La Décollation de saint Paul

Relief composé de trois planches de bois (tilleul), assemblées verticalement et collées à plat-joint (dimensions à la base : planche dextre L. 32 cm, planche médiane L. 26 cm, planche senestre L. 21 cm).

- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : quatre entailles sous la base au milieu, deux (chacune L. 1,1 cm) parallèles à la surface du relief et espacées de 3,8 cm, deux (chacune L. 1,4 cm) perpendiculaires et espacées de 7,5 cm, avec au centre une petite cavité de section carrée ; cavité sur la tête du personnage au chapeau de fourrure derrière le bourreau (diamètre : 0,8 cm).

- Revers dressé à la gouge méplate (traces horizontales).

- Trois fragments de pages d’un manuscrit liturgique sur parchemin (et trace d’un quatrième) ont été collés au revers pour renforcer des parties trop amincies ou perforées lors de la taille du relief. Sur le plus grand fragment, collé à l’envers en haut à senestre, se lit un texte tiré du Credo accompagné de notes de musique.

- Traces de fixation sur le volet du retable : deux percements (logements de chevilles) en partie haute, sous la barbe du disciple à dextre et près du cou de l’empereur à senestre ; deux percements en bas sur le sol, près de la main de saint Paul (avec reste de clou) et près du pied de l’empereur ; percement dans une taillade (ou crevé) du vêtement du bourreau (diamètre 1 cm environ ; également trace de fixation ?).

- Attaques d’insectes xylophages (actuellement inactive), principalement à senestre.

- Manques dus à des actes de destruction volontaire (coups d’outils tranchants) : extrémités de l’index de l’empereur, de l’index et du majeur du personnage à sa droite, du pouce droit du bourreau (poignée de l’épée restituée) ; extrémité de sa braguette (reste d’un clou) ; nez de six personnages supprimés (restitués), seuls conservés : nez de saint Paul et du personnage à barbe grise derrière le bourreau ; à l’exception des yeux du saint, yeux des personnages entaillés (l’œil droit ou gauche de chaque personnage et les deux yeux du bourreau) et partiellement reconstitués par la suite ; trois entailles sur le front du bourreau.

- Intervention postérieure : retaille postérieure du bord senestre du relief : en surface du bois, galeries d'insectes ouvertes et recoupées.

Polychromie d'origine avec prédominance de revêtements métalliques et d'épais glacis ; reprises locales sur les parties restituées.

Préparation blanche (carbonate de calcium avec nombreuses inclusions de grains de dolomie et de sulfate de calcium, colle protéinique), encollage (fine couche organique) ; projections de préparation liquide sous la base et au revers du relief, dans le haut et à senestre. Probablement une seconde couche de préparation sur les carnations, la barbe de l'empereur et le sol : couche jaunâtre (carbonate de calcium et/ou sulfate de calcium, terre riche en oxydes de fer), revêtue d’un encollage (fine couche organique).

- Tunique de saint Paul, plastron et chausses du bourreau, manteaux de l'empereur et de quatre personnages de l'arrière-plan : bol rouge-orangé (terre riche en oxydes de fer), or, lignes et motifs décoratifs peints en glacis vert (encolure de la tunique) ou rouge (plastron et chausses).

- Revers du manteau de l'empereur, vêtement du personnage imberbe, nu-tête, à l'arrière-plan : bol, or, glacis vert (acétate de cuivre, résine diterpène -mélèze et/ou pin-, huile).

- Autres pièces de vêtements, chapeaux, lame de l'épée : bol rouge-orangé (terre riche en oxydes de fer), argent, glacis colorés ; glacis rouge : manches du bourreau (laque de cochenille), sa chemise, bas de sa jambe, robe et ceinture de l'empereur, robe et bas du chapeau du personnage à barbe grise ; glacis jaune : tunique du disciple à dextre, avec décor végétal peint en blanc (blanc de plomb, grains de jaune de plomb et d'étain) ; feuilles d'argent légèrement noircies (altération par sulfuration).

