l'attache de l'anse est ornée d'une double palmette. |
Le sujet dionysiaque de ce vase est bien connu : la poursuite d'une ménade par un ou plusieurs satyres (un autre exemple sur une oenochoé contemporaine : http://www.beazley.ox.ac.uk/record/AA2C259B-D990-48DC-8687-3FD6ED5B7690). Il se trouve sur de très nombreux vases attiques, dans des configurations variées : parfois la ménade est endormie, parfois elle accueille ses compagnons, parfois elle se défend comme ici de son thyrse et de son serpent. Le sujet scabreux et la représentation crue du désir du satyre expliquent que Morel Fatio ait mis ce vase, de même que le suivent (péliké), dans le Musée Secret du musée de Lausanne. On trouve dans presque tous les musées une réserve particulière dans laquelle on cachait les objets considérés à l'époque comme obscènes.
Bibliographie : M. Robertson, The Art of Vase-Painting in Classical Athens, Cambridge, 1992 ; F. Lissarrague, Vases grecs : les Athéniens et leurs images, Paris, 1999 ; F. Lissarrague, La cité des satyres: une anthropologie ludique, Athènes, VIe-Ve siècles avant J.-C., Paris, 2013.
Auteur : Cécile Colonna
Le vase a été découvert dans les terres de Lucien Bonaparte, prince de Canino ; lors de la vente de 1837, il est acheté par un collectionneur de Sens, Alfred Lorne, qui décède en 1844. On le retrouve ensuite dans la collection de Jean-Baptiste Muret. Après sa mort, son fils le vend, avec le reste de la collection, à A. Morel Fatio, qui le donne au musée en 1867. |
Lieu de découverte allégué par le catalogue de la vente Canino (1837).
N° 57
n° 37
n° 55b, p. 82-83