- Coiffure du bourreau : fine couche verte (terre verte, oxyde de fer, blanc de plomb), glacis vert (vert au cuivre) ; argent sur les bandes en saillie.

- Quillons et garde de l'épée : mixtion, or.

- Taillades (ou crevés) des chausses, chapeau du personnage à barbe grise : vert.

- Sol : vert (vert au cuivre -probablement malachite-, blanc de plomb et carbonate de calcium).

- Revers de la tunique du saint, calotte du chapeau de son voisin : rouge, glacis rouge.

- Chaussure de l'empereur : rouge (vermillon), glacis rouge (laque de cochenille).

- Chapeau de l'empereur : imitation d'une fourrure ocre à taches brunes, probablement d'ocelot.

- Carnations du bourreau et des six personnages au second et à l’arrière-plan : rose soutenu (grains de vermillon et de laque rouge, blanc de plomb), plus foncé sur les joues, nez et paupières supérieures, appliqué rapidement, en débordant souvent sur les zones voisines (notamment autour des mains) ; rouge sur les bouches débordant au pourtour des lèvres et sur les commissures ; yeux avec iris brun (ou bleu clair : personnage à barbe grise derrière le bourreau), cernés d'une épaisse ligne brune (paupière supérieure) et rose vif (paupière inférieure), parfois touche rouge marquant l'angle interne ; rides sur les tempes : lignes brunes ; sourcils bruns ou gris indiqués par un épais coup de pinceau. Retouches sur les doigts, les nez et les yeux restitués ou endommagés.

- Carnations de saint Paul : même traitement, couche grise (grains de smalt, blanc de plomb) et absence de rose, excepté sur le cou tranché; abondantes coulures rouges sur le cou, les deux mains et le sol (rouge vermillon).

- Chevelures et barbes : gris ou brun, peints en débordant sur les carnations ou les vêtements et en traçant des fines boucles en prolongement des mèches sculptées.

- Barbe de l'empereur en deux couches: sulfate de calcium, dolomie avec quelques grains d'azurite et de terre riche en oxydes de fer ; blanc de plomb, azurite, avec carbonate de calcium en moindre proportion.

Trois fragments de pages d’un manuscrit sur parchemin (et trace d’un quatrième fragment) ont été collés au revers pour renforcer des parties trop amincies ou perforées lors de la taille du relief. Sur le plus grand morceau, collé à l’envers en haut à senestre, se lit le texte tiré du Credo, accompagné de notes de musique. Ce fragment a été découpé dans un manuscrit liturgique, probablement un antiphonaire, d’environ 1500.

La scène représente la Décollation de Saint Paul, décapité à Rome sur l'ordre de l'empereur Néron. Cette représentation suit l'iconographie traditionnelle du martyre du saint : le saint est déjà décapité, son corps est tombé en avant, sa tête détachée est posée au sol à côté, tandis que le bourreau rengaine son épée. Ce dernier se signale par sa tenue pittoresque d'homme d'armes des premières décennies du 16^e siècle, portant des chausses ornées de taillades (ou crevés) avec volumineuse braguette, une tunique aux manches larges et une résille pour retenir ses cheveux. Six personnages se tiennent derrière le bourreau. À senestre, l’homme à barbe grise, richement vêtu, la main levé, est l'empereur Néron. Trois spectateurs coiffés de chapeaux appartiennent à la suite de l’empereur et deux hommes nu-tête pourraient figurer des chrétiens venus enlever le corps du saint, ou peut-être Luc et Tite chargés de prier le lendemain auprès du tombeau.

Origine inconnue. Collection Pierre Marie (Paris, 1853-Cannes, 1940). Donation sous réserve d'usufruit de M. et Mme Pierre Marie, 1929. Usufruit levé en 1940.

(Allemagne).

p. 245-247 (Sud de la Souabe, vers 1520).

p. 351-355, n° 47 (idem).